Année 2003   Archives Afficher en grands caractères

Fidélité ou traîtrise ?

Un examen des relations au sein de l’Alliance

par John Ogwyn
(1949-2005)

Le jour de la Pentecôte est intimement lié aux relations au sein de l’Alliance contractée entre Dieu et l’homme. Du point de vue historique, ce jour est apparenté à l’établissement de l’Ancienne Alliance au Sinaï, exactement sept semaines après l’exode d’Egypte. Ensuite, bien des siècles plus tard, au cours de la première Pentecôte, après la Pâque ultime de Jésus, l’humanité s’est vue offrir des meilleures promesses contenues dans la Nouvelle Alliance – y compris la réception du Saint-Esprit et la promesse de vivre éternellement dans la Famille divine.

Lorsque nous examinons la relation entre l’ancien Israël et Dieu, nous y trouvons un mélange de fidélité et de traîtrise. Dieu a toujours été fidèle, tandis que la traîtrise a toujours été l’exclusivité des êtres humains. A maintes reprises, les prophètes réprimandèrent Israël à cause des trahisons dont il se rendit coupable à l’encontre de l’Alliance contractée avec le Dieu suprême, et ils comparèrent la nation à une femme infidèle. Ces leçons, de même que les expériences de l’Eglise de l’Ancien Testament, sont consignées dans les Ecritures pour que nous puissions en profiter aujourd’hui (1 Corinthiens 10 :11).

Lorsque les anciens Israélites arrivèrent au mont Sinaï après des semaines de voyage, il se fit une grande agitation. Moïse gravit la montagne pour y rencontrer le Créateur, puis redescendit pour annoncer aux Israélites que Dieu les conviait à nouer une relation spéciale avec Lui. Dieu désirait en faire Sa propriété – un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte – à condition qu’ils restassent fidèles aux termes de Son Alliance (Exode 19 :5-6). Le peuple s’empressa d’accepter par ces mots : « Nous ferons tout ce que l’Eternel a dit » (Exode 19 :8).

Le reste de l’Ancien Testament est, en grande partie, l’histoire de l’incapacité d’Israël à tenir ses promesses. Pourquoi Dieu a-t-Il permis que Son peuple fût déporté du royaume du nord par les Assyriens ? Au 8ème siècle av. J.-C., le prophète Osée expliqua qu’Israël avait commis l’adultère et s’était souillé (Osée 5 :3). Osée poursuit : « lls ont été infidèles à l’Eternel, car ils ont engendré des enfants illégitimes » (verset 7). Plus loin, il déclare : « Ils ont, comme les autres hommes, transgressé l’alliance ; c’est alors qu’ils m’ont été infidèles » (Osée 6 :7).

Un siècle plus tard, dans les années qui précédèrent la captivité à Babylone, le prophète Jérémie délivra un message de Dieu au royaume de Juda, au sud. Son accusation fait écho au même thème d’infidélité envers l’Alliance : « L’Eternel me dit, au temps du roi Josias : As-tu vu ce qu’a fait l’infidèle Israël ? Elle est allée sur toute montagne élevée et sous tout arbre vert, et là elle s’est prostituée. Je disais : Après avoir fait toutes ces choses, elle reviendra à moi. Mais elle n’est pas revenue. Et sa sœur, la perfide Juda, en a été témoin. Quoique j’aie répudié l’infidèle Israël à cause de tous ses adultères, et que je lui aie donné sa lettre de divorce, j’ai vu que la perfide Juda, sa sœur, n’a point eu de crainte, et qu’elle est allée se prostituer pareillement. Par sa criante débauche, Israël a souillé le pays, elle a commis un adultère avec la pierre et le bois. Malgré tout cela, la perfide Juda, sa sœur, n’est pas revenue à moi de tout son cœur ; c’est avec fausseté qu’elle l’a fait, dit l’Eternel » (Jérémie 3 :6-10). Plus loin, Jérémie dit encore : « Mais, comme une femme est infidèle à son amant, ainsi vous m’avez été infidèles, maison d’Israël, dit l’Eternel » (Jérémie 3 :20).

Cette traîtrise au sein de l’Alliance conduisit d’abord Israël en captivité et en exil ; plus tard, ce fut le tour de Juda. Cependant, après soixante-dix années d’exil à Babylone, un reste, guidé par Zorobabel et Josué, fut autorisé à revenir et à reconstruire Jérusalem. Néanmoins, comme en témoigne le livre d’Esdras, même ce reste ne demeura pas longtemps fidèle à l’Alliance. Quelques dizaines d’années après ce retour à Jérusalem, Esdras quitta Babylone et s’y établit. Plus tard, il fut rejoint par Néhémie, nouvellement désigné gouverneur. Ces deux personnages cherchèrent à rétablir une bonne relation entre Dieu et la nation, dans le cadre de l’Alliance.

Le message de Malachie

Le message de Malachie annonce la venue du Messie en tant que « Messager de l’Alliance ». Le livre de Malachie montre l’échec de l’Eglise de l’Ancien Testament à la fin de cette tranche de l’histoire, et par-là même, il contient de nombreuses leçons qui nous intéressent. Il anticipe également le Nouveau Testament plus de quatre siècles auparavant. En effet, en raison de la constante fidélité de Dieu, même en pleine trahison d’Israël, son peuple errant pourra bénéficier d’un plan de rédemption.

Pour comprendre le contexte historique de Malachie, il faut lire les livres d’Esdras et de Néhémie. Le côté encourageant, c’est que le temple fut reconstruit, après des décennies d’abandon, et le sacerdoce fut rétabli à Jérusalem. Le peuple n’adorait plus, comme avant l’exil, les idoles dédiées à Baal et à la « Reine du ciel ». Malheureusement la nation s’était beaucoup appauvrie. Beaucoup d’Israélites pensaient être des gens fidèles qui méritaient un meilleur sort, à qui Dieu n’octroyait pas ce dont ils avaient besoin – en un mot, que Dieu n’avait pas été fidèle dans la réalisation de Ses promesses.

Cette façon de raisonner était, évidemment, complètement erronée. Comme Malachie le montre, la fidélité à l’Alliance aurait dû être matérialisée par des actes, et non pas tout simplement justifiée par la « religion » à laquelle ils prétendaient adhérer. Le livre de Malachie contient sept fois l’expression « en quoi [ceci ou cela] … » adressée sur un ton de reproche à Dieu, ce qui montre que les gens étaient aveugles à ce que Dieu voyait directement. Le prophète montre la fidélité de Dieu et la traîtrise du peuple qui s’obstine à se justifier et à s’inventer des excuses.

Malachie 1 :2 commence avec cette déclaration divine : « Je vous ai aimés. » Cependant, le peuple allait jusqu’à mettre en doute l’amour que Dieu leur témoignait en répliquant : « En quoi nous as-tu aimés ? » Incrédule à l’amour de Dieu, le peuple n’aimait pas Dieu ! Il ignorait délibérément l’évidence de l’amour de Dieu à l’égard du peuple qu’Il s’était choisi – de ses ancêtres, plusieurs siècles auparavant. Dieu avait choisi Jacob plutôt qu’Esaü, bien qu’ils fussent deux frères. Dieu était libre de choisir, en premier, qui Il voulait, et la moindre des choses aurait dû être d’en prendre conscience et de L’en remercier. Si nous n’apprécions pas la valeur de notre appel, ou l’opportunité d’établir une relation spéciale avec Dieu, nous finirons par le négliger et ne plus en mesurer le prix inestimable. Une soumission qui n’est pas basée sur l’amour divin ne sera que limitée, temporaire et superficielle. Ce genre de soumission fut celle avec laquelle l’Eglise de l’Ancien Testament entretint sa relation avec Dieu.

Le non respect de Dieu

Malachie 1 :6-7 contient les deux « en quoi ?… » suivants. Tous ceux qui composaient l’auditoire de Malachie auraient dû être d’accord sur ce point : un père a droit à l’honneur, et un maître mérite le respect. Pourtant, Malachie déclare qu’en réalité, les sacrificateurs de Dieu méprisaient Son nom ! Les gens n’avaient pas la même vision des choses. Après tout, depuis leur retour d’exil, ils étaient devenus très méticuleux sur l’utilisation du nom divin. Après l’exil, contrairement à ce qu’ils faisaient auparavant, les Juifs évitaient même de prononcer le nom YHVH. En fin de compte, la tradition voulut que le souverain sacrificateur fût seul autorisé à prononcer, une fois par an, le nom YHVH, lors du Jour des Expiations. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, personne n’est absolument certain de connaître la prononciation exacte de ce nom. Toutefois, en dépit de toutes ces prétendues nouvelles marques extérieures de respect, les dirigeants religieux dédaignaient le nom de leur Créateur à cause de leurs actes. Comme le démontre Malachie, les actions parlent plus fort que les mots.

Quoiqu’ils fussent loin de s’en rendre compte, le prophète accuse, en outre, les sacrificateurs de souiller l’autel de Dieu. En effet, ils présentaient des offrandes d’animaux blessés ou malades ! Les animaux qui auraient dû être éliminés du cheptel étaient brûlés sur l’autel, tandis que les bêtes saines étaient conservées à des fins domestiques. Malachie s’interroge sur la réaction du gouverneur de leur pays, si de tels animaux débiles lui avaient été offerts ! Il ne fait aucun doute qu’un tel outrage aurait été interprété – à juste titre – comme une insulte. Par la bouche de Malachie, Dieu leur fit dire qu’il eût mieux valu fermer les portes du temple, et d’éteindre le feu de l’autel plutôt que de présenter ces offrandes méprisables (verset 10). Au contraire, Dieu inspira Malachie de prédire qu’à l’avenir, il y aura une époque au cours de laquelle des gens de toutes les nations auront du respect pour le nom divin. Cette prophétie a un rapport avec la future Eglise du Nouveau Testament, qui serait formée d’individus issus de toutes les nations.

Comme le livre de Néhémie le montre, les sacrificateurs ont traité à la légère l’Alliance conclue entre Dieu et leurs ancêtres. Ils ont même fait acception de personnes dans l’administration de la loi divine (Malachie 3 :9). Ce manque de probité s’apparentait ni plus ni moins à de la trahison, ou à un abus de confiance envers leurs frères.

Trahison dans la famille

Lorsque Dieu créa le genre humain à Sa propre image, il établit le « concept divin » basé sur la famille comme étant l’élément fondamental de la société. Une société ne peut pas être plus solide que les familles qui la composent. Les livres d’Esdras et de Néhémie nous apprennent que le royaume de Juda, après l’exil, connaissait de sérieux problèmes de relations familiales. Parmi ces derniers, figuraient certains mauvais mariages, qui n’auraient jamais dû se faire. Les mariages conclus avec les peuples d’alentour étaient devenus si courants que l’identité même du peuple de Dieu fut mise en péril : « Juda s’est montré infidèle, et une abomination a été commise en Israël et à Jérusalem ; car Juda a profané ce qui est consacré à l’Eternel, ce qu’aime l’Eternel, il s’est uni à la fille d’un dieu étranger » (Malachie 2 :11). De tels mariages ne pouvaient qu’éloigner le peuple de Dieu d’un culte pur, et l’entraîner dans une religion hybride faite d’un mélange de pratiques païennes et d’instructions divines.

Ensuite, Malachie décrit un autre problème très sérieux : les familles brisées par le divorce. Dieu déclare qu’Il ne pouvait rien agréer des mains du peuple, alors que Son autel était figurativement couvert des larmes des victimes de ceux qui étaient censés L’adorer. Cela nous conduit au quatrième « en quoi ?… » : « Parce que l’Eternel a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, à laquelle tu es infidèle, bien qu’elle soit ta compagne et la femme de ton alliance » (Malachie 2 :14). Le prophète continue et déclare que Dieu hait le divorce (verset 16). La Bible dit à ceux qui considèrent avec complaisance le divorce, de mettre fin à cette trahison. Le mariage est une alliance, et Dieu Lui-même est témoin de cette alliance. Il ordonne la fidélité, et Il hait la trahison. Une société stable ne peut s’édifier que sur des familles qui s’engagent à rester fidèles, et qui ne sont pas déchirées par la trahison.

Le Messager à venir

Malachie déclare que le peuple avait lassé Dieu par ses propos (verset 17). Cela nous conduit au cinquième « en quoi ?… ». En constatant que les méchants semblaient prospérer, certains commencèrent à se poser des questions et à douter de l’existence d’un Dieu équitable. Il était évident que certaines nations païennes étaient prospères, tandis que les réchappés de Juda s’enlisaient dans la pauvreté. Quelques personnes de Juda « avaient réussi financièrement », en faisant des affaires malhonnêtes et en exploitant des gens sans défense. Etait-ce un motif de croire que Dieu était « ailleurs », ou qu’Il était indifférent ? Non !

Dieu testait la foi du peuple de l’Alliance. Malachie explique qu’il fallait voir au-delà des apparences – car le Dieu d’Israël allait envoyer un messager qui préparerait la voie du Seigneur. Il s’agissait ni plus ni moins du Seigneur en personne, qui entrera finalement dans Son Temple en tant que Messager de l’Alliance. Il viendra pour le jugement, et Il fera rendre compte à ceux qui ont trahi l’Alliance. Cette prophétie fut partiellement réalisée en la personne de Jean-Baptiste préparant la voie devant Jésus-Christ, le Messager de la Nouvelle Alliance. Le Christ débuta Son ministère public en entrant dans le temple, peu avant la Pâque, et en chassant les vendeurs qui y trafiquaient. Il fit la démonstration de Sa divine autorité en accomplissant des miracles (Jean 3 :1-2). Les événements auxquels Malachie fait allusion vont au-delà de la première venue du Christ ; ils se rapportent à l’époque de Son second Avènement dans la gloire et la puissance. Le peuple de l’Alliance divine doit vivre selon la foi, et regarder vers l’avenir.

Oseriez-vous voler Dieu ?

Malachie dit que Dieu est totalement fidèle, à l’inverse de Juda qui, à maintes reprises, fut pris en faute contre Dieu et contre l’Alliance. Dieu ne change pas ; on peut avoir l’assurance qu’Il tiendra toujours Ses promesses. Malachie encouragea la nation à se tourner à nouveau vers Dieu, et à récolter les bénédictions qu’Il était disposé à leur accorder. Les auditeurs de Malachie demandèrent : « En quoi devons-nous revenir ? » La réponse donnée par Malachie fut simple et cinglante : « Cessez de voler votre Créateur ! »

Le vol est une faute grave. Malachie ne se contenta pas d’accuser le peuple d’un simple vol ; il précisa que ce vol avait été perpétré contre Dieu Lui-même ! Cela nous conduit au sixième « en quoi ?… ». Comment la nation en arriva-t-elle à voler son Créateur ? En négligeant, bien sûr, d’être fidèle dans le versement des dîmes et des offrandes. Selon leur raisonnement, les gens s’étaient autorisés à ne plus faire l’effort d’obéir à Dieu à cause de leurs problèmes financiers personnels. Il est probable qu’ils pensaient que Dieu patienterait jusqu’au moment où leur santé financière serait rétablie, avant d’exiger d’eux le versement des dîmes et d’offrandes importantes pour reconstruire le temple. Cette approche était, bien sûr, complètement erronée.

L’un des principes les plus clairs de toute la Bible est celui selon lequel personne ne peut réellement progresser en reléguant Dieu à la dernière place. Vous ne pouvez premièrement tenter de remettre de l’ordre dans vos affaires, avant de commencer à verser la dîme. Nous dépendons tous des bénédictions divines et de Son aide pour assurer nos besoins. Malachie exhorta le peuple à placer sa foi en Dieu, et à Lui donner d’abord ce qu’Il était en droit de percevoir ; ensuite, Dieu nous bénit et pourvoit à nos besoins.

Notre attitude dans l’obéissance

Dieu est profondément intéressé à l’attitude qui préside à nos actions. Nombreux étaient ceux en Juda, au 5ème siècle avant notre ère, qui observaient les commandements divins à contre-cœur. C’est à cause de cette attitude qu’ils se privèrent de beaucoup de bénédictions qu’ils auraient pu recevoir. Au lieu de s’examiner et de changer, ils blâmèrent Dieu et s’apitoyèrent sur leur propre sort. Pour la septième et dernière fois, nous lisons une variante de l’expression « en quoi ?… » rapportée par Malachie : « Vos paroles sont rudes contre moi, dit l’Eternel. Et vous dites : Qu’avons-nous dit contre toi ? Vous avez dit : C’est en vain que l’on sert Dieu ; qu’avons-nous gagné à observer ses préceptes, et à marcher avec tristesse à cause de l’Eternel des armées ? » (Malachie 3 :13-14).

Ensuite, Malachie compare cette attitude négative avec l’attitude de ceux qui vénèrent véritablement Dieu – ceux qui ont l’habitude de méditer sur les choses divines, et qui en parlent avec d’autres croyants pour s’encourager mutuellement (versets 16-17). Il fait remarquer que Dieu est attentif à nos propos, et qu’à l’époque du jugement, Il Se souviendra de ceux qui L’aiment véritablement : « Ils m’appartiendront » (verset 17).

Malachie termine par une mise en garde. Il dit de se souvenir de la loi que Dieu donna à Moïse, et qui contient les termes de la sainte Alliance, maintes et maintes fois bafouée. Il met l’accent sur le Messie et la Nouvelle Alliance dont Celui-ci sera le Messager. Avant la parution du Messie, Malachie explique qu’un homme ayant l’esprit et la puissance d’Elie préparera la voie. L’Ancien Testament se termine donc en annonçant le Nouveau Testament.

Avons-nous appris la leçon de l’échec d’Israël ? Les Israélites ont trahi Dieu, alors que Dieu a toujours fait preuve d’une fidélité constante et d’un amour sans faille à leur égard. Les Israélites ont fondamentalement échoué, parce qu’ils n’aimaient pas Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme et de toute leur force (Deutéronome 6 :5). Ils n’avaient pas envie d’obéir (Deutéronome 5 :29). Dieu a prévu de résoudre ce problème. Il a conçu un plan de rédemption, décrit d’abord par les Fêtes de la saison pascale, ensuite, un cœur nouveau est rendu possible grâce au pouvoir du Saint-Esprit, répandu à la Pentecôte. Sur ce cœur nouveau, attendri et changé, Dieu écrira Ses lois par la puissance du Saint-Esprit (Hébreux 8 :8-10). Un cœur qui aime Dieu profondément – un cœur qui hait la trahison, et qui s’efforce de rester loyal envers Dieu et envers Son Alliance.