À un signal donné et au son de la trompette

par Peter Nathan

En étudiant l’usage de ces termes annonçant le retour du Christ et la manière dont les apôtres les utilisèrent dans le Nouveau Testament, nous pouvons comprendre davantage la signification de la Fête des Trompettes

Bien que la Fête des Trompettes ne soit jamais mentionnée par ce nom dans le Nouveau Testament, cette section de la Bible utilise fréquemment des descriptions issues de la compréhension du mot hébreu de ce jour. Par conséquent, le fait de comprendre le mot hébreu utilisé pour décrire cette Fête, et la façon dont il est utilisé dans les Écritures, nous permet d’apprécier l’importance de ce jour dans le plan divin, comme c’était le cas de l’Église originelle.

Les détracteurs, qui rejettent l’observance des Jours saints, argumentent que la Fête des Trompettes n’est pas mentionnée par ce nom dans le Nouveau Testament et ils en tirent une fausse conclusion en estimant que cette Fête ne s’appliquait donc plus aux disciples de Jésus-Christ. Cependant, les allusions et la symbolique que les apôtres furent inspirés à inclure dans leurs écrits établissent un lien très solide avec cette Fête. Lorsqu’elles sont bien comprises, elles deviennent un témoignage puissant prouvant que l’Église originelle comprenait correctement le rôle et le but de la Fête des Trompettes dans le plan de Dieu, comme nous le comprenons aujourd’hui. Les nombreux sermons que nous avons entendus à propos de la Fête des Trompettes se basent souvent sur des allusions et des symboles se rapportant aux événements associés à ce Jour saint.

Jésus-Christ montra qu’Il sera accompagné par des anges à Son retour et que celui-ci aura lieu au son d’une trompette. À ce signal, tous les morts en Christ reviendront à la vie lors de la première résurrection (Matthieu 24 :31). Paul décrivit ce même événement en écrivant que « le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement » (1 Thessaloniciens 4 :16).

Jésus et Paul mentionnèrent deux éléments-clés à propos de cet événement : des voix angéliques et le son d’une trompette. Paul apporta plus de détails en écrivant que ces anges seront conduits par un archange. Ces éléments sont essentiels pour le Jour des Trompettes. De façon intéressante, ces déclarations font écho à un verset que nous citons chaque année lorsque nous célébrons cette Fête : Lévitique 23 :24. « Parle aux enfants d’Israël, et dis : Le septième mois, le premier jour du mois, vous aurez un jour de repos, publié au son des trompettes, et une sainte convocation » (NEG). Une lecture attentive de ce verset révèle un détail auquel nous prêtons rarement attention. Dans certaines traductions, le mot « trompettes » est écrit en italique, signifiant qu’il a été soit ajouté pour notre compréhension, soit remplacé par un autre mot. La traduction (très) littérale effectuée par André Chouraqui formule ainsi le verset 24 : « Parle aux Benéi Israël pour dire : La septième lunaison, le premier de la lunaison sera pour vous shabatôn, mémoire d’ovation, vocation sacrée. »

Louis Segond (traduction NEG) utilisa l’expression « au son des trompettes » en se basant sur le mot hébreu terû’â, qui désigne plus précisément un son puissant, peu importe qu’il soit produit par des voix humaines ou des trompettes. La Bible vaudoise d’Olivétan, première Bible française entièrement traduite à partir des textes originaux en 1535, formule ainsi Lévitique 23 :24 : « Le premier jour du septième mois vous aurez le mémorable repos de jubilation, [lequel] sera sainte convocation. » Dans la version Colombe (réputée proche de l’original), nous lisons : « Le septième mois, le premier du mois, vous aurez un jour férié, rappelé par une clameur : c’est une sainte convocation. » Le Nouveau Commentaire Biblique (éditions Emmaüs) explique que « le mot “trompette” ne se trouve pas dans le texte hébreu. Le mot terû’â indique soit le “cri” du peuple, soit une “sonnerie” de trompette. Peut-être faut-il associer ces deux notions. »

Le plus fascinant dans l’étude de l’utilisation du terme terû’â dans les Écritures est la façon dont il est utilisé et associé avec notre compréhension de la Fête des Trompettes dans le Nouveau Testament. Nous savons que les trompettes devaient retentir pendant ce Jour. Deux trompettes en argent furent d’ailleurs fabriquées à cet effet pour les sacrificateurs (Nombres 10 :1-10). Cependant, le simple fait que deux musiciens fassent sonner ces trompettes n’accomplit pas la signification du terme dans le contexte de ce Jour saint. Les trompettes seules pouvaient constituer le terû’â proclamant l’année du jubilé (Lévitique 25 :9), mais dans la plupart des cas, terû’â associe des cris humains au son des trompettes. La description donnée dans Lévitique 23 montre que les cris et le bruit étaient beaucoup plus puissants que le son de deux trompettes seules. Le verset parallèle dans Nombres 29 :1 utilise le même mot hébreu, qui est traduit par « acclamation » (TOB) ou « (marqué par une) clameur » (Colombe).

Le mot hébreu terû’â peut aussi bien désigner un cri de joie ou un signal d’alarme. Cette clameur est souvent accompagnée du son des trompettes. Mais le plus intéressant est l’utilisation de ce mot dans les Écritures et la façon dont les rédacteurs du Nouveau Testament (écrit en grec et non en hébreu) ont été inspirés à se servir d’une symbolique associant les cris et le son des trompettes pour décrire le retour de Jésus-Christ comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ce terme peut décrire soit un cri de guerre (de victoire ou d’alarme), soit une occasion joyeuse célébrant une arrivée : celle d’un roi, de l’arche de l’Alliance, du salut ou la confirmation d’un serment lié à l’Alliance.

Nous pouvons en apprendre davantage en étudiant chacun de ces usages et en voyant comment les apôtres utilisèrent ces relations dans les écrits du Nouveau Testament.

Un cri de guerre

La première occurrence de ce mot fut les cris poussés par les enfants d’Israël lorsqu’ils marchèrent pendant le septième jour autour de la ville de Jéricho : « Quand ils sonneront de la corne retentissante, quand vous entendrez le son de la trompette, tout le peuple poussera de grands cris [terû’â]. Alors la muraille de la ville s’écroulera, et le peuple montera, chacun devant soi » (Josué 6 :5, voir aussi verset 20). Avec le son des trompettes, les cris (terû’â) étaient le signal donné pour que les murs de Jéricho s’effondrent, permettant à Israël de détruire la ville et de commencer à hériter le pays. Jéricho symbolisait la destruction des systèmes de ce monde qui seront remplacés par le Royaume de Dieu établi dans toute sa gloire.

Sophonie fut inspiré à associer la destruction des villes fortifiées de ce monde avec le son de la trompette et les cris de guerre (terû’â) en parlant du Jour du Seigneur (Sophonie 1 :14-16). De la même manière, Jérémie associa ces deux sons (la trompette et les cris de guerre) avec la nécessité de parler contre les péchés de son peuple (Jérémie 4 :19 ; 49 :2).

L’apôtre Jean utilisa le son de la trompette et les cris en déclarant que les royaumes de ce monde deviendraient la propriété de Jésus-Christ à Son retour. Ces lignes furent aussi utilisées dans l’oratorio de Händel, Le Messie : « Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient : Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ ; et il régnera aux siècles des siècles » (Apocalypse 11 :15).

Après avoir décrit le septième sceau de l’Apocalypse (le début du Jour du Seigneur) avec sept anges à qui « sept trompettes leur furent données » (Apocalypse 8 :1-2), Jean ajouta que les événements inaugurant le règne du Christ seront accompagnés de la même manière par « la voix forte d’une foule nombreuse » (Apocalypse 19 :1-6).

Des acclamations pour le Roi

En prophétisant au sujet d’Israël auprès de Balak, roi de Moab, Balaam nota que « l’on y entend des acclamations [terû’â] comme pour un roi » (Nombres 23 :21, Ostervald). À ce moment-là, Israël n’avait pas de roi physique, mais l’Éternel, qui devint Jésus-Christ, était leur Roi. Dieu avait accordé à Balaam de comprendre cette vérité, mais les Israélites ne la comprenaient pas.

Les rédacteurs des Psaumes appréciaient le rôle de l’Éternel, le Dieu d’Israël. En décrivant une scène qui fait référence au retour du Christ comme Seigneur, Éthan l’Ézrachite bénit le peuple « qui connaît terû’â », c’est-à-dire « qui connaît les cris [terû’â] de joie » (Ostervald) et « le son [terû’â] de la trompette » (NEG). Le résultat fut que le peuple marcha à la clarté de la face de l’Éternel (Psaume 89 :16).

En parlant prophétiquement de l’établissement du Royaume de Dieu sur la Terre entière, les fils de Koré écrivirent que « Dieu monte au milieu des cris [terû’â] de triomphe », pendant que le son de la trompette célèbre le Seigneur (Psaume 47 :6-7). À d’autres occasions, les psalmistes parlèrent du couronnement du Roi (en mentionnant spécifiquement le Seigneur) au son des chanteurs, des instruments et du tambourin (Psaume 68 :25-26 ; voir aussi Psaume 150, notamment au verset 5, “Louez-le avec les cymbales retentissantes [terû’â]”).

Voyez aussi comment Matthieu et Jean utilisèrent les symboles des cris et des trompettes dans les récits annonçant le retour de Jésus-Christ. Les phrases triomphales d’Apocalypse 11 :15 sont combinées au son des trompettes et à de fortes voix, proclamant que les royaumes de ce monde sont remis à Jésus-Christ, comme dans Apocalypse 19 :6. Le Royaume de Dieu sera établi sur toute l’humanité et sur la Terre. En ayant cela en tête, voyez aussi ce que firent les gens lorsque Jésus entra dans Jérusalem sur le dos d’un ânon (Matthieu 21 :5-6, 9).

L’arche de l’Alliance

Lorsque le roi David fit entrer l’arche de l’Alliance dans la cité de David, le mot terû’â est à nouveau utilisé en décrivant des « cris de joie » accompagnés du « son des trompettes » (2 Samuel 6 :15 ; 1 Chroniques 15 :28). Bien des années auparavant, sous la direction du juge et sacrificateur Éli, les Israélites emmenèrent l’arche sur le champ de bataille contre les Philistins et le peuple cria de joie lorsqu’elle arriva au milieu d’eux. Cependant, leur joie se transforma en tristesse lorsque les Philistins la capturèrent (1 Samuel 4 :5-11).

Notez maintenant le scénario rapporté par l’apôtre Jean lorsque l’arche de l’Alliance apparaîtra au son de la septième trompette (Apocalypse 11 :19). À cette occasion, nous voyons que les forces de la nature acclameront le règne de Jésus-Christ.

La pierre angulaire du temple

Puisque terû’â était utilisé en lien avec l’arche de l’Alliance, il est tout à fait logique de retrouver ce terme lors de la construction de l’édifice qui allait accueillir ce trône de l’Éternel. Ainsi, lorsque les Juifs rentrèrent de Babylone et qu’ils posèrent les fondations du temple, ils poussèrent des cris de joie (terû’â). En fait, la racine du mot terû’â est utilisée trois fois dans des versets consécutifs décrivant les cris de joie du peuple lors de la pose de la pierre angulaire, malgré la tristesse de ceux qui avaient vu l’ancien temple dans sa gloire passée (Esdras 3 :11-13).

Bien que les fondations du temple ne soient pas un des symboles de la Fête des Trompettes, nous savons que Jésus-Christ est la Pierre angulaire du temple spirituel. À ce titre, Jésus est l’Être sur Lequel le temple est actuellement bâti et sur Lequel « l’édifice, bien coordonné, s’élève » (Éphésiens 2 :20-21). C’est une grande source de réjouissances. Son retour permettra l’achèvement de la construction de ce temple et provoquera une joie immense.

Le salut

Le but ultime du plan divin et du retour du Christ est de sauver l’humanité. Ce sera une étape cruciale dans la création de la famille divine. Il n’est donc pas surprenant que terû’â soit à nouveau utilisé en décrivant ce merveilleux événement. En s’adressant à Job et à ses trois compagnons, Élihu parla des merveilles du salut pour l’humanité. Il décrivit l’état de joie (terû’â) lorsqu’une personne est trouvée juste devant son Créateur (Job 33 :26). David comprenait aussi que la voie divine mène au salut et il offrait des « cris de réjouissance [terû’â] » en retour (Psaume 27 :5-6, Darby). La même idée se retrouve dans Psaume 33 :1-3, lorsque terû’â est traduit par « un cri de joie » (Darby).

Le récit de l’entrée de Jésus à Jérusalem est également très révélateur. Juste avant la Pâque de l’an 31, la foule fut inspirée à reconnaître qu’il se passait quelque chose de spécial. Les rédacteurs du Nouveau Testament rapportent que les gens criaient « Hosanna », une expression hébraïque non traduite signifiant littéralement « Sauve, maintenant ! » (Matthieu 21 :9). Que ces gens comprenaient ou non le véritable rôle de Jésus-Christ, ils furent inspirés, pour une raison ou une autre, à reconnaître avec des cris Son rôle comme Sauveur de l’humanité. Les pharisiens étaient tellement embarrassés par cet élan de soutien envers le Christ qu’ils Lui demandèrent de réprimander Ses disciples. Mais Jésus répondit que si Ses disciples se taisaient, alors les pierres crieraient pour Lui (Luc 19 :39-40).

Plus tard, Jean rapporta la vision d’une grande multitude debout devant le trône de Dieu, « [criant] d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau » (Apocalypse 7 :10). Le retour de Jésus-Christ et l’emprisonnement de Satan, peu après, marqueront le début de l’époque pendant laquelle le salut sera disponible pour toute l’humanité et la Terre sera transformée à la gloire de notre Père.

Prêter serment

La dernière utilisation de terû’â concerne les serments prononcés devant l’Éternel ; autrement dit, lorsqu’une alliance est établie avec Lui. Nous en trouvons un exemple à l’époque d’Asa, roi de Juda. Pendant la 15e année de son règne, il fit disparaître toutes les idoles de Jérusalem et il convoqua la nation pendant le 3e mois, probablement pour la Fête de la Pentecôte. La nation s’engagea dans une alliance avec l’Éternel en prêtant serment, au son des trompettes et des « cors », c’est-à-dire des cornes de bélier (2 Chroniques 15 :10-14).

Les alliances et les serments sont des éléments essentiels du retour du Christ, en lien avec le mariage de l’Agneau et de Sa fiancée. Encore une fois, Jean utilisa la même symbolique pour décrire cet événement et l’exultation de la cour céleste « comme la voix d’une foule nombreuse, comme un bruit de grosses eaux, et comme un bruit de forts coups de tonnerre, disant : Alléluia ! Car le Seigneur, notre Dieu tout-puissant, est entré dans son règne » (Apocalypse 19 :6). Ces réjouissances inaugureront une alliance : le mariage de l’Agneau (Apocalypse 19 :7-9).

Le mot hébreu terû’â est utilisé dans l’Ancien Testament lors d’événements associés au retour triomphal et glorieux de Jésus-Christ. Le niveau sonore des cris poussés par cette foule nombreuse, avec le son des trompettes, sera plus élevé que n’importe quel autre son de l’histoire humaine. Pour l’occasion, les anges qui attendent avec impatience, comme nous, le retour du Christ participeront à cette immense clameur. Ainsi soit-il ! La « dernière trompette » (1 Corinthiens 15 :52) annoncera la grande et glorieuse résurrection des saints qui recevront alors leur salut et rencontreront le Christ « sur des nuées » (1 Thessaloniciens 4 :16-17).

D’une certaine manière, il est correct de dire que la Fête des Trompettes n’est pas mentionnée par son nom dans le Nouveau Testament, comme le sont les autres Jours saints, mais nous pouvons voir à travers les Écritures que les premiers chrétiens comprenaient réellement la profonde signification de ce jour et son implication pour l’Église. Les rédacteurs du Nouveau Testament furent guidés par le Saint-Esprit pour parler de ce jour ; ils ne parlèrent pas de son nom, mais plutôt de son rôle dans le plan divin. Ainsi, ce serait une grave erreur d’affirmer que la Fête des Trompettes n’est « pas mentionnée » dans le Nouveau Testament.

À l’approche des Jours saints d’Automne, préparons-nous avec un sens du devoir renouvelé et avec révérence, en ayant à l’esprit les profondes implications de la Fête des Trompettes dans le plan de Dieu. En comprenant la riche symbolique de ce jour, nous serons au diapason avec les fidèles qui attendent depuis longtemps le retour triomphant de notre Sauveur, Jésus-Christ et l’établissement de Son Royaume éternel.