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Relevez le défi de penser comme Dieu

par Gerald Weston

Pendant ma jeunesse, mon père me disait parfois de ranger ma chambre. Je la nettoyais, puis je lui demandais de vérifier, car tant qu’il n’avait pas donné son accord, je savais que je ne pouvais pas aller jouer au baseball ou faire ce que je voulais. Parfois, il vérifiait et me disait que je devais faire un peu plus d’efforts. D’autres fois, il me laissait partir et m’amuser. Il en allait de même lorsque je nettoyais le garage, que je tondais la pelouse ou que j’accomplissais toute autre tâche. Dès que j’avais effectué une tâche, j’avais pris l’habitude de demander à mon père : « Est-ce que c’est bon ? »

Un jour, il me donna une leçon que je n’ai jamais oubliée. Alors que je lui demandais de vérifier mon travail, il me répondit par une autre question : « Est-ce que c’est propre ? » Je n’étais pas prêt pour cela, car je m’étais habitué à faire le minimum nécessaire afin de pouvoir passer aux choses que je voulais vraiment faire. La question « Est-ce que c’est propre ? » reposait désormais sur mes épaules et non plus sur les siennes. J’ai immédiatement ressenti un peu de culpabilité, car je savais que j’aurais pu faire bien mieux.

Au lieu de me donner ou de me refuser la permission de faire ce que je voulais, il me poussa à réfléchir plus profondément et à apprendre à voir les choses telles qu’elles doivent l’être. Comment cela peut-il s’appliquer à nous, en particulier à l’approche de la Pâque et des Jours des Pains sans Levain, une période propice à un examen de soi approfondi ?

Parfois, la question « Est-ce que c’est bon ? » est une demande sincère exprimant le désir de savoir réellement si nous aurions pu mieux faire. Mais trop souvent, cette question sous-entend : « Est-ce que je peux m’en tirer à bon compte comme ça ? » La nature humaine nous pousse naturellement à nous approcher le plus possible du bord de la « falaise du péché », mais sans y tomber. Par exemple, les Écritures nous apprennent que la fornication et l’adultère sont des péchés, mais nous arrive-t-il d’essayer de voir jusqu’où nous pouvons nous approcher de la ligne rouge, sans la franchir ?

Recherchons-nous le frisson et l’excitation de nous approcher le plus possible du bord de la falaise ? Ou certains d’entre nous espèrent-ils même secrètement « trébucher » et tomber de la falaise, en se disant qu’ils se repentiront plus tard ?

Au-delà d’une liste de règles et d’interdits

Jésus dut faire face aux pharisiens qui tenaient une longue liste de règles et d’interdits. Leur conception était qu’ils avaient la liberté de faire tout ce qu’ils voulaient, à partir du moment où ils restaient dans le cadre de cette liste détaillée qu’ils avaient eux-mêmes établie. Que leur a répondu Jésus ?

« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses. Conducteurs aveugles ! qui éliminez le moucheron, et qui avalez le chameau » (Matthieu 23 :23-24).

Chez ceux qui adoptent une approche basée sur une « liste de vérification », des questions plus importantes sont souvent ignorées ou évitées. Jésus-Christ dit aux pharisiens qu’ils avaient négligé les points les plus importants de la loi que sont la justice, la miséricorde et la fidélité (la foi). Ces points sont moins faciles à définir. Ils ne sont pas indéfinissables, mais ils exigent que nous fassions preuve d’un jugement juste. À mesure que notre compréhension augmente et que le Christ vit en nous par l’intermédiaire du Saint-Esprit, nous devons mûrir afin de pouvoir porter des jugements selon le point de vue divin (Galates 2 :20 ; Hébreux 5 :14). Le fait de payer la dîme sur certaines choses est très clair. Si quelqu’un dit que vous devez payer la dîme sur la menthe, l’aneth et le cumin, il s’agit de directives claires et précises : comment, quand et combien. Nous pouvons éprouver de la satisfaction lorsque nous le faisons. Mais en l’absence de règles ou d’interdits clairs sur la justice, la miséricorde ou la fidélité, il n’est pas facile de savoir si nous avons plu à Dieu. Pourtant, il est clair que cela représente « ce qui est [le] plus important ».

Les pharisiens à l’époque du Christ n’étaient pas les seuls à vouloir tenir des listes de vérification extrabibliques. Avec les progrès de la technologie, les juifs orthodoxes actuels cherchent souvent à savoir s’ils peuvent adapter ou adopter des innovations modernes à leur vie religieuse. En 2007, le Jerusalem Post rapportait une tentative de l’Armée de défense d’Israël (Tsahal) de répondre aux « exigences » des soldats religieux :

« La récente décision des hauts gradés de l’Armée de défense d’Israël d’instaurer un “téléphone casher” qui minimiserait la profanation du shabbat est un autre signe de l’influence croissante des soldats religieux dans l’armée. Selon l’hebdomadaire de l’armée Bamachane, Tsahal a acheté ces dernières semaines des centaines de téléphones développés par l’institut Tzomet, un groupe de recherche trouvant des failles technologiques dans la loi juive […] La composition d’un numéro et les autres opérations électroniques sur le “téléphone de shabbat” sont effectuées de manière indirecte, de sorte que la personne qui utilise le téléphone ne ferme pas directement les circuits électriques. À la place, un œil électronique balaie les touches du téléphone toutes les deux secondes. Si une touche a été pressée, l’œil active le système d’appel du téléphone. Cette méthode d’activation indirecte est appelée grama. »[1]

Autrement dit, le fait de taper les mêmes numéros ne consiste pas techniquement à composer le numéro de téléphone. Imaginez un soldat israélien en appelant un autre sur son « téléphone de shabbat » et lui disant : « Nous devons lancer des tirs d’artillerie sur ces gens qui traversent la frontière. » Cela enclencherait un circuit électrique bien plus puissant qui ordonnerait la mise à feu d’armes de gros calibre ! Mais, selon les juifs orthodoxes, c’est le minuscule circuit électronique du téléphone qui aurait profané le sabbat ! Si vous adoptez cette approche, la liste des règles et des interdits augmentera sans cesse.

Bien que ce soit un peu moins évident à voir, cette même approche est parfois présente chez nous. Songez combien de fois la question « Est-ce que c’est bon ? » signifie en réalité « Est-ce un péché ? » Là encore, tout dépend de l’esprit dans lequel la question est posée.

Les Jours des Pains sans Levain nous enseignent une leçon sur le péché et nous ne voulons assurément pas pécher. Mais les gens utilisent trop souvent des questions de ce genre pour tenter de trouver une excuse justifiant une action dont ils savent, au fond d’eux-mêmes, que ce n’est probablement pas la ligne de conduite la plus juste à tenir. L’apôtre Paul nous donna un excellent conseil en soulignant que certaines choses peuvent être acceptables (ne pas être un péché), mais pas profitables : « Tout est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais tout n’édifie pas » (1 Corinthiens 10 :23 ; 6 :12).

La déclaration de Paul met les chrétiens au défi d’avoir des objectifs plus ambitieux et de poser des questions plus difficiles. Se demander : « Puis-je techniquement justifier mes actions par la loi ? » est une chose – et les pharisiens étaient très doués pour cela. Mais c’en est une autre de se poser des questions telles que : « Est-ce que cela édifie les autres ? », « Est-ce que cela aide la congrégation et ma famille ? », « Est-ce que cela reflète vraiment l’Esprit, la pensée et les désirs de Dieu ? » Les pharisiens n’étaient pas très bons dans ce domaine.

Certains points sont clairement définis dans la Bible. Par exemple, « Peut-on se faire tatouer ? » La réponse est sans ambiguïté : « Vous ne ferez point d’incisions dans votre chair pour un mort, et vous n’imprimerez point de figures sur vous. Je suis l’Éternel » (Lévitique 19 :28). En revanche, voici un autre exemple que beaucoup pensent être aussi clair, mais qui ne l’est pas : « Les hommes peuvent-ils porter une boucle d’oreille ? » Certains diront que les hommes qui le font adoptent une coutume féminine et qu’ils ne devraient donc pas le faire. Mais qu’en est-il d’une société où les hommes comme les femmes portent couramment des boucles d’oreilles ? Il est ainsi possible de se référer à Exode 32, Exode 35, Juges 8 et d’autres chapitres pour mettre en avant que les hommes israélites portaient parfois des boucles d’oreilles, apparemment sans être condamnés.

Alors, qu’en est-il ? La réponse à la question « Est-ce que c’est bon ? » sera parfois oui, parfois non, selon les circonstances. Que la question soit posée intérieurement ou de vive voix, elle ne devrait pas être : « Un homme peut-il s’en tirer à bon compte en portant une boucle d’oreille ? » Nous devrions plutôt garder à l’esprit un avertissement biblique essentiel : « Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable » (1 Jean 3 :22).

Certes, nous devons « garder ses commandements », mais nous devons aussi « faire ce qui lui est agréable ».

Si nous cherchons premièrement à plaire à Dieu, plutôt que de suivre une mode promue par une culture qui repousse délibérément les limites du comportement acceptable, nous nous demanderons naturellement : « Dieu est-Il satisfait lorsque nous essayons d’imiter le monde qui nous entoure ? » (voir 1 Jean 2 :15-17). Sommes-nous incapables de reconnaître qui est à l’origine du cours de ce monde (Éphésiens 2 :2) ? Bien qu’il soit impossible de trouver un passage biblique interdisant catégoriquement aux hommes de porter une boucle d’oreille ou un piercing, comme c’est le cas pour l’interdiction des tatouages, nous pouvons assembler plusieurs versets afin de comprendre la pensée de Dieu. Lisons par exemple ce passage dans Deutéronome 12 :2-4 :

« Vous détruirez tous les lieux où les nations que vous allez chasser servent leurs dieux, sur les hautes montagnes, sur les collines, et sous tout arbre vert. Vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs statues, vous brûlerez au feu leurs idoles, vous abattrez les images taillées de leurs dieux, et vous ferez disparaître leurs noms de ces lieux-là. Vous n’agirez pas ainsi à l’égard de l’Éternel, votre Dieu. »

Ce passage traite de la destruction des symboles et des autels dédiés aux dieux païens. Quel est un des dieux les plus influents de la société moderne ? L’orgueil et la promotion de sa propre personne. Songez au simple fait de porter une casquette de baseball, avec la visière à l’avant pour empêcher le soleil d’atteindre les yeux de celui qui la porte. Est-il acceptable de porter la casquette à l’envers ? Qu’y a-t-il de mal à cela ? Rien… ou tout. Certes, c’est juste un style, mais s’agit-il d’avoir l’air « cool » et de projeter une certaine image de soi ? Une attitude que Satan reconnaîtrait comme étant la sienne ?

Ce genre de réflexion (un examen de soi réel et honnête de nos propres motivations et désirs) est difficile. Bien plus difficile que de consulter une liste de vérification pour savoir si quelque chose est acceptable ou si c’est un péché.

Adopter des principes

Certains d’entre vous se souviennent de la réaction des membres de l’Église Universelle de Dieu lorsque ses dirigeants commencèrent à dire : « Vous pouvez désormais manger du porc et des crustacés. » Le soir même, beaucoup sont allés au restaurant et ont commandé des côtelettes de porc ou des crevettes dès qu’ils ont entendu qu’ils pourraient s’en tirer à bon compte. Ils ne réagirent pas en se basant sur des principes, mais en remplaçant un ancien interdit par une nouvelle règle.

La plupart de ceux qui lisent cet article comprennent bien les principes relatifs aux viandes pures et impures, mais abordons un sujet plus délicat : les anniversaires. Certains se demandent : « Puis-je m’en tirer à bon compte en célébrant mon anniversaire, celui d’un ami ou celui d’un membre de ma famille ? Dans l’affirmative, jusqu’où puis-je aller dans les traditions ou la façon de l’observer ? »

Vous trouverez sans aucun doute des règles juives orthodoxes pour répondre à ces questions. Certains groupes de l’Église de Dieu tentent même d’y répondre dans les moindres détails. Mais ces questions découlent d’un mauvais esprit. Nous devrions plutôt nous demander : « Que pense Dieu des célébrations d’anniversaire ? Quel est leur but ? Qu’en ressort-il ? Se focalisent-elles plutôt sur la voie consistant à donner ou celle consistant à prendre ? » Il est probablement plus difficile de répondre à ces questions que de se conformer à une liste de choses à faire et à ne pas faire. Mais en répondant à ces questions par nous-mêmes, nous montrerons à Dieu où se trouve vraiment notre cœur.

Je me souviens d’une jeune fille de 16 ans exigeant que sa mère la laisse organiser une fête d’anniversaire. J’ai répondu à la mère que la question n’était pas tant de savoir si la fête était acceptable. Dans ce cas, il s’agissait plutôt d’une demande égoïste et rebelle de la part de sa fille.

Je me souviens aussi d’une jeune fille qui me demanda s’il était acceptable de participer à un concert avec l’orchestre de son école, le vendredi soir. Ne voulant pas fournir une réponse qui aurait pu la blesser, nous avons d’abord parlé de la situation pendant quelques minutes, puis je lui ai demandé : « Qu’en pensez-vous ? » et elle a répondu : « Je pense que je ne devrais pas le faire. » J’ai alors réalisé qu’elle connaissait la réponse dès le début de la conversation, mais elle espérait se voir accorder ce que j’appelle parfois une « dispense papale » dans ce genre de situations. Elle essayait de voir si elle aurait pu s’en tirer à bon compte.

Des principes similaires s’appliquent à notre façon de nous habiller et les controverses semblent toujours porter sur les styles vestimentaires des femmes, plutôt que sur les erreurs que les hommes commettent couramment. Par exemple, nous demandons-nous s’il est acceptable pour les femmes de porter un débardeur avec des bretelles fines ? Ou nous demandons-nous comment s’habiller d’une manière qui plaise à Dieu ? « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées. Je veux aussi que les femmes, vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d’or, ni de perles, ni d’habits somptueux » (1 Timothée 2 :8-9).

Le principe est la modestie. Les bretelles fines portées par une jeune fille de 13 ans, physiquement moins développée, sont très différentes de celles portées par une jeune femme plus âgée dont l’anatomie s’est développée. Nous devons fournir quelques principes généraux, mais devrions-nous essayer de dresser une liste de choix modestes qui s’appliqueraient partout dans le monde ? Devrions-nous exiger que les gens s’habillent de la même manière dans le froid glacial du Canada ou dans la chaleur humide des Philippines ? Ne devrions-nous pas plutôt chercher dans la Bible les principes appropriés à appliquer, en demandant à Dieu de nous aider à rechercher Sa pensée ? Une fois encore, si nous essayons avant tout de plaire à Dieu, les détails tendent à se régler d’eux-mêmes.

Poser les bonnes questions

En tant que membres de l’Église de Dieu, nous devons apprendre à porter des jugements justes et pas seulement à consulter une liste de décisions. Cela ne signifie pas que tout est permis. Par exemple, si vous pensez personnellement qu’une chose est modeste, cela ne signifie pas qu’elle le soit forcément. Cela ne signifie pas non plus que les dames plus âgées ne doivent pas donner des leçons de modestie aux plus jeunes. Les jeunes femmes devraient apprécier la sagesse de leurs aînées qui peuvent avoir une meilleure compréhension du message envoyé par une tenue vestimentaire impudique. Le plus important à apprendre et à enseigner est le principe de la modestie, pas la longueur d’une robe au centimètre près ou le type spécifique de bretelles d’un débardeur.

Paul nous donna un autre principe essentiel en écrivant : « Il est bien de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, et de s’abstenir de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute, de scandale ou de faiblesse » (Romains 14 :21). Cela va de pair avec une idée similaire : « Mais que rien, dans votre comportement, ne soit une occasion de chute, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour les membres de l’Église de Dieu » (1 Corinthiens 10 :32, Semeur). Sommes-nous à la recherche de la plus longue liste possible de « choses permises » qui nous permettrait de repousser les limites et d’élargir le champ de ce que nous pouvons faire en nous en tirant à bon compte ? Ce n’est pas une attitude qui plaît à Dieu.

Frères et sœurs, Dieu écrit Ses lois dans notre cœur (Hébreux 8 :10) et Il cherche à reproduire en nous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Philippiens 2 :5). Ne nous limitons pas à respecter physiquement les Dix Commandements, tels que Dieu les donna aux Israélites, mais efforçons-nous d’y obéir tels qu’ils ont été magnifiés par le Christ ! Nous devons acquérir une maturité spirituelle pour y parvenir.

« Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les principes élémentaires des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. Or, quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice ; car il est un enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal » (Hébreux 5 :12-14).

Que cette saison de la Pâque et des Pains sans Levain soit un temps d’introspection profonde, un temps d’évaluation de notre mode de pensée. Faisons de notre mieux pour développer le discernement que Dieu veut édifier en nous, afin de nous approcher de Lui, de Ses voies et de Sa vraie justice !


1. “Kosher phone helps IDF minimize Shabbat desecration”, Jerusalem Post, 14 février 2007