Le danger de la désensibilisation

par Gerald Weston

L’adaptabilité est une caractéristique utile lorsque la situation l’impose, mais cela peut aussi conduire au laisser-aller. Pourquoi engager des changements profonds alors que vous pourriez simplement vous ajuster et vous « adapter » afin de maintenir un statu quo confortable ?
Devenir indifférents

En créant l’espèce humaine, Dieu lui a accordé une grande capacité d’adaptation. Pendant l’été 1966, je me suis rendu dans l’Oregon avec deux autres étudiants de l’Ambassador College pour éclaircir une forêt. Certains arbres étaient marqués à la peinture bleue et nous ne devions pas y toucher. Nous devions couper les autres arbres, sauf s’ils dépassaient une certaine taille. Mais les grands arbres marqués à la peinture rouge devaient aussi être abattus. Le but de notre travail était de créer de l’espace entre les arbres pour leur permettre de grandir plus vite. J’aimerais voir le résultat de notre travail 54 ans plus tard !

Notre logement était rudimentaire. Nous avions loué une petite maison en ville pour 40$ par mois et nous l’utilisions pendant le sabbat pour faire une pause et prendre notre douche hebdomadaire. Le reste du temps, nous vivions sous des tentes. Chaque semaine, nous transportions presque 100 litres d’eau vers notre campement pour boire, cuisiner et faire la vaisselle – il n’y avait pas assez d’eau pour se laver. Nous étions payés 10$ pour 4000 m² nettoyés. Il fallait donc travailler rapidement et intensément. Nous transpirions abondamment sous l’effet de la chaleur de l’été et des efforts intenses. Dire que nous étions sales en fin de semaine serait un euphémisme. Notre corps et nos vêtements étaient couverts de transpiration, d’huile des tronçonneuses et de copeaux de bois.

Aucun d’entre nous n’avait grandi dans ces conditions. Nous avions l’habitude de prendre une douche quotidienne et de mettre nos vêtements sales dans le panier à linge pour que maman les lave, les repasse, les plie et les range dans notre armoire. Mais nous nous étions rapidement adaptés aux circonstances. Cette expérience m’a appris combien il est facile de s’adapter à la « régression » en très peu de temps.

L’adaptabilité est une caractéristique utile lorsque la situation l’impose, mais cela peut aussi conduire au laisser-aller. Pourquoi engager des changements profonds alors que vous pourriez simplement vous ajuster et vous « adapter » afin de maintenir un statu quo confortable ? Nous pouvons facilement nous adapter aux changements importants qui ont lieu autour de nous, même si cela nous fait un peu râler au début.

Au cours des cinq dernières décennies, le monde a complètement changé. À travers les Écritures, nous savions que les nations israélites s’enfonceraient dans le péché à la fin des temps et qu’elles sombreraient. Nous savions que les péchés de l’humanité allaient empirer, mais peu de gens avaient imaginé à quel point les choses se détérioreraient. Nous lisons qu’Israël est comparé à Sodome et Gomorrhe, mais nous n’avions jamais imaginé que le mariage pour tous et le mouvement LGBTQ+ prendraient autant d’ampleur, en infiltrant tous les niveaux du système scolaire, y compris à l’école primaire. Qui aurait pu imaginer que des drag-queens feraient la lecture à des enfants dès l’école maternelle ?

L’aspect négatif de l’adaptabilité est qu’elle n’est pas limitée aux circonstances physiques. Nous pouvons aussi nous adapter aux idéologies morales et sociales autour de nous. Nous sommes d’abord énervés par chaque nouvelle dépravation, puis nous finissons par nous désensibiliser et nous y habituer. Finalement, certains acceptent et défendent même des comportements répréhensibles, devenant ainsi des alliés de ces attitudes pécheresses. Paul comprenait cela en décrivant ces comportements aberrants et en condamnant ceux qui « connaissent le jugement de Dieu, déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font » (Romains 1 :32).

Ceux qui sont morts il y a vingt ans seulement, voire dix ans, seraient choqués de voir l’immoralité actuelle. Sommes-nous choqués de la même manière ? Nous sommes-nous adaptés en devenant insensibles ? En sommes-nous arrivés au point de défendre des comportements immoraux ?

Nous ne devrions jamais arriver au point d’approuver ceux qui pratiquent l’immoralité, telle qu’elle est définie par la seule source capable d’en déterminer les limites : la parole de Dieu (Jean 17 :17 ; Romains 7 :7). Dans le même temps, nous ne devons jamais oublier que le Christ a payé l’amende des péchés pour tous ceux qui se repentent et qui acceptent Son sacrifice. Sa compassion s’étend à ceux qui vivent misérablement et inconsciemment dans le péché. Souvenez-vous des paroles de Jésus à propos des villes hypocrites et endurcies dans lesquelles Il accomplit de puissants miracles : « C’est pourquoi je vous le dis : au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi » (Matthieu 11 :24 ; voir aussi Matthieu 10 :15). En tant que véritables chrétiens, nous devons proclamer la vérité, tout en nous adressant aux pécheurs avec respect.

L’adaptabilité humaine est nécessaire pour notre bien-être, lorsque nous nous retrouvons parfois dans des situations difficiles. Cependant, le bien et le mal ne changent pas. Nous devons faire attention à ne pas nous adapter au mal et à devenir insensibles aux mauvais comportements. C’est une des grandes leçons des Jours des Pains sans Levain. Corinthe était une des villes les plus immorales de l’Empire romain du premier siècle. Une immoralité flagrante entourait les membres de l’Église de Dieu qui y vivaient – en les désensibilisant au point de défendre, par leurs actions, un homme qui vivait en concubinage avec sa belle-mère. Ils se vantaient de tolérer son comportement. Notez le reproche sévère adressé par l’apôtre Paul : « C’est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? » (1 Corinthiens 5 :6). La culture environnante finit par déteindre sur nous !

Je suis toujours frappé de lire la description divine de la dernière ère de l’Église. Dieu la décrit comme étant majoritairement dominée par ceux qui sont tièdes, ni froids ni bouillants (Apocalypse 3 :15). Nous pourrions nous attendre à ce que Son peuple reconnaisse la dégradation morale de la société de la fin des temps et les prophéties qui se réalisent sous nos yeux. Cela ne devrait-il pas nous motiver spirituellement ?

Ce n’est pas le cas pour la majorité. La Bible prédit une réaction opposée et, de nos jours, ces prédictions deviennent réalité. Cela ne signifie pas que vous n’êtes pas personnellement motivé et zélé, mais ces qualités ne représentent plus l’attitude dominante au sein de l’Église de Dieu à la fin des temps.

Le problème est que les laodicéens ne se rendent pas compte de leur situation. Ils sont aveuglés. Ils se considèrent riches et n’ayant besoin de rien. « Riche » s’applique à la fois à l’aspect physique et spirituel. Posséder des richesses physiques peut aveugler un individu à croire qu’il est spirituellement prospère.

William Ramsay a décrit la ville de Laodicée comme la « cité des compromis » : « À cause de la tendance des Laodicéens à faire des compromis, [Jean] avait probablement vu une tendance à la tolérance et au laxisme […] Ces mêmes caractéristiques qui avaient fait de Laodicée un centre économique bien ordonné, énergique et dynamique, lui parurent démontrer une nature insensible qui fut fatale à l’aspect le plus élevé du caractère humain, l’esprit de sacrifice de soi et l’enthousiasme » (Les lettres aux sept Églises en Asie(1), pages 413, 419-420).

Ces descriptions sont l’opinion d’un historien qui ne comprend pas ce que nous comprenons. Pour lui, le livre de l’Apocalypse n’est que l’œuvre d’un homme, mais sa connaissance de la géographie, de l’histoire et des Écritures lui fournit un éclairage intéressant et utile. Ce livre fut publié en 1904, avant l’avènement des ères de l’Église de Philadelphie et de Laodicée.

Les humains sont capables de s’adapter, mais la tendance à devenir insensible au péché présente un grave danger. Cela coûta la vie à la femme de Lot (Luc 17 :31-32) et bien que Lot fût qualifié de juste (2 Pierre 2 :7), la culture environnante eut un impact négatif sur son propre comportement (Genèse 19 :4-8).

De la même manière, nous sommes influencés par la société autour de nous. Comprenons-nous les conséquences associées au fait de faire des compromis avec elle ? Le Christ nous dit : « Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche » (Apocalypse 3 :16). Nous pouvons même prendre le risque d’être insensibles à cet avertissement. Cherchons donc Dieu avec diligence, alors que le monde autour de nous ressemble de plus en plus à Sodome et Gomorrhe !

(1) The Letters to the Seven Churches of Asia