Les leçons de la première Pâque

par John Ogwyn

Tout commença vers 1704 av. J.-C., lorsque le fils de dix sept ans de Jacob et de Rachel fut vendu comme esclave par ses frères plus âgés. Vingt ans après, les événements prirent une tournure extraordinaire. D’esclave qu’il était, le jeune Joseph devint le numéro deux en Egypte, immédiatement sous pharaon lui-même.

Les événements des deux derniers siècles et demi ont été incroyables. Tout commença vers 1704 av. J.-C., lorsque le fils de dix sept ans de Jacob et de Rachel fut vendu comme esclave par ses frères plus âgés. Poussés par le ressentiment et la jalousie, ils avaient vendu Joseph à des marchands d’esclaves madianites, qui le menèrent en Egypte. Vingt ans après, les événements prirent une tournure extraordinaire. D’esclave qu’il était, le jeune Joseph devint le numéro deux en Egypte, immédiatement sous pharaon lui-même.

Le pharaon sous lequel Joseph avait accompli une telle ascension était de la nouvelle dynastie Hyksos. Les Hyksos étaient des Sémites, un peuple identique à celui de la famille de Jacob. Lorsqu’une famine s’abattit sur les régions d’alentour, les frères de Joseph vinrent en Egypte pour y acheter du blé, et se retrouvèrent face à leur frère que, probablement, ils croyaient mort. Vers 1682 av. J.-C., Jacob et toute sa famille, composée d’environ 70 personnes, vinrent en Egypte. Les gouvernants Hyksos, également surnommés les rois-bergers, accueillirent chaleureusement les bergers hébreux de la famille de Jacob, en mettant à leur disposition, pour qu’ils s’y établissent et qu’ils y fassent paître leurs troupeaux, le pays de Gosen près du delta du Nil.

Durant la centaine d’années suivantes, tout se passa très bien pour la famille de Jacob. Les Hébreux multipliaient et ils étaient bien traités. En 1611 av. J.-C., quarante ans après la mort de Joseph, les Hyksos furent détrônés et chassés d’Egypte par la XVIIIème dynastie de Thèbes. Le nouveau dirigeant, Amose, est décrit comme un pharaon « qui n’avait pas connu Joseph ». Il commença à opprimer systématiquement la nation israélite naissante. Quarante quatre ans après l’expulsion des Hyksos, à l’époque de la naissance de Moïse, Israël était réduit à la servitude. En fait, pendant un certain temps, pharaon chercha même à faire mourir tous les bébés mâles israélites, pour freiner la croissance rapide de la population.

Ce fut dans ce contexte que, pour le protéger de la mort, les parents de Moïse le cachèrent. Hatshepsut, la fille de pharaon, le découvrit dans un panier, au bord du Nil. Elevé comme un prince d’Egypte à la cour de Thutmose I et de Thutmose II, il devint un personnage important. Pendant tout ce temps, les conditions de vie du peuple d’Israël ne cessaient d’empirer.

Vers l’âge de 40 ans, Moïse prit la décision de rejeter son identité égyptienne et de reconnaître son appartenance au peuple de Dieu. Obligé de fuir l’Egypte, il resta dans le désert du Sinaï durant les 40 années suivantes, passant la plus grande partie de son temps à garder le troupeau de son beau-père Jéthro. Moïse avait 80 ans, lorsque l’Eternel Se manifesta à lui dans un buisson ardent, et le renvoya en Egypte, afin de débuter la véritable œuvre de sa vie.

Lorsque Moïse fut de retour en Egypte, Thutmose III – qui aurait voulu le supprimer – était mort et Amenhotep II était sur le trône. Après des années d’esclavage, le peuple d’Israël était à bout de force et avait perdu tout espoir. C’était donc en présence d’un peuple sans espérance, et d’un dirigeant égyptien rempli d’orgueil, que Moïse devait accomplir sa grande mission.

Les événements qui marquèrent la délivrance d’Israël de l’esclavage de l’Egypte, et la traversée du Sinaï pour conclure une alliance spéciale avec Dieu, constituent les événements de la première Pâque et de la première Fête des Pains sans levain. Ces Fêtes, instituées pendant qu’Israël se trouvait encore en Egypte, marquent le commencement du grand plan divin de rédemption et de salut. Tenant compte du contexte, il est possible aujourd’hui, à partir de la première Pâque, de dégager de nombreuses leçons destinées au peuple de Dieu. Nous en examinerons sept.

Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes

La vie était insupportable et rien, en apparence, ne pouvait s’arranger. L’Egypte était au faîte de sa puissance, et Israël n’était qu’un peuple désespérément asservi et désarmé. Ce fut dans ce contexte que Dieu envoya Moïse auprès de pharaon, pour lui délivrer ce message : « Laisse aller mon peuple ! » Pharaon ne voyait pas pourquoi il devrait obtempérer, et c’est alors que Dieu commença à Se manifester à lui. Le pays d’Egypte fut frappé d’une série de plaies qui s’abattirent sur tout ce qui faisait son orgueil et son assurance.

La dixième et dernière plaie devait être la plus terrible. L’Eternel décréta qu’en une nuit, Il passerait au-dessus de tout le pays d’Egypte et que chaque premier- né mâle, à la fois du peuple et des animaux, serait frappé mortellement. La mort devait s’abattre sûrement et inexorablement. Il n’y avait qu’un seul moyen d’y échapper. Ce moyen existait pour le peuple d’Israël qui devait prendre un agneau âgé d’un an et chaque maison familiale devait immoler le sien au crépuscule, au début du 14ème jour du premier mois. Le chef de famille devait répandre le sang sur le bâti de la porte, et il fallait rôtir l’agneau pour le manger au soir.

Seuls, ceux qui demeuraient sous le sang de l’agneau seraient épargnés par l’Eternel et laissés en vie. Le peuple ne pouvait pas se protéger lui-même. Seul le sang de l’agneau répandu sur eux pouvait les sauver.

Dans 1 Corinthiens 5 :7, Paul explique que Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous. « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5 :8). La première leçon que nous tirons de la Pâque montre notre impuissance à nous prémunir nous-mêmes de la mort, qui est la conséquence du péché. Dieu a pris l’initiative d’offrir l’Agneau de Dieu qui vint effacer les péchés du monde (Jean 1 :29). Ce n’est que par Son sang que nous pouvons être justifiés et innocentés devant Dieu.

Résister aux compromis

Dieu ne sauva pas Son peuple de la mort pour demeurer en Egypte comme esclave. Dieu S’attendait à ce que le peuple laisse l’Egypte en arrière et qu’il vienne Le servir. Lorsque Moïse se présenta la première fois devant pharaon, avec la demande de laisser partir les Israélites, la réponse fut un « non » catégorique. Néanmoins, après avoir subi plusieurs plaies, pharaon essaya d’imposer un compromis.

Premièrement, pharaon suggéra qu’au lieu de quitter l’Egypte, les Israélites pourraient peut-être simplement offrir un sacrifice à leur Dieu dans le pays (Exode 8 :24). Moïse répondit que cela n’était pas possible, car les ordres de Dieu étaient contraires aux coutumes et aux pratiques des Egyptiens. Ils devaient quitter tout ce qui venait d’Egypte pour servir convenablement Dieu. La leçon essentielle pour tous ceux qui composent le peuple de Dieu est de réaliser que Dieu nous a appelés à laisser ce monde en arrière, avec ses voies et ses coutumes.

Après d’autres plaies, pharaon accepta finalement de laisser le peuple aller, mais il mit une condition : seuls les adultes pourraient le faire. Il voulait que les enfants restent sur place. Moïse refusa catégoriquement le compromis. Israël n’était pas disposé à abandonner ses enfants à pharaon. Le peuple de Dieu ne doit pas abandonner ses enfants au monde qui l’entoure.

Finalement, après trois jours de ténèbres sur le pays, pharaon fit de nouveau appeler Moïse. Tout le peuple pourra partir, lui dit-il, sauf les troupeaux. Moïse lui déclara : « Nos troupeaux iront avec nous, et il ne restera pas un ongle » (Exode 10 :26). Le compromis n’a pas sa place en réponse à l’appel de Dieu. Nous ne pouvons tout simplement pas servir Dieu sur des conditions venant du diable !

Avoir un sens de l’urgence

Finalement, lorsque vint le moment pour Dieu de délivrer Israël, il fut dit au peuple de manger la Pâque sans perdre de temps. Ils devaient avoir les « reins ceints » et leurs chaussures aux pieds. La Pâque devait être consommée avec du pain sans levain, du pain fait à la hâte. Le peuple de Dieu devait ressentir une impression d’urgence vis-à-vis de son appel.

Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Devons-nous considérer notre appel pour acquis ? Pouvons-nous prendre du temps, ou répondre superficiellement à Dieu ? Quand l’Eternel passa au-dessus de l’Egypte au cours de la nuit de la première Pâque, le peuple put se rendre compte que c’était une question de vie ou de mort. Il était impatient et pressé de partir.

Lorsque nous avons conscience du péché qui règne en nous, et que nous ressentons vraiment la nécessité d’un Sauveur, alors, nous pouvons voir qu’il y a urgence. David compara son intense désir de Dieu à une très grande soif (Psaume 42 :1-2). Ressentons-nous une envie intense d’une profonde relation avec le Père, et avec notre Sauveur Jésus-Christ ? Cet intense désir s’accompagne-t-il d’un empressement sérieux de notre part ? Nous devons acquérir ce sens de l’urgence dans notre propre vie.

Résister au découragement

Dans la partie diurne du 14 Abib, le peuple s’organisa promptement pour le voyage. Beaucoup de biens précieux d’Egypte leur furent remis (Exode 12 :35-36). Finalement, vers le coucher du soleil, au commencement du quinzième jour du mois (Nombres 33 :3, voir aussi Deutéronome 16 :1), les Israélites entamèrent leur longue marche. Ils pouvaient à peine contenir leur enthousiasme, alors qu’ils sortaient « la main levée ».

L’enthousiasme fut cependant de courte durée. En quelques jours, Israël se retrouva campant devant la mer Rouge, en partie cerné par les montagnes. Puis, la poussière dégagée par les chars de pharaon apparut à l’horizon. Lorsque les Israélites eurent la preuve que l’armée égyptienne s’approchait, ils furent apeurés et profondément abattus. « N’y avait-il pas des sépulcres en Egypte, sans qu’il soit besoin de nous mener mourir au désert ? » crièrent-ils.

L’un des grands combats que nous ayons à mener, après avoir commencé à nous soumettre à Dieu, consiste à lutter contre le découragement. Il se peut que des obstacles insurmontables surgissent, alors que des adversaires effrayants montent contre nous. Dieu permet que nous nous trouvions dans des situations où nous sommes confrontés à notre manque de force. Dans ces cas-là, Il S’attend à ce que nous ne nous fassions pas d’illusions quant à nos propres ressources. Nous devons apprendre à faire confiance à Dieu et à dépendre de Lui en toutes choses, si nous désirons accomplir avec succès notre voyage spirituel. Lorsque nous nous trouvons face à notre propre « mer Rouge », plutôt que d’être prêts à renoncer et à abandonner, rappelons-nous l’exhortation de Moïse au peuple : « Restez en place, et regardez la délivrance que l’Eternel va vous accorder en ce jour » (Exode 14 :13).

Etre reconnaissants

Il est probable que le péché le plus courant soit l’ingratitude. C’est très facile de considérer les bénédictions pour acquises, et de s’étonner qu’il n’y en ait pas plus. Au fur et à mesure qu’Israël s’éloignait de l’esclavage de l’Egypte, l’on aurait pu penser que les gens seraient débordants de gratitude et de reconnaissance pour la délivrance divine. Il n’en fut rien.

Peu après avoir traversé la mer Rouge, les Israélites se retrouvèrent dans une région sauvage, désertique. La nourriture et l’eau vinrent à manquer. Il était pourtant clair que Dieu S’occupait d’eux afin d’accomplir Son dessein. Il avait fait des miracles pour contraindre pharaon de les laisser quitter l’Egypte. Il avait protégé leurs premiers-nés dans la nuit de la Pâque. En outre, Dieu avait accompli un miracle fantastique à la mer Rouge, afin de protéger Israël de l’armée égyptienne, et lui accorder une liberté définitive. En dépit de toutes ces preuves de la protection attentionnée de Dieu, ils commencèrent à murmurer et à se plaindre lorsqu’ils furent arrivés dans le désert. Ils accusèrent Moïse de les y avoir conduit pour mourir de faim et de soif. Ils se lamentèrent en regrettant les meilleures conditions de vie et l’abondance de nourriture qu’ils avaient connues en Egypte (Exode 16 :3).

Malgré leurs plaintes incessantes, Dieu S’occupa toujours des besoins du peuple au cours de leur voyage. Qu’en est-il de nous ? Dieu nous a appelés à sortir du monde pour établir une relation spéciale avec Lui. Néanmoins, le chemin comporte des embûches sous forme de problèmes et de difficultés, auxquels nous devons faire face pour vivre une vie d’obéissance au Créateur. Quelle est notre attitude ? Murmurons-nous et gémissons-nous à cause des problèmes, ou sommes-nous reconnaissants et heureux de l’appel et de la miséricorde de Dieu ? L’une des bonnes façons de résister au découragement et de marcher avec Dieu, dans la foi, consiste à fixer notre attention sur les bénédictions que Dieu nous octroie. Remerciez et louez continuellement Dieu pour ce qu’Il fait.

Ne pas regarder en arrière

Dans Hébreux 11 :24, il nous est dit que Moïse, devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille de pharaon. En fait, cela revient à dire qu’il renonça à l’Egypte. Bien que toute la nation israélite avait quitté le pays d’Egypte, un très petit nombre avait réellement renoncé à l’Egypte. Renoncer signifie abandonner et rejeter.

En étudiant l’histoire de la grande marche d’Israël, nous constatons que le peuple avait gardé la nostalgie du passé en Egypte. Lorsqu’il fut confronté aux épreuves et aux difficultés du sentier que Dieu avait choisi de leur faire suivre, ils reparlaient souvent « des bons vieux jours » de l’Egypte. En vérité, ces jours n’avaient pas été très bons, mais il arrive que la mémoire fasse parfois un peu vite le tri.

Après avoir quitté l’Egypte, le plus grand problème d’Israël fut formulé par Etienne, dans Actes 7 :39. Même si ses pieds avaient quitté le pays, son cœur demeurait encore en arrière ! Israël n’avait pas vraiment abandonné l’Egypte dans son cœur, ce qui se traduisait par toutes sortes d’incidents.

Qu’en est-il des chrétiens de nos jours ? L’essence même de la signification de la Fête des Pains sans levain est que Dieu nous a appelés à abandonner les voies et les valeurs de ce monde profane. C’est comme si nous étions engagés dans un grand voyage. Nous retournons-nous encore vers le monde que nous avons censément quitté, et désirons-nous encore le conserver un peu ? Pour répondre à cette question, il suffit de regarder la façon dont nous vivons. En tant qu’homme, le matérialisme conditionne-t-il votre vie ou, au contraire, êtes-vous concentré sur l’Oeuvre divine et sur l’édification de la famille qui craigne Dieu ? En tant que femme, reflétez-vous la modestie et la vraie féminité, d’après les valeurs divines, ou êtes-vous le reflet des voies décadentes d’une société sensuelle rejetant Dieu ? Afin d’aller jusqu’au bout de notre appel et d’arriver à destination, nous devons renoncer à l’Egypte, dans nos cœurs, et ne pas nous retourner.

Celui qui suscite et qui perfectionne notre foi

Comment se fait-il que la Fête des Pains sans levain comporte deux jours saints – l’un au début, et l’autre à la fin ? Les sept jours de la Fête des Tabernacles n’en comportent qu’un, au début. Rappelez-vous que le Dernier Grand Jour est une Fête totalement distincte.

La réponse la plus nette se situe peut-être dans Hébreux 12 :2, où il est déclaré que Jésus-Christ suscite la foi et la mène à la perfection. Il fallut un miracle de Dieu pour faire quitter l’Egypte à Israël, et il fallut un autre miracle pour que la mer Rouge se referme derrière eux, en les coupant définitivement de l’Egypte. La réussite complète de notre voyage hors du péché – l’Egypte spirituelle – ne pourra avoir lieu que par la puissance de notre Sauveur.

Son aide n’est pas seulement requise pour commencer le voyage, mais elle l’est aussi pour l’endurer et l’achever. La saison de la Pâque nous rappelle la nécessité d’être sauvés et délivrés. Elle nous rappelle aussi que ce ne sont pas des objectifs qu’il nous est possible d’accomplir par nos propres forces, ou par notre seule volonté. Nous avons un Etre suprême qui va devant nous et grâce à qui notre succès est assuré.

Le thème de la saison pascale est la rédemption et l’affranchissement. Dieu prend l’initiative, et nous devons répondre. Cependant, nos efforts humains ne seront jamais suffisants, et Dieu le sait. Nous devrions tirer des leçons de l’exemple d’Israël, afin de savoir répondre convenablement à l’indescriptible amour de Dieu et à Sa miséricorde. La leçon la plus importante consiste à ne jamais oublier de regarder vers Celui qui suscite la foi et la mène à la perfection. Nous devons Lui faire entièrement confiance si nous désirons laisser l’Egypte en arrière, pour aller à la montagne de Dieu.