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Heureux ceux qui procurent la paix

par Peter Nathan
Colombe avec un rameau d’olivier dans le bec

Le prix Nobel de la paix est une des récompenses internationales les plus prestigieuses. Il est remis chaque année à « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » (NobelPrize.org).

Les lauréats sont choisis par un comité de cinq personnes élues par le Storting (le Parlement norvégien). En 2016, le prix s’élevait à environ 820.000€ (1,2 million de dollars canadiens), mais la reconnaissance, la stature et la position conférées par ce prix, ainsi que les conférences rémunérées et les autres engagements viennent augmenter considérablement cette somme. Beaucoup de gens reconnaissent que le fait de rejoindre ce groupe restreint est un grand honneur.

Cependant, en tant que disciples du Christ, une récompense bien plus grande attend chacun d’entre nous – ceux dont le nom ne sera peut-être jamais soumis au comité Nobel. Cela nous conduit à la septième béatitude donnée dans le sermon sur la montagne :

« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » (Matthieu 5 :9).

Existe-t-il un plus grand honneur pour un être humain que de devenir un enfant de Dieu – littéralement un membre à part entière de la famille de Dieu ?

C’est une position et une récompense qui ne peut s’acheter ni être obtenue par des manœuvres politiques. Elle peut seulement s’obtenir en acceptant le sacrifice de Jésus-Christ, en nous soumettant à la volonté de notre Père et en vivant le mode de vie qu’Il ordonne. Le résultat de ce mode de vie, consistant à vaincre notre nature charnelle avec l’aide du Saint-Esprit divin, sera la création d’un caractère saint et juste – dont l’une des qualités est de « procurer la paix ».

À mettre en pratique aujourd’hui

Il est facile de comprendre que le Royaume de Dieu sera une époque de paix. De nombreux versets mettent en avant cette caractéristique :

« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. Donner à l’empire de l’accroissement, et une paix sans fin… » (Ésaïe 9 :5-6).

Le Royaume de Dieu connaîtra une paix sans fin ! Les détails de ce gouvernement nous sont donnés dans un passage se rapportant au Millénium. Ces versets nous donnent un aperçu de ce que sera ce royaume de paix :

« Puis un rameau sortira du tronc d’Isaï, et un rejeton naîtra de ses racines. L’Esprit de l’Éternel reposera sur lui : Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l’Eternel. Il respirera la crainte de l’Éternel ; il ne jugera point sur l’apparence, il ne prononcera point sur un ouï-dire. Mais il jugera les pauvres avec équité, et il prononcera avec droiture un jugement sur les malheureux de la terre… » (Ésaïe 11 :1-4).

De nos jours, le mot « équité » s’utilise parfois dans un contexte légal ou financier, mais dans ce passage le mot original hébreu véhicule l’idée d’une route ou d’un chemin aplani et droit – quelque chose qui n’est pas tortueux, mais simple à atteindre. Voyons la suite de ce passage :

« Il frappera la terre de sa parole comme d’une verge, et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. La justice sera la ceinture de ses flancs, et la fidélité la ceinture de ses reins » (versets 4-5).

Il sera ceint et vêtu de la justice et de la fidélité – des qualités divines. Grâce à cela, la Bible nous décrit comment sera la vie dans le Royaume de Dieu :

« Jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu d’en haut sur nous, et que le désert se change en verger, et que le verger soit considéré comme une forêt. Alors la droiture habitera dans le désert, et la justice aura sa demeure dans le verger. L’œuvre de la justice sera la paix, et le fruit de la justice le repos et la sécurité pour toujours. Mon peuple demeurera dans le séjour de la paix, dans des habitations sûres, dans des asiles tranquilles » (Ésaïe 32 :15-18).

Ésaïe 54 :9-16 et d’autres passages véhiculent un concept similaire. Même les animaux sauvages vivront en paix entre eux et avec l’humanité (Ésaïe 11 :6-9).

Mais pour nous, le concept donné dans Matthieu 5 ne concerne pas une époque future. Comme les autres béatitudes, nous devons la mettre en pratique dès maintenant, bien que la récompense viendra plus tard. C’est une instruction pour aujourd’hui, dans le monde et dans la société où nous vivons. Jésus souligna cela en montrant que nous devons procurer la paix dans un monde de persécution :

« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous » (Matthieu 5 :10-12).

Les pacificateurs, ceux qui apprennent à le devenir dans un monde repli de persécutions et de tribulation, sont ceux qui seront bénis. Quel défi ! Nous ne sommes pas appelés à devenir pacificateurs dans des circonstances idéales ! Dans notre cas, la difficulté est encore amplifiée car Jésus a dit :

« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison » (Matthieu 10 :34-36).

Le fait de vivre selon les standards édictés par Jésus produit de l’hostilité chez les gens au pouvoir et ceux-ci persécuteront Ses disciples.

Une paix active, et non passive

Le Psaume 37 constitue la base des instructions de Jésus dans les béatitudes.

« Mais les débonnaires [ceux qui procurent la douceur] posséderont la terre, et jouiront d’une paix abondante […] Observe l’homme intègre, et considère l’homme droit ; car il y a un avenir pour l’homme de paix » (Psaume 37 : 11, 37, Ostervald).

Quelle est cette paix que nous sommes censés promouvoir ? Quelle différence y a-t-il avec la façon dont l’humanité recherche la paix ? Ce monde cherche souvent la paix de manière passive – c’est-à-dire une absence de conflit ou de guerre. Cette vision des choses se retrouve dans la définition du mot « paix » mentionnée dans les dictionnaires. Voyez par exemple comment le Grand Robert de la langue française définit ce mot :

  • Rapports entre personnes qui ne sont pas en conflit, en querelle. Paix n’implique pas de relations positives entre personnes et désigne plutôt des rapports calmes qui peuvent, d’ailleurs, n’être que de pure forme. Absence de luttes, de troubles, de violences.
  • État d’une personne que rien ne vient troubler, déranger.
  • Calme intérieur d’une personne.

De la même manière, ce dictionnaire définit un « pacificateur » comme un individu qui « tend à rétablir la paix, à réduire les dissensions ». Cependant, nous savons que procurer la paix est un processus actif qui implique bien plus que cela. Le mot hébreu shalom est traduit par « paix » dans l’Ancien Testament. (Dans le Nouveau Testament, le mot grec le plus souvent traduit par “paix”, eirene, prend une autre dimension lorsque nous comprenons bien le sens de shalom.) La signification du mot shalom est très étendue, en parlant du bien-être au sens large – un sentiment d’achèvement. Un commentaire biblique explique que le sens premier du mot est caractérisé « par la sûreté, la plénitude ou le caractère intact d’une communauté », tout en véhiculant des concepts de satisfaction et de contentement (“Shalom”, The Hebrew and Aramaic Lexicon of the Old Testament). Le mot shalom implique une action, pas un état de passivité, car la personne qui recherche la paix doit accomplir quelque chose !

Dans notre monde, pour obtenir la paix, les gens érigent des murs ou des barrières entre les belligérants – afin de les séparer – ce qui est un mauvais compromis car cela ne règle pas le problème. Par exemple, lorsque des parents envoient des frères et sœurs qui se disputent chacun dans leur chambre, cela procure du calme pour les parents, mais cela ne règle en rien la cause du problème. Ces frères et sœurs se disputeront à nouveau dès qu’ils se retrouveront dans une situation similaire. De la même manière, nous essayons de résoudre nos conflits en érigeant des murs, même au niveau national. Au contraire, le chemin de la paix selon Dieu est de détruire les murs entre les peuples et de les remplacer par des ponts – afin de bâtir des relations. En fin de compte, la paix est l’absence de méchanceté ! Notez la juxtaposition de ces concepts dans la Bible :

« Mais maintenant, je ne veux plus agir envers ce qui reste de ce peuple comme j’ai agi autrefois, le Seigneur des armées célestes le déclare. En effet, je sèmerai la paix parmi vous, la vigne produira du fruit, la terre donnera ses produits, le ciel répandra la rosée et je mettrai le reste de ce peuple en possession de tous ces biens […] Voici ce que vous devez faire : Que chacun dise la vérité à son prochain ; rendez une justice conforme à la vérité dans vos tribunaux, une justice qui engendre la paix. Ne tramez pas du mal l’un contre l’autre dans votre cœur et ayez en horreur les faux serments. Car toutes ces choses, je les déteste, l’Éternel le déclare. Le Seigneur des armées célestes m’adressa la parole en disant : Voici ce que dit le Seigneur des armées célestes : Les jeûnes du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois seront changés pour le peuple de Juda en jours de réjouissance, en jours d’allégresse et de joyeuses fêtes. Mais soyez épris de vérité et de paix » (Zacharie 8 :11-12, 16-19, Semeur).

Ainsi, la paix consiste à vivre en harmonie avec la volonté divine, pas selon nos propres désirs. Autrement dit, le péché est l’ennemi de la paix.

Un sacrifice de paix

Afin de mettre l’accent sur l’aspect relationnel de la paix, l’Éternel institua une offrande appelée « sacrifice de paix ».

Les détails de ce sacrifice se trouvent aux chapitres 3 et 7 du livre du Lévitique. Alors que les traductions Segond et Ostervald utilisent les expressions « actions de grâces », « reconnaissance » et « prospérités », d’autres versions comme la TOB, traduisent par « sacrifice de paix » car il s’agit bien ici d’un mot dérivant de l’hébreu shalom. Ces différentes traductions ne sont pas contradictoires, mais complémentaires. Le sacrifice de paix est aussi décrit comme une offrande commune que le sacrificateur et la personne amenant l’offrande partagent avec l’Éternel. Certains ont aussi lié l’aspect du salut avec la signification de ce terme : « Un sacrifice pour l’alliance ou la fraternité ; la paix avec Dieu ; la fraternisation entre Dieu et Ses adorateurs » (Enhanced Brown-Driver-Briggs Hebrew and English Lexicon).

Nous avons donc ici un sacrifice qui illustre la paix divine, dans laquelle les deux parties s’assoient autour d’un repas – un signe d’amitié et d’hospitalité, un sens de plénitude dans la relation entre les protagonistes. Nous ne parlons pas ici de « fast-food » ! Cela pouvait prendre une journée entière afin que les personnes impliquées arrivent à être en bon terme – des gens qui désirent passer du temps l’un avec l’autre.

L’aspect relationnel dans la paix et chez les pacificateurs – restaurer la plénitude – est amplifié dans Matthieu 5 :21-48. Dans ce passage, Jésus corrigea six mauvaises idées reçues concernant les relations avec les autres, avant d’enseigner la seule et véritable façon de procurer la paix. Premièrement, Il mit en garde contre les mauvaises attitudes – la colère, les insultes et les injures – qui sont un esprit de meurtre (versets 21-22). Puis Il enseigna :

« Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande » (versets 23-24).

Peu de gens utilisent ce concept, pourtant c’est le rôle même d’un pacificateur ! La tendance est de dire que si quelqu’un a un problème avec nous, c’est son problème, pas le nôtre. Pourtant Jésus affirme que c’est bien notre problème et que nous devons être proactifs en essayant de le régler. Nous devons travailler pour guérir la blessure. Un peu plus loin, Il parla aussi des pensées sexuelles du cœur qui conduisent à l’adultère, un péché très destructeur pour les relations entre mari et femme, ainsi que pour la paix qui devrait régner au sein du mariage :

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne » (versets 27-30).

Son antidote n’est pas de mutiler notre corps, mais il utilise cette métaphore sanguinolente pour nous montrer à quel point il est important de tout mettre en œuvre pour faire cesser ces pensées néfastes afin de vivre en paix.

Il dit aussi que le divorce n’est pas une solution acceptable pour régler les problèmes conjugaux, sauf dans de rares cas très précis (versets 31-32). Nous devons être fidèles à notre alliance de mariage et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir afin de régler les problèmes qui pourraient surgir. Concernant le fait de jurer ou de prêter serment (versets 33-37), Ses instructions sont simples : respectez simplement votre parole. Le sentiment de paix n’est-il pas souvent brisé lorsque cette action simple est ignorée ?

Une autre pratique néfaste mentionnée par Jésus est de chercher à se venger. Il conseilla au contraire de « présenter l’autre joue » (versets 38-42).

Voyez l’exemple de David et de Saul à ce sujet. David ne résista pas à Saul et il n’essaya pas de le concurrencer. Finalement, Jésus nous dit qu’au lieu d’haïr nos ennemis, nous devrions les aimer :

« Aimez vos ennemis, (bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent,) et priez pour ceux (qui vous maltraitent et) qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux… » (versets 44-45).

Il s’agit de la même récompense promise à ceux qui procurent la paix, dans les béatitudes (Matthieu 5 :9). Dans tous ces domaines et ces exemples, il existe une voie qui conduit à l’établissement et au maintien de la paix avec les autres. Celle-ci est toujours basée sur l’esprit de la loi divine et elle implique que nous ne nous considérions pas comme étant supérieurs aux autres. Nous pouvons mesurer nos progrès en utilisant 1 Corinthiens 13 :4-8 qui est un autre exemple montrant comment procurer la paix.

Suivre l’esprit de la loi divine nous aidera à devenir des pacificateurs. Cela s’applique à d’autres aspects de notre vie. Pourquoi priez-vous pour que l’Évangile soit prêché avec plus de puissance dans le monde ? Pourquoi envoyez-vous vos dîmes et vos offrandes ? Est-ce pour votre propre salut ou bien pour que d’autres personnes puissent commencer à avoir une relation avec notre Père et avec Son Fils ? Si la dernière réponse est la vôtre, alors vous essayez d’être un pacificateur.

Les chrétiens procurent la paix

Les véritables pacificateurs sont ceux qui regardent les autres avec une perspective divine, qui essaient de les atteindre et de les aider à devenir un avec Dieu. En faisant ainsi, ils se préparent eux-mêmes pour le Royaume, lorsqu’ils auront l’opportunité d’aider ceux qui ne peuvent pas l’être aujourd’hui.

« Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Et soyez reconnaissants » (Colossiens 3 :15).

Nous avons été appelés à devenir des pacificateurs, à procurer la paix dans la famille de Dieu – ici, maintenant et pour l’éternité !