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J’avais tort !

par Gerald Weston
Gerald Weston

Il y a plus de 20 ans, mon épouse et moi avons traversé une épreuve très difficile. C’est la seule fois de ma vie où j’ai perdu du poids en raison du stress – environ 4 kg en trois semaines, ce qui était très visible puisque que j’étais maigre à cette époque. Un peu plus tard, j’ai entendu un chirurgien dire que le stress était la cause des problèmes de santé dont mon épouse souffrait à ce moment-là.

Les ministres ont l’habitude d’être maltraités par certains membres. Cela pourrait vous choquer, mais c’est la vérité. Souvent, cela vient des personnes pour lesquelles vous avez dépensé le plus de temps et d’énergie pour leur venir en aide. Je me souviens d’une lettre envoyée par un homme que j’avais aidé de toutes les façons possibles. Son message commençait ainsi : « Je ne vous ai jamais apprécié. Vous ne m’avez jamais aidé, ni moi ni ma famille. Tout ce que vous avez fait pour nous, vous l’avez fait par obligation. » Et croyez-moi, la suite de la lettre était bien pire !

Une autre fois, j’ai reçu un courrier d’un ancien assistant pasteur, des dizaines d’années après que nous eûmes travaillé ensemble. Il avait plusieurs reproches à me faire, y compris des choses dont je ne me souvenais pas. Désormais, je pouvais comprendre pourquoi certaines situations l’avaient fâché, bien que je l’aie repris pour de bonnes raisons, mais la plupart des reproches concernaient des choses qu’il aurait dû surmonter il y a très longtemps. Le point intéressant est qu’il n’inscrivit aucune adresse d’expédition sur l’enveloppe. Il ne voulait pas recevoir de réponse. Il voulait simplement se « libérer d’un fardeau », peut-être comme une thérapie.

Franchement, au fil des ans, j’ai fait de nombreuses erreurs que j’aimerais oublier et je suis reconnaissant que notre Créateur soit plein de bonté et prêt à pardonner. Mais en général, j’ai une assez bonne conscience concernant les circonstances mentionnées précédemment, en sachant quels étaient les faits.

Nous ne sommes pas seuls

En janvier 2014, le clergé de l’Église unie du Canada, issue d’un regroupement de dénominations protestantes en 1925, a créé un syndicat. Le Toronto Star, le deuxième journal le plus distribué au Canada (selon les derniers chiffres de 2017), rapportait à ce sujet :

« Le but de l’association professionnelle nouvellement créée, Unifaith, est de donner une voix commune aux employés de l’Église, aux membres de leur famille, aux ministres en formation et aux retraités. En plus de lutter ensemble pour la sécurité de l’emploi du clergé et des autres employés rémunérés, les projets du nouveau syndicat sont d’aider à combattre le harcèlement et, dans certains cas, les agressions physiques contre le clergé par des membres des congrégations ou des personnes extérieures […] De plus, beaucoup de membres du clergé de l’Église unie se sont plaints d’être surchargés de travail, un autre problème que les prochaines actions du syndicat devront prendre en compte » (21 janvier 2014).

C’est une déclaration assez choquante lorsque nous considérons le travail acharné que délivre le ministère de l’Église du Dieu Vivant. Aussi, je ne place pas les critiques que nous recevons parfois au même niveau que le harcèlement et les violences physiques. Le fait est que nous voyons tous les choses selon notre propre perspective. La vie et le travail dans le ministère ne ressemblent pas à ce que beaucoup de membres peuvent imaginer. Les enfants pensent souvent que les parents ne les comprennent pas, mais les enfants n’ont jamais fait l’expérience du rôle des parents, tandis que ces derniers ont été enfants. De la même manière – en disant cela, je ne compare aucunement les membres à des enfants – chacun d’entre nous dans le ministère a d’abord été un membre sans responsabilité. Nous avons aussi des supérieurs, et chacun d’entre nous – membre ou ministre – doit répondre à l’Autorité suprême dans notre vie.

Pourquoi mentionner tout cela ? Permettez-moi de revenir au paragraphe d’introduction. Bien que j’aie commis beaucoup d’erreurs au cours des deux décennies passées dans le ministère à cette époque-là, je pense que j’avais une bonne réputation parmi les membres et mes supérieurs. Mais après avoir été muté à une nouvelle affectation, mon épouse et moi avons subitement commencé à affronter de graves accusations qui étaient envoyées au siège central de l’Église. L’une d’entre elles était que « nous ne montrions pas assez d’amour ». Que cela soit vrai ou non – et je maintiens que c’était faux – comment peut-on se défendre contre de telles accusations ? Il y avait également trois ou quatre autres accusations dont il était facile de prouver qu’elles étaient totalement fausses.

Cela eut lieu à l’époque où l’Église Universelle de Dieu s’effondrait et – comme je l’ai souvent mentionné – lorsque l’amour est mis en opposition à la loi, il est temps d’aller chercher refuge ailleurs. Le résultat de ces accusations fut que j’étais considéré coupable, sans tenir aucun compte des faits, au moins ceux qui auraient pu être vérifiés d’une manière ou d’une autre.

Certaines personnes considèrent les événements passés afin d’en tirer des leçons, d’autres se trouvent des excuses et elles réécrivent l’histoire à leur avantage. Le fait d’endurer de fausses accusations de la part des membres est une chose que tout ministre doit apprendre à accepter, mais lorsque vos supérieurs vous jugent coupables alors que les faits montrent le contraire, c’est une autre affaire. Je dois avouer que Carol et moi avons eu besoin de trois années pour surmonter ce qui s’était passé, après avoir quitté cette organisation en raison de l’apostasie totale qui eut lieu.

En parlant avec M. Meredith et M. Carl McNair afin de les rejoindre pour faire l’Œuvre, j’avais mentionné brièvement ce qu’il s’était passé et je leur avais dit que je n’accepterais plus jamais cette sorte de traitement. Mais j’avais tort !

Deux leçons importantes

J’avais tort – pas parce que des situations similaires ont eu lieu après cela, mais parce que mon attitude n’était pas conforme aux instructions bibliques. Pierre a enseigné : « Car c’est une grâce de supporter des afflictions par motif de conscience envers Dieu, quand on souffre injustement. En effet, quelle gloire y a-t-il à supporter de mauvais traitements pour avoir commis des fautes ? Mais si vous supportez la souffrance lorsque vous faites ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu. Et c’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces » (1 Pierre 2 :19-21).

Ce sont des paroles puissantes – des paroles faciles à lire, faciles à comprendre, mais tellement difficiles à mettre en pratique. Il est facile de les prononcer, mais ces paroles ne reflètent pas toujours ce qui vient de notre cœur ! À l’époque, au lieu de comprendre ce que Pierre a enseigné et ce que notre Sauveur a enduré, j’ai découvert combien d’autres hommes et femmes avaient eu des expériences similaires. Récemment, M. Winnail avait mentionné que « les personnes mécontentes rencontrent souvent d’autres personnes mécontentes » et ces paroles s’appliquent tout à fait à notre situation.

C’est une des leçons que j’ai dû apprendre, mais cela n’est venu qu’après avoir changé de direction. Une fois que je m’étais focalisé sur la prédication de l’Évangile, la colère diminua et je vis la situation plus clairement. Puis, je fus capable d’oublier ces choses anciennes et de me tourner vers l’avenir.

La deuxième leçon découle de la première. C’est seulement à ce moment-là que j’ai pu analyser ce qu’il s’était passé sous une nouvelle perspective. Je savais au fond de moi qu’une grande partie du problème ne venait pas de moi, mais j’arrivais finalement à admettre, pour moi-même et devant Dieu, que j’aurais pu faire les choses différemment. Oui, je faisais partie du problème. Je ne sais pas si ma part représentait 10%, 15% ou 2% du problème, mais j’aurais dû accepter la responsabilité de mes propres erreurs.

J’ai tiré plusieurs conclusions de ces situations. Premièrement, je devais internaliser le message de Pierre concernant le fait d’endurer les souffrances injustes. Deuxièmement, je devais m’efforcer de ne plus jamais être amer suite aux mauvaises actions de quelqu’un d’autre. Peut-être que je serais corrigé de la mauvaise manière, mais cela ne veut pas dire que l’autre personne a de mauvaises intentions. Et même si c’était le cas, Pierre nous enseigne la façon de gérer une telle situation. J’en ai conclu qu’aussi longtemps que mes supérieurs étaient de véritables serviteurs (bien qu’imparfaits) de Dieu, je devais me soumettre à cette autorité. Après tout, j’avais reçu l’imposition des mains à mon baptême. J’admettais volontairement, même si je ne le comprenais pas très bien à ce moment-là, que je me plaçais sous l’autorité imparfaite de l’Église. Dieu dit que les épouses doivent être « soumises à leur mari en toutes choses », mais quel mari est parfait ? Quel ministre est parfait ? Les maris comme les ministres commettent de nombreuses erreurs et nous devons apprendre dans les deux cas à être patients et à pardonner.

Les erreurs d’un ministre peuvent prendre bien des formes. Parfois nous utilisons des paroles manquant de sagesse, voire offensantes. Voyez le troisième chapitre de l’épître de Jacques, lorsqu’il nous avertit de ne pas convoiter le fait d’enseigner la vérité, « car nous péchons tous en plusieurs choses ; si quelqu’un ne pèche pas en paroles, c’est un homme parfait, et il peut même tenir en bride tout le corps » (Jacques 3 :2, Martin). Le Christ nous avertit de ne pas offenser les « enfants » – dans ce contexte, ceux qui sont nouveaux dans la foi, qui manquent d’expérience ou de sagesse (Matthieu 18 :6). Certains sont prompts à citer ce verset, mais des membres de longue date devraient-ils l’appliquer à eux-mêmes ? Ou plutôt, ne devraient-ils pas considérer le verset suivant ? « Il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment ta loi, et il ne leur arrive aucun malheur » (Psaume 119 :165), ou comme le traduisent d’autres versions, aucun obstacle ne les scandalise (Jérusalem) ni ne les fait tomber (Semeur) – aucun obstacle ne les offense.

Chers frères et sœurs, j’espère que vous pourrez apprendre de mon expérience. Il existe deux façons d’apprendre : une facile et une difficile. L’une mène à la vie et l’autre mène à la mort. Comme Paul nous l’a enseigné : « Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu ; à ce qu’aucune racine d’amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n’en soient infectés » (Hébreux 12 :14-15).

Une responsabilité partagée

Ceux qui ont un poste d’autorité et ceux qui sont soumis à l’autorité doivent tous apprendre à travailler ensemble. Ce n’est pas toujours possible, comme Paul l’admit, mais nous devons faire sincèrement notre part. « Ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres. N’aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux. Ne rendez à personne le mal pour le mal […] S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes » (Romains 12 :16-18).

De nombreux versets abordent ce sujet. Ils sont faciles à lire, mais aussi faciles à écarter, en se disant : « Cela ne s’applique pas dans mon cas. » Le Christ vit-Il vraiment en vous, ou est-ce simplement une phrase vide de sens ? Je ne cherche pas à intimider qui que ce soit, je parle comme une personne qui doit aussi croître continuellement en Christ. Méditez sur ces versets. Voyez comment ils s’appliquent à votre cas en particulier, surtout si vous sentez que vous avez été lésé(e) et que vous savez que vous avez raison.

De temps en temps, des plaintes arrivent à mes oreilles contre un ministre qui aurait maltraité une personne ou enseigné des erreurs. Frères et sœurs, j’ai moi-même été coupable de ces deux erreurs. Oui, en plus de 50 ans, j’ai fait plus d’une fois ces erreurs – souvent par ignorance, mais jamais de façon intentionnelle. Je ne parle pas ici de faux enseignements concernant le sabbat ou la loi divine, mais j’ai parfois, sans mauvaise intention, parlé erronément d’une prophétie ou d’un verset que j’avais mal compris. J’ai aussi réagi de façon disproportionnée dans certaines situations. Encore une fois, il n’y avait pas de mauvaise intention de ma part. Je suis humain. C’est aussi le cas de votre ministre et c’est votre cas.

J’aime l’épître de Paul aux Éphésiens, notamment lorsqu’il parle de maintenir l’unité de la foi : « Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec amour, vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éphésiens 4 :1-3). « Supporter » implique d’être tolérant, de « s’accommoder » de quelqu’un – ou de quelque chose. Le véritable christianisme implique de tolérer les faiblesses et les lacunes des autres êtres humains.

Les mariages échouent souvent à cause de cela. Certains individus « laissent tomber » une Église de Dieu pour se réunir avec une dénomination car ils trouvent cela plus facile que de « supporter » leur ministre ou d’autres membres. Certains restent dans la même Église de Dieu, mais ils déménagent pour être plus proches de leur ministre préféré, celui qui les « comprend » ou qui les met en avant. Cependant, Paul nous dit qu’il y a une diversité de « dons », de « ministères » et « d’opérations » (1 Corinthiens 12 :4-6). Il n’y a pas deux ministres pareils. C’est la raison pour laquelle nous essayons que les ministres en formation ne soient pas préparés par une seule personne. Nous apprenons des leçons différentes de la part d’individus différents, en nous focalisant sur les bonnes choses, pas en cherchant les mauvaises. Nous devrions être capables de discerner entre une action résultant de la faiblesse d’une personne en particulier et une autre qui relève clairement de l’apostasie. C’est très différent !

Frères et sœurs, nous devons apprendre à travailler ensemble. L’orgueil et l’hypersensibilité sont souvent au cœur de nos problèmes. Parfois, des ministres ne sont pas sûrs d’eux-mêmes et ils réagissent exagérément lorsqu’ils sont confrontés à une question à laquelle ils ne peuvent pas répondre, ou quand une personne leur dit qu’ils ont tort. Les ministres comme les membres devraient laisser de côté l’orgueil et la vanité. Nous devons tous apprendre à parler ouvertement et respectueusement les uns avec les autres. Nous devons cesser de chercher des fautes chez les autres. Souvenez-vous de l’exhortation de Jésus : « Ne jugez point [ne condamnez point], afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez » (Matthieu 7 :1-2).

Frères et sœurs, que nous soyons membres ou ministres, imprégnons-nous de toutes ces exhortations. Méditons sur la façon dont elles s’appliquent à notre cas. Et laissons le Christ vivre en nous et à travers nous !