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Pourquoi Jésus s’est-il arrêté après une virgule ?

par Ken Frank

Si vous avez lu le récit de la visite de Jésus dans une synagogue où Il lut à voix haute un passage d’Ésaïe, avez-vous remarqué qu’Il a interrompu la lecture en plein milieu d’un verset, après une virgule ? C’était une technique de prédication très inhabituelle, mais délibérée de Sa part. Jésus était reconnu comme un membre de Sa synagogue de Nazareth et, selon la tradition juive du premier siècle, Il fut invité à lire un passage tiré de la Loi ou des Prophètes. « On lui remit le livre du prophète Ésaïe » (Luc 4 :17). Mais ce qu’Il lut et commenta provoqua leur colère. Ils menacèrent de Lui ôter la vie. Luc est le seul à rapporter cet incident dans Luc 4 :16-30.

Jésus cita deux passages d’Ésaïe qu’Il avait commencé à accomplir : Ésaïe 61 :1-2 et 58 :6. Combiner deux textes avec un thème similaire était une pratique courante appelée gezerah shava. Si vous lisez la version originale dans Ésaïe, vous noterez que le texte a été légèrement reformulé dans le récit de Luc. C’est assez courant à travers le Nouveau Testament. Dieu, l’Auteur et l’Éditeur suprême de la Bible, a la liberté de réviser et de reformuler Sa parole si nécessaire, en fonction du contexte dans lequel elle est citée.

Jésus est d’abord venu comme un prophète

Lorsque Jésus proclama que l’Esprit était sur Lui, Il voulait dire qu’Il était destiné à accomplir une œuvre surnaturelle. Dans Luc 4 :18, Il expliqua qu’Il avait été oint par l’Esprit (voir Actes 10 :38). Dans l’Ancien Testament, la cérémonie de l’onction avec de l’huile servait à investir dans des rôles de sacrificateur, de prophète ou de roi. Jésus vint d’abord en tant que Prophète (Matthieu 21 :11 ; Jean 7 :40), de nos jours Il est notre Souverain Sacrificateur dans les cieux (Hébreux 4 :14-15) et Il reviendra en tant que Roi (Apocalypse 11 :15 ; 17 :14). Il occupe les trois rôles à la fois.

Jésus expliqua que cette onction Lui permettait de prêcher l’Évangile aux pauvres et Luc mit l’accent sur l’intérêt que Jésus porta à ceux-ci, qui étaient souvent à la merci des dirigeants et des hommes d’affaires sans scrupule. Il était souvent considéré que leurs souffrances étaient dues à une malédiction divine et que c’était de leur faute. En revanche, ceux qui aidaient les pauvres étaient considérés comme étant particulièrement justes puisque cette aumône était synonyme de justice dans l’esprit de beaucoup à cette époque.

Jésus proclama ensuite qu’Il avait été envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, y compris ceux dont les larmes causées par leurs péchés conduisent à la repentance. Il continua Son sermon en disant qu’Il était venu prêcher la délivrance aux captifs, c’est-à-dire le pardon des péchés et l’exemption de leur amende. Jésus délivrera ceux qui sont retenus captifs dans les pièges de Satan, physiquement, en pensée ou en esprit.

Jésus ajouta qu’Il était venu pour rendre la vue aux aveugles, y compris ceux qui sont spirituellement aveugles à la vérité divine. Au cours de Son ministère terrestre, Il guérit physiquement de nombreux aveugles. Il déclara ensuite qu’Il était venu libérer les opprimés. Jésus vint libérer les peuples du lourd fardeau du péché et des restrictions rabbiniques oppressantes.

Jésus savait ce que signifiait être pauvre, avoir le cœur brisé et être opprimé (Ésaïe 53 :3-5). La phrase « Pour renvoyer libres les opprimés » dans Luc 4 :19 était une insertion de Jésus dans une paraphrase d’Ésaïe 58 :6. Il annonçait une époque où le salut serait disponible pour tous. La dernière phrase d’Ésaïe 61 :2 déclare que, tout au long de Son ministère, Il est venu consoler ceux qui sont affligés par une perte ou un péché. Il fait toujours cela de nos jours !

Un arrêt après une virgule

Dans Luc 4 :19, Jésus ne cita qu’une partie d’Ésaïe 61 :2. Lisons ce verset en entier : « Pour publier une année de grâce de l’Éternel, et un jour de vengeance de notre Dieu ; pour consoler tous les affligés » (Ésaïe 61 :2). « L’année de grâce de l’Éternel » se réfère parfois à l’année du jubilé mentionnée dans Lévitique 25 :8-17. Cependant, Jésus l’appliqua à Son propre ministère. Il offrit la libération du péché et de ses conséquences. Ceux qui acceptèrent Son offre de salut devinrent Ses disciples.

En citant Ésaïe 61 :2, Il omit de lire ce qui vient après la première virgule dans la plupart des versions françaises de la Bible, en ne lisant pas « et un jour de vengeance de notre Dieu » (cf. Luc 4 :19). Il semblait impliquer que le jour de la vengeance de Dieu est réservé pour Son second Avènement, lorsqu’Il reviendra en tant que Roi conquérant et qu’Il exercera la vengeance, c’est-à-dire la justice, contre ceux qui s’opposent volontairement à Lui.

À l’époque, de nombreux Juifs croyaient que leur salut était conditionné à leur nationalité plutôt qu’à leur soumission à Dieu. Ils considéraient que la vengeance et la rétribution de Dieu étaient réservées aux Gentils. Certaines sectes juives croyaient que le Messie arriverait comme un prince puissant et conquérant à la tête d’une redoutable armée qui vaincrait les ennemis des Juifs. Lorsque Jésus vint en Messie, Il vint en tant que Serviteur, souffrant et mourant pour les péchés de l’humanité, ils Le rejetèrent car Il ne correspondait pas à leurs attentes messianiques. Leur orgueil, leurs préjugés et leurs opinions préconçues les aveuglèrent de leur besoin spirituel de repentance. La suite de ce récit est le résultat de cette attitude.

L’Écriture fut accomplie par un Homme venu de Nazareth

Dans Luc 4 :20, Jésus acheva Sa lecture, referma le rouleau d’Ésaïe et le rendit, afin de pouvoir s’asseoir et délivrer un sermon sur ces passages. Les yeux de la congrégation étaient rivés sur Lui. Le suspense et la tension augmentaient alors que les gens se demandaient ce qu’Il allait dire ensuite. Il proclama que ces textes étaient en train d’être accomplis en leur présence (Luc 4 :21). Mais ceux qui l’écoutaient s’attendaient plutôt à ce que ces passages soient accomplis à une époque messianique à venir. Jésus leur dit que cette phase de Son ministère avait déjà commencé et qu’il leur était offert de se repentir et de devenir des disciples.

Les membres de l’auditoire s’étonnèrent que de telles paroles viennent de quelqu’un qu’ils connaissaient depuis Son enfance. Ils demandèrent : « N’est-ce pas le fils de Joseph ? » (Luc 4 :22). Comment pourrait-Il être le Messie ? Jésus prédit dans Luc 4 :23 qu’au lieu de répondre favorablement à Son offre, ils Lui citeraient un proverbe remettant en question le pouvoir et l’autorité d’une personne : « Médecin, guéris-toi toi-même ! »

Au lieu de répondre à Son offre, ils voulaient qu’Il accomplisse un miracle – ils avaient probablement entendu parler des miracles qu’Il avait effectués pendant le début de Son ministère en Judée et à Capernaüm. À ce moment-là, Jésus avait déjà transformé l’eau en vin et Il avait guéri le fils d’un notable. Par pure curiosité, ils voulaient voir un miracle, mais ils ne voulaient pas transformer leur vie au moyen d’une véritable réponse spirituelle.

Nul n’est prophète en son pays

Jésus expliqua que les prophètes sont rarement crus dans leur pays (Luc 4 :24). Jésus cita une expression proverbiale qui Le plaça dans une longue lignée de prophètes que ce peuple avait rejetés. Dans le cas de Jésus, Ses semblables Le rejetèrent pour avoir fait remarquer les exemples d’Élie et d’Élisée, des prophètes de l’Ancien Testament qui avaient effectué des miracles pour les Gentils pendant une époque d’apostasie en Israël (Luc 4 :25-27).

Cela dépassait les limites de ce que ses auditeurs pouvaient entendre et leur colère éclata (Luc 4 :28). Leur rage infusait lorsqu’ils étaient assis en train de L’écouter, mais à présent, elle débordait. Ils comprirent rapidement comment Jésus appliquait ces récits de l’Ancien Testament à eux-mêmes. Il révéla qu’ils étaient tout autant apostats que les Israélites à l’époque d’Élie et d’Élisée. Au lieu d’accepter le message de se repentir de leurs péchés, ils choisirent d’attaquer le Messager. La familiarité avait engendré le mépris à l’égard de l’un des leurs.

Ils refusaient d’humilier leur cœur. Leur fort orgueil nationaliste et leur sectarisme ne supportaient pas la pensée que Dieu ait bénit des non-Israélites à l’époque d’Élie et d’Élisée. En effet, Jésus avait comparé Ses concitoyens à leurs ancêtres mécréants. Un an plus tard, Jésus leur donna même une autre opportunité, mais au lieu de la saisir, ils furent offensés. Par conséquent, Il effectua très peu de miracles dans Sa ville natale (Matthieu 13 :53-58 ; Marc 6 :5-6). À cette époque, « ses frères non plus ne croyaient pas en lui » (Jean 7 :5).

Dans Luc 4 :29, les membres de la congrégation Le conduisirent en haut d’une colline surplombant Nazareth, avec l’intention de Le précipiter en bas puis de Le lapider à mort pour blasphème. C’était contraire à la coutume juive qui interdisait d’exécuter quelqu’un sans jugement ni pendant un sabbat. De plus, la loi romaine imposait d’avoir la permission du gouverneur avant d’exécuter un des leurs. Ils agissaient comme une foule en colère prête à lyncher quelqu’un.

Mais dans Luc 4 :30-32, Jésus marcha miraculeusement parmi eux et Il continua Son ministère à Capernaüm. Le temps de Sa mort sacrificielle n’était pas encore venu (Jean 7 :30). Ailleurs, beaucoup devinrent des disciples. Jésus vécut selon l’expression proverbiale : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison » (Matthieu 13 :57).

Qu’en est-il de nous ? Laissons-nous la familiarité engendrer le mépris dans nos interactions avec ceux que Dieu a choisis ? Sommes-nous aigris lorsque Dieu accorde des opportunités à ceux qui nous entourent ? Regardons-nous de haut ceux qui ne font pas partie de l’Église de Dieu, simplement parce que Dieu ne les a pas encore appelés à la compréhension ? Examinons la façon dont nous considérons et traitons les autres, apprenons de l’exemple de notre Sauveur et continuons à croître dans Sa grâce et Sa connaissance.