Année 1999   Archives Afficher en grands caractères

Le but du parler en langues

par Phil Sena

Croyons-nous que Dieu agit toujours avec des intentions précises? Lorsque, dans la Bible, nous voyons quelque chose que nous ne comprenons pas, allons-nous vraiment au fond des choses pour en découvrir la raison? Prenons, par exemple, le phénomène du « parler en langues », tel qu’il est raconté dans Actes 2. Est-ce tout simplement un phénomène bizarre hors de propos à notre présente époque, ou, après examen complémentaire, cela révèle-t-il la pensée de Dieu ?

Il est dommage que la plupart des idées sur le parler en langues laissent apparaître l’image d’un service religieux chaotique, désordonné, où ceux qui sont « dans l’Esprit » finissent par balbutier de manière incohérente, comme s’ils étaient en transe, alors que d’autres gesticulent comme s’ils étaient pris de convulsions épileptiques, leurs yeux roulant dans les orbites après s’être eux-mêmes mis, sans arrêt, à articuler frénétiquement les mêmes syllabes dénuées de sens.

Etait-ce de cela que les disciples de Jésus firent l’expérience, le jour de la Pentecôte?

Examinons ce que la Bible dit au sujet du parler en langues. Nous comprendrons le dessein de Dieu pour ce miracle, en examinant quand il s’est produit la première fois. Nous verrons ce que l’apôtre Paul dit à ce sujet, et nous déterminerons si Dieu utilise encore les langues dans l’Eglise.

Peu de jours après que Jésus-Christ fut monté au ciel en l’an 31, lorsque les apôtres étaient réunis à Jérusalem en même temps que beaucoup d’autres, pour observer le jour de la Pentecôte, une chose inhabituelle se produisit : « Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux » (Actes 2 :2-3).

Il devint évident, pour tout le monde, que quelque chose d’extraordinaire venait de se passer. Mais ce n’était qu’un début, comme si Dieu utilisait le vent et le feu pour rassembler beaucoup de monde autour de ce qui allait encore se produire : « Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (verset 4). Ce n’était assurément pas un événement ordinaire. En effet, l’on vivait là un moment historique – le don du Saint-Esprit de Dieu répandu pour la première fois sur un large groupe d’individus. La promesse de Jésus à Ses disciples d’envoyer un « autre consolateur » venait de s’accomplir. Mais remarquez ce qui accompagnait le don du Saint-Esprit : le parler en langues. Etait-ce le même parler en langues que beaucoup d’Eglises pentecôtistes pratiquent aujourd’hui ? Etait-ce une sorte de charabia frénétique, impossible à comprendre des autres ? Nous allons voir que ce n’était pas du tout le cas.

Les langues étaient compréhensibles

En continuant dans Actes, nous lisons : « Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue » (versets 5-6). Non seulement les disciples ne parlaient pas en baragouin, mais encore, chacun les entendait parler dans sa langue natale (verset 8). Veuillez remarquer que le miracle tenait autant de l’expression que de l’écoute.

Il est intéressant d’analyser les mots grecs utilisés ici. Le mot « langues » au verset quatre est glossa, qui signifie le langage ou le dialecte usité par un peuple particulier, distinct des autres nations. Au verset six, le mot pour « langue » est dialektos duquel vient le mot français dialecte, qui signifie la langue ou le langage particulier d’un peuple. Les deux mots impliquent que c’était un langage connu, et non pas une façon de s’exprimer au timbre étrange, identifiable à aucune autre langue connue.

Ce fut un événement extraordinaire sans précédent. Ce miracle seul aurait pu être une démonstration de la puissance impressionnante de Dieu, mais il était beaucoup plus que cela. Comme dans tout ce que fait Dieu, il y avait un but.

Pour comprendre le but du parler en langues le jour de la Pentecôte, retournons aux circonstances de ce jour. A la Pentecôte, beaucoup de Juifs de différentes régions et contrées faisaient le voyage jusqu’à Jérusalem. Une seule langue n’aurait pas suffit pour s’adresser en même temps à tous ces gens ; d’ailleurs, la majorité d’entre eux n’aurait probablement pas fait la démarche spontanée de venir écouter prêcher Pierre. Mais, entraînés dans l’agitation collective provoquée par le vent impétueux et les langues de feu, qui provenaient de l’endroit où les disciples étaient assemblés, ils furent amenés à s’exclamer : « Comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu ? » (Actes 2 :11). Ainsi, le but de ce miracle était clair : annoncer les merveilles de Dieu. Les gens pouvaient non seulement comprendre ce qui leur était dit, mais encore, ils furent convaincus par le puissant sermon de Pierre, qui catalysa près de 3000 personnes à ressentir le besoin de se repentir et de se faire baptiser. Ce n’était pas un vain spectacle !

Grâce aux événements incroyables de ce jour-là, l’Eglise démarra dans l’enthousiasme du début. Le parler en langues joua un rôle essentiel dans l’accomplissement de la volonté divine.

Nous voyons un dessein similaire dans les deux autres récits du livre des Actes, qui relatent la répétition de ce miracle. Ces deux occasions n’offrent aucune similitude avec la fausse interprétation populaire, aujourd’hui, des « langues ».

La première fois s’est présentée, lorsque Pierre fut conduit par l’Esprit à la maison du centurion romain Corneille, par suite de la vision concernant les mets impurs (Actes 10 :17-23). Après que Pierre eut proclamé la bonne nouvelle du message de Jésus-Christ à toute sa maisonnée – à la fois à des Juifs et à des Gentils – la Bible dit que le Saint-Esprit « descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole » (verset 44). Les Juifs qui étaient avec Pierre furent étonnés que le Saint-Esprit fût octroyé aux Gentils. Pour comble, ils entendaient « parler en langues et glorifier Dieu » (verset 46), ceux sur qui était tombé l’Esprit. Il ne s’agissait pas de vains balbutiements de gens qui s’étaient placés eux-mêmes dans un état second. Au contraire, ce qui était prononcé était compréhensible et édifiant pour l’auditoire.

L’autre événement eut lieu alors que Paul était à Ephèse. Il rencontra plusieurs nouveaux convertis qui avaient été baptisés, mais qui n’avaient jamais entendu parler du Saint-Esprit. Après leur avoir imposé les mains, ils reçurent le Saint-Esprit de Dieu et « ils parlaient en langues et prophétisaient » (Actes 19 :6). Le mot grec pour « prophétisaient » peut signifier être soudainement poussé à une discussion de haut niveau, ou enseigner, réfuter, réprouver, reprendre ou réconforter les autres. Cela implique que ce qui était dit était compréhensible et édifiant pour ceux qui écoutaient ; ce n’était pas du charabia stérile.

A partir de ces récits du livre des Actes, nous voyons qu’en fin de compte, trois facteurs communs étaient présents lorsque les gens se mettaient à parler en langues : cela arrivait avec le don du Saint-Esprit. C’était toujours en présence d’une assemblée ; et ce qui était dit édifiait les auditeurs.

Les instructions de Paul aux Corinthiens

Parler en langues était apparemment courant au premier siècle de l’Eglise. Dans 1 Corinthiens 12, Paul en parle comme d’un don divin, au même titre que le don de la foi ou celui de guérison. Il n’y avait pas que le parler en langues qui était considéré comme un don ; l’interprétation de celles-ci l’était également (verset 10).

Toutefois, Paul donna quelques directives précises à ceux qui étaient bénis avec ce don. Premièrement, il écrivit que prophétiser valait mieux que de parler en langues : « Recherchez l’amour. Aspirez aux dons spirituels, mais surtout à celui de prophétie. Celui qui parle en langue s’édifie lui-même ; celui qui prophétise édifie l’Eglise » (1 Corinthiens 14 :1, 4).

Contrairement à celui qui parlait en langues, celui qui prophétisait n’avait pas besoin d’interprète. Puisque les langues n’étaient même pas connues de l’orateur, cela ne pouvait pas non plus aider celui qui ne les comprenaient pas. Paul en vint donc à dire : « Je désire que vous parliez tous en langues, mais encore plus que vous prophétisiez. Celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n’interprète pour que l’Eglise en reçoive de l’édification » (verset 5).

Si Paul éprouva la nécessité d’accentuer si fortement ce point, c’est, parce que le parler en langues était quelque chose de très surprenant et d’impressionnant. Parmi ceux qui possédaient ce don, il s’en trouvait sans doute beaucoup qui pensaient que ce don était le plus important. Nul doute que cela constituât une expérience étourdissante ! Imaginez-vous que, par l’inspiration du Saint-Esprit, vous parliez soudainement dans une langue qui vous soit inconnue !

Mais Paul faisait remarquer que tout devrait viser à aider les autres : « De même vous, si par la langue vous ne donnez pas une parole distincte, comment saura-t-on ce que vous dites ? Car vous parlerez en l’air. Aussi nombreuses que puissent être dans le monde les diverses langues, il n’en est aucune qui soit sans signification ; si donc je ne connais pas le sens de la langue, je serai un barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera un barbare pour moi. De même vous, puisque vous aspirez aux dons spirituels, que ce soit pour l’édification de l’Eglise que vous cherchiez à en posséder abondamment » (versets 9-12).

Paul disait aussi que parler en langues était premièrement une main tendue pour atteindre les non-membres, tel que prophétisé dans Esaïe : « Il est écrit dans la loi : C’est par des hommes d’une autre langue et par des lèvres d’étrangers que je parlerai à ce peuple, et ils ne m’écouteront pas même ainsi, dit le Seigneur. Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants ; la prophétie, au contraire, est un signe, non pour les non-croyants, mais pour les croyants » (versets 21-22).

Paul compare l’efficacité des langues avec le don de prophétiser, pour montrer que même les non-membres tireraient plus de profit de choses qu’ils pourraient comprendre. Mais la combinaison de ces deux dons pourrait être une puissante incitation pour un non-croyant d’arriver à une possible repentance : « Si donc, dans une assemblée de l’Eglise entière, tous parlent en langues, et qu’il entre de simples auditeurs ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous ? Mais si tous prophétisent, et qu’il entre un non-croyant ou un simple auditeur, il est convaincu par tous, il est jugé par tous, les secrets de son cœur sont dévoilés, de telle sorte que, tombant sur sa face, il adorera Dieu, et publiera que Dieu est réellement au milieu de vous » (versets 23-25).

En plus de cela, Paul insistait à ce que le service de l’Eglise soit conduit de manière organisée, et que celui qui avait le don des langues ne parlât pas si personne n’était capable d’interpréter : « Que faire donc, frères ? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l’édification. En est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent, chacun à son tour et que quelqu’un interprète ; s’il n’y a point d’interprète, qu’on se taise dans l’Eglise, et qu’on parle à soi-même et à Dieu. Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (versets 26-28, 33).

La chose est claire : parler en langues n’était pas un spectacle inutile. Ce don devait servir à aider les autres, en particulier ceux qui ne croyaient pas. Bref, c’était une autre façon de faire progresser l’Evangile.

Est-ce nécessaire de nos jours ?

Pourquoi ne parlons-nous plus en langues dans l’Eglise, aujourd’hui ? Parce que Dieu utilise des méthodes suppléantes pour prêcher l’Evangile, étant donné que Ses serviteurs peuvent maintenant se servir de la technologie moderne pour accomplir le but qui n’était autrefois atteint que par les langues. Avec les moyens de communication de masse, nous pouvons envoyer des programmes télédiffusés, des émissions de radio et des messages traduits en différentes langues avec une facilité qui n’était pas abordable au premier siècle.

Rappelez-vous seulement que le Christ venait de commencer Son Eglise. Ceux qui furent les témoins de ces miracles étaient surexcités à tel point que c’était bien plus qu’un petit tumulte que déclenchaient les disciples du Christ, partout où Il les envoyait. C’était une méthode efficace pour que l’Evangile ait un profond impact sur ceux qui écoutaient et voyaient les miracles qui les accompagnaient.

En plus, la parole de Dieu est maintenant traduite dans presque toutes les langues connues. La Bible contient tout ce dont nous avons besoin pour nous repentir et nous convertir. La nécessité du parler en langues, pour proclamer la parole de Dieu, n’est plus de mise à cause de la large diffusion des textes de la Bible.

Comme nous l’avons vu, le parler en langues est un outil puissant dont Dieu Se servit pour amener beaucoup de gens à la repentance. Ceux qui détenaient ce don ne faisaient pas le genre d’exhibition incontrôlée de ferveur émotionnelle, qui vient sur beaucoup de gens fréquentant certains cercles religieux, de nos jours.

Dieu n’est pas capricieux ; ce qu’Il fait a un sens. Il utilise différentes méthodes à différents moments, mais Son dessein reste le même. Remercions-Le de pouvoir participer à ce dessein en cet âge, quelle que soit la méthode qu’Il choisit