Année 2020   Mars-Avril Afficher en grands caractères

Comment voyons-nous les autres ?

par Gerald Weston
Ne pas juger les autres

Suite au déchirement de l’Église Universelle de Dieu au milieu des années 1990, des centaines de groupes observant le sabbat se sont formés. Certains sont assez significatifs par rapport à leur taille et au travail qu’ils accomplissent, mais la plupart des centaines de groupes sont de petits groupes familiaux ou locaux, totalement inconnus en dehors de leur région. Les groupes formés autour de dirigeants ordonnés ou non ordonnés présentent généralement des différences doctrinales. Certains se sont eux-mêmes déclarés prophètes ou apôtres – et ils ont convaincu des gens à les suivre. Internet a permis à certains de ces groupes d’attirer à leurs doctrines des individus isolés.

Beaucoup sont confus au sujet de ces anciens membres éparpillés et ils se demandent ce que nous devrions penser au sujet de tous ces groupes. Il y a deux grands modes de pensée à ce sujet. Les premiers se tournent vers Éphésiens 4 :4, où nous lisons qu’il y a « un seul corps et un seul Esprit », et ils en concluent que les gens dans différentes organisations ne peuvent pas faire partie d’un même corps spirituel. Les autres citent des versets montrant que l’Église de Dieu du premier siècle n’était pas toujours aussi unifiée qu’elle aurait dû l’être – mais c’était quand même l’Église de Dieu. « Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! – et moi, d’Apollos ! – et moi, de Céphas ! – et moi, de Christ ! – Christ est-il divisé ? » (1 Corinthiens 1 :12-13). Qui a raison ? Les deux points de vue sont-ils corrects ? Chacun d’entre eux détient peut-être une partie de la vérité.

Il est trop facile de tirer des conclusions basées sur notre compréhension limitée de la façon dont Dieu accomplit les détails de Son plan. Lorsque M. Herbert Armstrong est apparu, l’Église de Dieu du septième jour était divisée en plusieurs camps, comme il le montre clairement dans son autobiographie. Nous comprenons que l’Église représentait alors la fin de l’ère de Sardes et qu’elle débutait sa transition vers l’ère de Philadelphie. Ce fait est beaucoup plus facile à identifier rétrospectivement.

Comme Paul l’a écrit aux Corinthiens : « Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu » (1 Corinthiens 13 :12). Ce passage est extrait de ce que nous appelons « le chapitre de l’amour » et Paul comparait ce qui était important avec ce qui était moins important. Il montrait ce qui comptait vraiment : « Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour » (verset 13).

Quelle est la leçon ?

M. Meredith nous rappelait souvent que la Bible est la pensée du Christ. Elle rapporte Son mode de pensée et nous devons nous nourrir du Christ en étudiant la parole qu’Il a inspirée (Jean 6 :53-58). Voici un passage des Écritures qui rend beaucoup de gens perplexes et qui en tirent de mauvaises conclusions : « Jean prit la parole, et dit : Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons en ton nom ; et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne nous suit pas. Ne l’en empêchez pas, lui répondit Jésus ; car qui n’est pas contre vous est pour vous » (Luc 9 :49-50). Comment devons-nous comprendre ce passage ?

Notez que Jésus a dit que cet homme n’était pas contre eux. Il ajouta qu’il était pour eux. Jésus cautionnait-Il cet homme ? Approuvait-Il tous ceux qui proclamaient le nom du Christ, aussi longtemps qu’ils gardaient le sabbat et les Jours saints ? Si nous comparons tous les versets à ce sujet, nous voyons que ce n’est pas le cas !

Nous devrions prendre en compte un passage familier pour bien comprendre la déclaration que Jésus fit à Jean. Si vous ne vous y êtes jamais attardé auparavant, vous verrez que ces versets élucident notre question. Jésus déclara : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Matthieu 7 :21-23). Un individu peut donc chasser des démons au nom du Christ, tout en étant rejeté par Lui lors de Son avènement. Mais alors, pourquoi Jésus ordonna-t-il à Jean de laisser cet homme en paix (cf. Luc 9) ?

Le récit de Marc au sujet de l’homme qui « ne nous suit pas » apporte plus de précisions concernant la réponse de Jésus : « Ne l’en empêchez pas […] car il n’est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous » (Marc 9 :39-40). Jean fut probablement perplexe face à cette réponse. Nous ne savons rien d’autre au sujet de cet homme. Était-il « juste » ou était-il un opportuniste ? Était-il un sacrificateur – quelqu’un ayant une responsabilité ecclésiastique ? Ou était-il un exorciste autoproclamé qui se servait du nom de Jésus ?

Jésus reconnaissait le fait que des individus chassaient des démons à Son époque. Lorsqu’Il fut accusé à tort d’utiliser la puissance de Béelzébul, Il répondit : « Et si moi, je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges » (Luc 11 :19).

La définition du sectarisme

Dans certaines versions de la Bible, les éditeurs ajoutent un sous-titre non inspiré au début de ce passage : « Jésus interdit le sectarisme. » Le sens originel du mot sectarisme ou sectaire signifie : « Le partisan passionné d’une doctrine, spécialement dans le domaine religieux » (Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert). Suite à une mauvaise compréhension de ce passage, des gens dans la religion dominante considèrent que presque toutes les formes de christianisme font partie de l’Église du Christ. Bien entendu, eux-mêmes fixent des limites à ne pas dépasser – il s’agit souvent de l’acceptation de la « Trinité ».

Nous ne devons pas faire la même erreur et sortir ce passage de son contexte. Nous reconnaissons que le faux christianisme existe. Jésus nous avertit à ce sujet dans la prophétie du mont des Oliviers (Matthieu 24 :4-5) et lorsque le premier sceau est ouvert (Apocalypse 6). Apocalypse 17 emploie des termes peu élogieux pour décrire une grande fausse Église-mère et ses filles. Paul mit en garde les anciens à Éphèse contre les loups déguisés en brebis et contre les dirigeants égocentriques qui divisent le troupeau (Actes 20 :29-31).

Paul nous dit aussi que « quelques-uns, il est vrai, prêchent Christ par envie et par esprit de dispute ; mais d’autres le prêchent avec des dispositions bienveillantes. Ceux-ci agissent par amour, sachant que je suis établi pour la défense de l’Évangile, tandis que ceux-là, animés d’un esprit de dispute, annoncent Christ dans des intentions qui ne sont pas pures et avec la pensée de me susciter quelque affliction dans mes liens » (Philippiens 1 :15-17). Paul écrivait depuis sa prison et ces autres prédicateurs faisaient la « publicité » de sa personne et de son message au sujet du Christ.

La valeur de la “publicité”

Jésus nous dit que « les enfants de ce siècle sont plus avisés à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière » (Luc 16 :8). Les célébrités comprennent ce que nous échouons souvent à comprendre : « L’absence de publicité est une mauvaise publicité. » Même les commentaires négatifs sur les gens et les idées les font connaître au public. Bien que le principe disant que « l’absence de publicité est une mauvaise publicité » fonctionne à de nombreux égards, il a aussi ses limites et il ne s’applique pas dans certains cas.

Le passage dans Philippiens 1 commence avec une observation de l’apôtre Paul disant : « Ce qui m’est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l’Évangile. En effet, dans tout le prétoire et partout ailleurs, nul n’ignore que c’est pour Christ que je suis dans les liens » (Philippiens 1 :12-13). Cela contribua à la propagation du message. Et cela encouragea « la plupart des frères dans le Seigneur » à être plus confiants et moins réticents à parler du Christ (verset 14). C’est dans ce contexte que Paul déclara que certains prêchaient le Christ « par envie et par esprit de dispute » (la rivalité et la compétition), tandis que d’autres avaient de bons motifs – « des dispositions bienveillantes ». Mais qu’il s’agisse de motifs justes et sincères, ou d’ambitions égoïstes, le Christ était prêché.

Quelle conclusion en tirer ?

Jésus n’a jamais dit si l’homme qui chassait des démons entrerait ou non dans le Royaume. Comme nous l’avons lu dans Matthieu 7 :21-23, la porte du Royaume sera fermée à des individus qui auront pourtant chassé des démons au nom du Christ. En parlant de l’homme utilisant Son nom, Jésus disait seulement à Jean que cela ne le regardait pas, de laisser cet homme en paix et de faire l’œuvre qu’il (Jean) était appelé à faire.

Cet exemple, parmi beaucoup d’autres, nous montre que nous devons nous occuper de nos affaires – nous devons nous focaliser sur ce que nous avons reçu l’ordre de faire. Le Christ ressuscité ordonna trois fois à Pierre : « Pais mes agneaux/brebis » (Jean 21 :15-17). Puis Jésus lui dit : « Quand tu seras vieux […] un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas » (verset 18). Alors Pierre voulut savoir ce qu’il adviendrait de Jean et Jésus lui répondit : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi » (verset 22).

Dans la parabole des ouvriers de la vigne, nous voyons aussi le désir de la nature humaine de se comparer. À la fin de la journée, ceux qui avaient travaillé une journée entière se plaignirent car ils reçurent le même salaire que ceux qui avaient travaillé seulement une heure, mais le propriétaire de la vigne répondit : « Prends ce qui te revient, et va-t’en » (Matthieu 20 :14).

Nous devons juger certaines choses selon la parole de Dieu – par exemple la différence entre le bien et le mal. Nous devons aussi prendre des décisions personnelles en cherchant à identifier où Dieu œuvre. J’espère que chacun d’entre nous sait pourquoi il ou elle se trouve dans l’Église du Dieu Vivant. Ou si vous lisez cet article et que vous faites partie d’un autre groupe, que vous sachiez pourquoi vous êtes dans ce groupe. Chacun d’entre nous devrait prendre cette décision en priant et avec beaucoup de précautions. De telles décisions ne doivent pas être basées sur la famille ou les amis, mais sur les fruits qui montrent là où Dieu travaille vraiment.

Cela étant, il y aussi des sujets qui ne nous regardent pas. C’est à Dieu de juger les nombreux groupes, grands ou petits. Nous n’avons pas à les juger ou à nous comparer. Nous ne devrions même pas oser le faire ! « Nous n’osons pas nous égaler ou nous comparer à quelques-uns de ceux qui se recommandent eux-mêmes. Mais, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant à eux-mêmes, ils manquent d’intelligence » (2 Corinthiens 10 :12).

Cela signifie-t-il que tous les groupes qui observent le sabbat et les Jours saints se ressemblent et qu’ils plaisent à Dieu de la même manière ? Certains prétendent que nous croyons tous à la même chose. Est-ce vraiment le cas ? Apparemment, non. Si c’était le cas, nous serions tous ensemble. Il incombe à chacun de savoir pourquoi nous nous trouvons là où nous sommes et nous devons mettre en pratique ce que Jésus a dit à Jean concernant ceux qui sont ailleurs : laissons-les en paix et laissons Dieu être le juge. « Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Or, si tu juges la loi, tu n’es pas observateur de la loi, mais tu en es juge. Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre ; mais toi, qui es-tu, qui juges le prochain ? » (Jacques 4 :11-12).

Ah, mais il y a le mot « frère ». Pouvons-nous considérer quelqu’un d’un autre groupe comme étant un frère ou une sœur ? En réalité, comment pourrions-nous ne pas le faire ? Sommes-nous comme le docteur de la loi qui demanda à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » (Luc 10 :29).

Jésus n’a pas dit que Jean devait aller vers l’homme en question pour joindre leurs efforts et travailler ensemble vers un compromis. Et nous ne devons pas le faire. L’homme aurait pu choisir de les suivre, mais il ne le fit pas. Pourquoi ? Nous ne savons pas. Cela aurait été la décision la plus sage à prendre et peut-être le fit-il ultérieurement. Ce que nous savons est que Jésus dit à Jean de le laisser en paix.

Lorsque nous voyons d’autres personnes faire une œuvre similaire à la nôtre, nous ne devrions pas être inquiets. Nous devons savoir pourquoi nous-mêmes, en tant qu’individus, avons choisi d’être là où nous sommes, mais il n’est pas sage de nous comparer aux autres. Dieu est le juge. Chacun d’entre nous, dirigeants ou membres, devra un jour Lui rendre compte des décisions prises au cours de cette vie.

De nos jours, il ne fait aucun doute que certains « prêchent Christ par envie et par esprit de dispute », car ils sont « animés d’un esprit de dispute ». D’autres le font sincèrement, « avec des dispositions bienveillantes ». Oui, nous devons baser nos décisions sur des faits bibliques, en comparant des choses telles que les doctrines, la forme de gouvernement et la mission. Nous devons faire cela. Nous ne pouvons pas faire de compromis avec la vérité au motif de procurer un sentiment de fausse unité. Mais nous ne devons pas non plus juger les motifs des autres. Il est vrai que les motifs de certains sont tellement évidents que seul un insensé pourrait être aveugle au point de ne pas les voir. Jésus Lui-même qualifia certains dirigeants religieux d’hypocrites (Matthieu 23). Cependant, notre responsabilité est de laisser en paix ceux qui ne sont pas avec nous et de nous focaliser sur l’Œuvre que nous devons accomplir. Comme Paul le conseilla aux Corinthiens qui étaient divisés : « C’est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due » (1 Corinthiens 4 :5).

Nous célébrerons bientôt la Pâque et les Jours des Pains sans Levain. C’est une époque d’introspection. Peu d’entre nous – voire aucun d’entre nous – n’avait vu venir l’éclatement de l’Église Universelle de Dieu. Cette situation créa beaucoup de méfiance et de confusion. Un jour, nous regarderons en arrière et nous aurons une vue d’ensemble bien plus grande que ce que nous voyons actuellement, mais nous devrions tous être capables de nous accorder sur un point : il y a eu beaucoup trop de jugements les uns envers les autres et envers les autres groupes – dans tous les groupes. Ce n’est pas la pensée du Christ !