L’occasion d’apprendre

par Gerald Weston

La révélation du comportement répréhensible du producteur de cinéma Harvey Weinstein ne fut pas une grande surprise pour ceux qui avaient entendu parler depuis des décennies des « promotions canapé ». Sur les réseaux sociaux, cela a conduit au mouvement #MeToo.
Gerald Weston
Gerald Weston
Rédacteur en chef

La révélation du comportement répréhensible du producteur de cinéma Harvey Weinstein ne fut pas une grande surprise pour ceux qui avaient entendu parler depuis des décennies des « promotions canapé ». Sur les réseaux sociaux, cela a conduit au mouvement #MeToo (et dans le monde francophone #MoiAussi et #BalanceTonPorc) ainsi qu’à la divulgation d’innombrables récits scandaleux. Des réputations ont été endommagées bien au-delà du microcosme d’Hollywood. Des célébrités et des personnalités publiques de toutes sortes ont été clouées au pilori. Des journalistes puissants et influents sont tombés en disgrâce. Des carrières politiques au Sénat ou au Parlement se sont arrêtées brutalement.

Les scandales sexuels ne sont pas nouveaux et ils sont présents dans beaucoup de pays. Dans les années 1960, l’affaire Profumo avait secoué la Grande-Bretagne. Ce secrétaire d’État à la Guerre fut impliqué dans une relation extraconjugale avec Christine Keeler, une jeune mannequin de 19 ans. Ce scandale eut de fortes répercussions dans le monde et beaucoup s’en souviennent encore de nos jours. Cette affaire semble avoir précipité la démission du Premier ministre britannique Harold Macmillan et la défaite du parti conservateur aux élections législatives de 1964.

Ailleurs dans le monde, d’autres scandales sexuels sont devenus célèbres, comme la liaison entre l’ancien président des États-Unis Bill Clinton et Monica Lewinsky, les frasques de l’ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi, ou l’agression d’une femme de chambre par Dominique Strauss-Kahn à New York, alors qu’il était président du Fonds monétaire international. Même le roi David se rendit coupable d’adultère et il essaya vainement de régler le problème en commanditant un assassinat afin de couvrir son péché. Chaque individu impliqué dans ces tragédies humaines en a payé le prix fort. Certains pensent à tort que David s’en sortit sans conséquences, mais la Bible révèle ce qu’il dut endurer (2 Samuel 12 :10-14).

Le but de cet éditorial n’est pas de porter un jugement, mais de tirer profit de cette occasion d’apprendre. Des voix commencent à réclamer une formation de sensibilisation dans les entreprises et les institutions politiques – afin d’apprendre aux hommes et aux femmes comment se comporter. D’autres prétendent que ces initiatives sont inutiles, car cela devrait être notoirement connu. Ceux qui ont été reconnus coupables le savaient bien. Il est possible qu’il y ait un peu de vérité dans ces deux points de vue.

Refuser des avances

Peut-être avez-vous déjà entendu le proverbe latin « Qui dort avec le chien se réveille avec des puces », publié par Benjamin Franklin dans l’Almanach du bonhomme Richard. Il se peut que cette assertion ne soit pas toujours vraie, mais je pense que nous comprenons le message. La leçon est que nous vivons dans un monde rempli de chiens infestés de puces et cela nous affecte bien plus que nous n’osons l’admettre.

Les formations de sensibilisation mentionnées précédemment devraient parler sans aucun doute des sujets suivants : Quels sont les propos inappropriés en s’adressant à une personne du sexe opposé ? Quels gestes tactiles sont inappropriés ? Est-il correct de donner une accolade ; si oui, de quelle manière ? Qu’en est-il du fait de s’embrasser ?

Certains de ces sujets ont été abordés pendant les camps de l’Église pour les jeunes. Nous ne devrions jamais supposer que les jeunes savent ce qui est approprié et ce qui ne l’est pas. Après tout, puisque nos dirigeants ont oublié comment et quand parler, toucher, donner une accolade ou embrasser, nous ne devrions pas nous sentir coupables de parler de ces sujets dans l’Église de Dieu ! Devrions-nous supposer que tout le monde sache comment se comporter ? Ne serait-il pas bon d’enseigner comment montrer du respect pour les autres ?

Notre monde a radicalement changé au cours des dernières décennies. Nous assistons aussi à un mélange des cultures et parfois nous ne discernons pas la signification des différentes coutumes. Vous souvenez-vous du président George W. Bush marchant main dans la main avec le prince héritier saoudien Abdallah ? Beaucoup d’hommes trouveraient cette situation inconfortable dans le monde occidental, mais cette coutume est tout à fait normale au Moyen-Orient.

La Bible parle d’un saint baiser (Romains 16 :16 ; 1 Corinthiens 16 :20). Que cela signifie-t-il ? Transgressons-nous un ordre si nous ne nous saluons pas avec un baiser ? Ce sujet était débattu lorsque je suis arrivé dans l’Église de Dieu en 1964. Ceux qui soutenaient cette idée étaient, sans surprise, presque exclusivement des hommes célibataires ! Ils prétendaient que l’Église devrait suivre littéralement cet ordre, sans se rendre compte (ou en refusant de se rendre compte) qu’il s’agissait d’une pratique culturelle au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen pendant le premier siècle. Si le Nouveau Testament avait été écrit de nos jours dans le monde occidental, nous lirions probablement : « Saluez-vous les uns les autres d’une solide poignée de main. »

Le fait de s’embrasser sur la joue est courant au Québec ou en Europe. Les hommes et les femmes se saluent d’un baiser sans presque se toucher. Seules les joues entrent en contact d’un côté, puis de l’autre, avant de revenir parfois au premier côté. Je n’ai jamais su s’il fallait commencer par le côté droit ou le côté gauche, ni pourquoi les gens s’échangent entre un et quatre baisers selon les régions ! Et je n’ai jamais rencontré quelqu’un capable de répondre à cette dernière interrogation ! Mais j’ai appris une chose : vous n’embrassez pas réellement la joue, car si les deux personnes essaient de le faire en même temps, elles devront sans cesse tourner la tête pour tenter d’atteindre la joue de l’autre – d’où le simple contact entre les joues. Ailleurs dans le monde, un baiser sur la joue est échangé à tour de rôle. C’est une pratique courante dans la Caraïbe.

Dans certaines cultures, les enfants embrassent leurs parents le matin et le soir, même lorsqu’ils deviennent adultes. Nous pouvons voir les avantages de cette coutume, mais cela ne devrait pas être imposé aux familles. Les enfants et les adolescents, particulièrement les garçons, pourraient trouver cela difficile à gérer s’ils n’en ont pas l’habitude depuis leur plus jeune âge. Chaque famille doit gérer cela en interne en fonction de sa culture.

Pendant mes jeunes années, les accolades n’étaient pas en vogue en Angleterre et aux États-Unis. Elles se pratiquaient seulement au sein de la famille et dans certains groupes ethniques. Mais si un garçon et une fille se donnaient l’accolade, cela signifiait qu’il y avait une certaine sorte de relation romantique entre eux. Les accolades n’étaient pas fortuites, en retournant en classe après le déjeuner ou en rencontrant quelqu’un dans le couloir. Les accolades étaient réservées à vos proches. Cela a changé et il semble nécessaire de donner quelques directives. Les accolades routinières à chaque rencontre suppriment une certaine timidité qui pouvait autrefois retarder une plus grande intimité. Cela me rappelle le refrain du Cantique de Salomon que certains comprennent comme étant un conseil à ne pas éveiller des émotions prématurément (Cantique des cantiques 2 :7 ; 3 :5 ; 8 :4).

La danse est un autre sujet sensible. Mon beau-père venait d’Europe de l’Est et il était normal que tout le monde danse avec tout le monde. Les oncles et les tantes dansaient ensemble, les hommes dansaient avec toutes les femmes, mariées ou célibataires, et cela ne dérangeait personne. Le père de mon épouse dansait avec toutes celles qui arrivaient à le suivre. Même à plus de 90 ans, il se plaignait que la musique n’était pas assez entraînante. Il n’aimait pas les tempos lents – il voulait des danses rapides !

Mon épouse et moi préférons éviter les danses lentes avec d’autres personnes, sauf s’il s’agit de membres de la famille, du marié ou de la mariée après la cérémonie, ou d’un adolescent que ma femme souhaite encourager à aller sur la piste de danse. Bien entendu, les danses traditionnelles en groupe ou les quadrilles sont une exception, mais lorsqu’il s’agit des danses de salon sur un tempo lent, nous préférons être l’un avec l’autre. Les styles de danse seront probablement différents pendant le Millénium, lorsque les jeunes et les personnes âgées danseront ensemble (Jérémie 31 :13).

Au tout début de notre mariage, nous avions été invités à dîner au domicile d’un membre. Après le repas, il mit de la musique afin que les couples présents puissent danser. Cet homme dansa avec toutes les femmes dans un style qui mit mon épouse mal à l’aise. Il les serrait de près et leur faisait faire des renversés. En rentrant chez nous ce soir-là, nous avons décidé de danser seulement l’un avec l’autre, à l’exception des situations mentionnées précédemment. C’est une sécurité pour chacun d’entre nous. Mais nous ne voulons pas l’imposer aux autres, notamment en raison des différences culturelles. Mes parents prenaient des cours de danse plusieurs fois par semaine pour faire de l’exercice et cela ne les gênait pas de danser avec différents partenaires. Lors des obsèques de mon père, plusieurs partenaires de leurs clubs de danse et de bridge rapportèrent combien c’était un « gentleman » et comment il traitait les femmes avec respect.

Certains membres souhaitent que l’Église édicte des règles sur tous les sujets, mais nous devons tenir compte des différences culturelles. Dieu a créé une grande diversité au sein de l’espèce humaine. Cependant, il existe une culture qui doit prévaloir sur toutes les autres au sein de l’Église du Dieu Vivant. Les valeurs divines doivent supplanter les valeurs du dieu de ce monde et nous ne devons jamais oublier qui dirige la culture moderne.

Dieu enseigne aux femmes de s’habiller décemment (1 Timothée 2 :9). En 2017, mon épouse et moi avons observé les Expiations sous le climat tropical des Philippines et nous en avons tiré un enseignement. Dans l’ensemble, les femmes aux Philippines, qu’elles fassent ou non partie de l’Église, ont tendance à s’habiller pudiquement. Elles apprécient des robes décentes, élégantes, suffisamment longues au niveau des jambes et dépourvues de décolleté plongeant. Les nations israélites ont beaucoup à apprendre de leur part.

Il est possible de s’approcher de l’immoralité sexuelle de bien des manières, mais Dieu inspira l’apôtre Paul à donner l’avertissement suivant aux Corinthiens dévergondés : « Fuyez la débauche » (1 Corinthiens 6 :18). Évaluons le fait de « flirter » en ayant cet avertissement en tête. Selon le site Internet de Psychology Today, « flirter est depuis longtemps une façon de signaler l’intérêt et l’attraction, sans parler de la conscience qui s’éveille envers l’autre. C’est une sorte de langage silencieux parlé par les hommes et les femmes à travers le monde » (“The Art of Flirting”). Il est probable que la femme de Potiphar ait eu un tel comportement à l’égard de Joseph avant de lui lancer : « Couche avec moi » (Genèse 39 :7-12). Bien entendu, une certaine forme de romance est appropriée lorsque des célibataires se fréquentent en vue du mariage, mais jamais avec le conjoint d’une autre personne.

L’année dernière, des articles de presse mentionnaient que la bonne et la mauvaise façon de donner une accolade devrait être expliquée dans la formation de sensibilisation du Congrès américain – en expliquant comment communiquer physiquement et verbalement. Si les dirigeants nationaux et locaux ont besoin de ce genre d’instructions, n’est-il pas approprié de donner des recommandations similaires ? Lors des camps des jeunes, nous enseignons qu’il n’est pas nécessaire de se donner une accolade à chaque fois que vous terminez une activité, que vous allez manger ou que vous dites « bonne nuit » après les discussions du soir. Prendre la personne par les épaules est parfois approprié, mais le contact du corps entier devrait être réservé aux couples mariés. Certains membres de l’Église peinent à saisir la différence. J’ai reçu régulièrement cette dernière sorte d’accolade. Je pense que cela a toujours été fait de façon innocente, mais cela pourrait envoyer un mauvais signal à une personne mal intentionnée.

L’étiquette couramment admise est que la femme doit pouvoir déterminer si une accolade est appropriée ou non. Messieurs, laissez-la faire le premier pas. Même dans ce cas-là, si vous sentez qu’il y a davantage qu’un « saint baiser », appliquez le même principe que celui recommandé aux femmes qui se voient imposer une accolade qu’elles ne souhaitent pas : tendez fermement le bras et offrez une poignée de main. Si cela ne fonctionne pas, faites savoir à la personne que vous préférez seulement lui serrer la main.

Les scandales de harcèlement sexuel qui frappent le monde occidental depuis la fin de l’année 2017 nous donnent l’occasion d’apprendre. Il est nécessaire d’en parler en allant au-delà de vagues généralités. Certes, il est possible d’aller trop loin avec des critères trop stricts, mais nous ne devons pas être trop vagues au sujet de la décence, au point que chaque personne puisse en avoir une interprétation différente. Certains comportements ne sont pas saints, mais nous devons être saints comme Dieu est saint (1 Pierre 1 :15-16).