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Samson et Samuel – l’histoire de deux naziréens

par John Ogwyn
(1949-2005)

Au douzième siècle av. J.-C., l’ancien Israël a connu une époque très difficile. Depuis la mort de Josué, la nation traversait une période de crises avec des hauts et des bas dans ses relations avec les nations voisines. Ensuite, après la mort de Gédéon, l’unité de la nation semblait être brisée.

L’un des fils que Gédéon avait eu avec une concubine, avait tué tous ses frères, et s’était proclamé roi sur la partie centrale du pays. A l’est, les Ammonites occupaient la région cisjordanienne d’Israël, qu’ils dominèrent pendant dix-huit ans. Le plus grand danger, cependant, venait des Philistins qui avaient étendu leur domination sur la partie sud et ouest de la nation. Pendant quarante ans, les Philistins contrôlèrent de vastes portions d’Israël.

Ce fut à cette époque de crises que Dieu opéra deux naissances miraculeuses dans le pays. Deux enfants mâles, tous deux consacrés à Dieu dès le ventre de leur mère comme naziréens, ont eu une grande influence sur l’avenir de leur nation. Il est important de noter qu’au moment où les événements semblaient très hostiles à Israël, Dieu avait déjà mis en mouvement un plan qui résoudrait le problème.

Dans Nombres 6, sous l’inspiration divine, Moïse a défini les conditions d’un vœu de consécration spéciale à Dieu, appelé vœu de naziréat. En général, les hommes faisaient ce vœu pour une durée limitée, après quoi il y avait une cérémonie qui en marquait la fin. Pendant la durée de ce vœu, les hommes ne devaient pas se couper les cheveux, ni se raser ; ils ne devaient goûter à aucun produit de la vigne, y compris le vin, les raisins frais ou secs, et ils ne devaient rien toucher qui puisse les souiller.

La Bible mentionne trois hommes qui sont nés sous le vœu de naziréat. Tous trois ont été enfantés par une intervention miraculeuse de Dieu chez leurs parents qui ne pouvaient pas avoir d’enfants auparavant. Ces trois hommes sont Samson, Samuel et Jean-Baptiste. Samson et Samuel étaient des contemporains, bien qu’ils ne soient généralement pas reconnus comme tels. Ils sont nés tous les deux au début de l’oppression d’Israël par les Philistins, et ont joué un rôle important au cours de cette période de l’histoire d’Israël.

Avant d’aller plus loin, il faut comprendre comment nous savons que Samson et Samuel étaient contemporains. Il suffit pour cela de mettre en relation la chronologie des Juges avec celle contenue dans les livres de Samuel et des Rois. Dans 1 Rois 6 :1, nous lisons que la quatrième année du règne du roi Salomon était la quatre cent quatre-vingtième année après la sortie des enfants d’Israël du pays d’Egypte. Ou, la quatre cent quarantième année après l’entrée dans le pays de Canaan sous Josué, car Israël avait passé quarante ans dans le désert, avant d’entrer dans la Terre promise. C’était la quatrième année du roi Salomon, et avant lui le roi Saül et le roi David avaient régné chacun quarante ans, cela faisait donc quatre-vingt-quatre ans que les rois avaient remplacé les juges. Par conséquent, la période de temps qui s’est écoulée entre le moment où Israël a pris possession du pays et celle où Samuel a oint Saül comme roi, est de trois cent soixante-cinq années. Jephthé a pris ses fonctions de juge trois cents années après l’entrée d’Israël dans le pays (Juges 11 :26), soit cinquante-six ans avant le couronnement de Saül. Jephthé est arrivé au pouvoir à la fin des dix-huit années d’oppression des Ammonites.

Les Ammonites ont commencé leur oppression en même temps que les Philistins (Juges 10 :7). Israël fut opprimé quarante années par les Philistins (Juges 13 :1). C’est au début de cette époque que Samson est né, et il a grandi jusqu’à sa maturité sous le gouvernement des Philistins. Les vingt années où il fut juge en Israël coïncident avec les vingt dernières années de l’oppression des Philistins (Juges 16 :30-31). 1 Samuel 7 :13 révèle le rôle de Samuel dans la victoire sur les Philistins et la fin de leur domination sur Israël. Vingt ans auparavant, une terrible bataille s’était soldée par la capture de l’Arche de l’Alliance par les Philistins, et par la mort du souverain sacrificateur Eli et de ses deux fils, Hophni et Phinées. En se basant sur cette chronologie, Samuel aurait été âgé de soixante-quatorze ans lorsqu’il oignit Saül comme roi (1 Samuel 8 :5).

Lorsque nous mettons ensemble tous les éléments, il est clair que Samson et Samuel sont nés au début des quarante années d’oppression des Philistins sur Israël. L’Arche a été capturée la vingtième année. Après un court séjour dans le pays des Philistins, elle est retournée en Israël à Kirjath-Jearim pour les vingt années suivantes. Cette seconde période de vingt ans correspond avec celle où Samson fut juge en Israël. Elle se termina à sa mort, lorsqu’il provoqua l’effondrement du temple de Dagon, qui anéantit tous les chefs philistins. Aussitôt après, Samuel rassembla les enfants d’Israël à Mitspa, pour qu’ils se repentent et qu’ils se consacrent à nouveau au service de Dieu. Ensuite, il les mena contre les armées des Philistins, qui furent complètement soumises pendant le reste du gouvernement actif de Samuel sur la nation (1 Samuel 7 :13).

Sous bien des aspects, les vies de Samson et de Samuel présentent des différences importantes. Ces deux hommes, appelés par Dieu pour un but spécial, ont répondu très différemment à leur appel. Bien que Dieu ait accompli Son objectif à travers chacun d’eux, nous voyons que l’un a appris ses leçons d’une façon facile, tandis que l’autre a tout appris de la manière dure. Lorsque nous examinons attentivement la vie de ces deux contemporains spécialement choisis, nous devons rechercher les leçons que nous pouvons appliquer dans notre propre vie. Nous avons été spécialement choisis et appelés par Dieu pour accomplir un travail. Répondons-nous volontairement comme le fit Samuel, ou aurons-nous à passer par la grande tribulation comme Samson, avant de parvenir à la bonne attitude ?

La vie de Samson

Juges 13 décrit l’apparition d’un ange à la femme de Manoach au début de l’oppression d’Israël par les Philistins. Il est clair que Dieu, bien qu’Il ait permis qu’Israël soit durement éprouvé, n’avait pas oublié Son peuple. Lorsque nous comparons le récit du livre des Juges avec celui de 1 Samuel, nous voyons que le sacerdoce des prêtres était corrompu. Leur exemple a profondément affecté la nation entière, et l’a encouragée à manquer de respect envers Dieu et envers Ses voies.

Cependant, la fidélité de Manoach et de sa femme prouve qu’il est possible de servir Dieu, quelle que soit la conduite des autres personnes. Ce couple âgé et fidèle, qui ne pouvait pas avoir d’enfants, a été comblé par l’apparition d’un ange. Ils ont reçu une promesse de Dieu et des instructions pour l’avenir du fils qu’ils engendreraient.

Bien que Samson ait grandi dans la connaissance de sa destinée, et du vœu spécial de naziréat par lequel il avait été consacré dès le sein de sa mère, il est devenu un jeune homme égocentrique. Nous en avons la preuve dans sa détermination à épouser une femme des Philistins, malgré les efforts de ses parents pour l’en dissuader. Il répondit à son père : « Elle est droite à mes yeux » (Juges 14 :3, version André Chouraqui). C’est une phrase qui se répète tout au long du livre des Juges. Dieu, qui connaissait le caractère et l’attitude de Samson, utilisa plusieurs femmes des Philistins pour qu’il fasse la guerre aux Philistins. Car dans l’esprit de Samson, servir son peuple en le conduisant vers la liberté n’était pas un motif suffisant pour combattre les Philistins. C’était le désir de se venger de l’affront personnel, qui le poussait à l’action.

Dieu a doté Samson d’une force surnaturelle, miraculeuse. Quoiqu’il fût le plus fort des hommes, Samson était, dans un sens, le plus faible. Après avoir épousé une femme des Philistins, malgré l’opposition de ses parents, son mariage tourna vite à la séparation. Samson devint furieux lorsqu’il découvrit que sa fiancée avait révélé un secret aux Philistins. Il la quitta et s’en alla plusieurs mois. Lorsqu’il retourna la voir pour se réconcilier, il apprit qu’elle était mariée à un autre homme, au meilleur ami qu’il avait invité à son mariage. Une fois encore, Samson fut furieux et passa à l’action pour se venger de cette insulte.

Dans Juges 16, nous le voyons entrer chez une prostituée. Les Philistins profitèrent de l’occasion pour essayer de le capturer, mais Samson fit encore des ravages. Il leur prouva qu’il était une véritable armée à lui tout seul, en défiant la suprématie des Philistins. Cependant, nous ne lisons nulle part que Samson essaya de rallier Israël pour le ramener au véritable culte de Dieu, pendant qu’il était juge en Israël. Il fut un chef égocentrique, auto-indulgent et obstiné. Cependant, malgré tout, Dieu l’utilisa pour affaiblir la puissance des Philistins.

Dans le dernier chapitre consacré à sa vie, nous le voyons avec une autre femme des Philistins, Delila. Elle était en réalité à la solde des princes des Philistins pour les aider à s’en rendre maître et à le capturer. Elle commença à le flatter et à le séduire, pour essayer de connaître le secret de sa force remarquable.

A trois reprises, Samson inventa une histoire en affirmant que c’était le secret de sa grande force. A chaque fois, elle fit ce qu’il lui avait dit dans l’espoir de lui faire perdre sa force surnaturelle, afin qu’il devienne comme les autres hommes. Après le troisième échec, elle se mit à pleurer et à se plaindre, disant que Samson ne l’aimait pas, sinon il lui aurait dit la vérité. Dans un acte insensé, Samson finit par le lui révéler. Bien entendu, elle fit comme les fois précédentes, seulement cette fois-ci, elle réussit à le dompter. Ses cheveux et sa barbe qui n’étaient pas coupés, étaient un symbole visible de la consécration de Samson à Dieu. Une fois qu’ils furent coupés, Dieu retira la puissance miraculeuse qui avait été confiée à Samson. Il fut alors facilement maîtrisé par les soldats philistins, qui le firent prisonnier et le rendirent aveugle.

Les soldats placèrent Samson dans une prison où il était enchaîné à une meule, qu’il devait faire bouger en marchant en rond, comme un bœuf. A n’en pas douter, comme il marchait encore et encore, pendant des semaines et des mois, souffrant de la fatigue et incapable de voir, Samson eut beaucoup de temps pour réfléchir sur la vie gaspillée qu’il avait laissée derrière lui. Comme le temps s’écoulait et que ses cheveux et sa barbe commençaient à repousser, une idée traversa l’esprit de Samson.

Il pria Dieu, pour Lui demander la possibilité de combattre les Philistins une dernière fois. Hébreux 11 montre que Samson était un homme de foi. Il semblerait que ce fut seulement après être devenu aveugle, que Samson put réellement voir ! L’occasion se présenta lorsque les princes des Philistins se rassemblèrent pour une fête. Ils décidèrent d’amener Samson au milieu de leur assemblée, pour pouvoir se moquer de ce chef israélite, autrefois si puissant. Ayant demandé à être placé entre deux colonnes maîtresse supportant le temple, Samson fit une dernière prière profonde à Dieu. Il ne demanda pas une délivrance personnelle, mais plutôt une dernière chance pour répondre à Son appel, même si cela signifiait la mort pour lui.

Sentant la puissance surnaturelle couler encore une fois en lui, Samson donna une grande poussée et les colonnes tombèrent, provoquant ainsi l’effondrement du temple de Dagon. Dans cette action, il tua plus de Philistins que durant toute sa vie. Dans ce dernier acte de foi et de courage, il chercha à racheter une vie remplie d’occasions gâchées.

La vie de Samuel

Samuel était le fils du lévite Elkana et de sa femme Anne. Depuis plusieurs années, ils voulaient avoir des enfants mais Anne était stérile. Une année, alors qu’ils étaient montés à Silo pour la Fête, Anne alla prier dans le Tabernacle. Dans sa douleur, elle pria avec ferveur. Lorsqu’Eli, le souverain sacrificateur, la vit, il pensa d’abord qu’elle était ivre. Cependant, après lui avoir parlé, il se rendit compte qu’elle était simplement très affligée, et qu’elle craignait profondément Dieu. Dans sa prière, elle avait fait le vœu que, si Dieu lui accordait un fils, elle le consacrerait à l’Eternel comme naziréen (1 Samuel 1 :11). Eli lui dit que sa prière serait exaucée.

Dans le courant de l’année, Anne devint enceinte et enfanta un fils, auquel elle donna le nom de Samuel. Elle attendit qu’il soit sevré, probablement jusqu’à l’âge de six ou de sept ans, comme c’était encore la coutume dans cette région du Moyen-Orient, puis elle l’emmena à Silo pour le présenter au souverain sacrificateur, selon son vœu. Samuel resta auprès d’Eli et devint, au fil des années, un assistant digne de confiance pour ce sacrificateur âgé.

Mais les fils d’Eli, Hophni et Phinées, étaient tout le contraire du jeune Samuel. Ils étaient avides et immoraux. En fait, leur conduite incitait le peuple à manquer de respect envers les serviteurs de Dieu, et à la crainte de venir au Tabernacle. Ils commettaient même la fornication avec les femmes qui venaient au Tabernacle (1 Samuel 2 :22). Eli, qui était au courant de leur comportement, n’a rien fait pour leur enlever leur fonction et pour les juger. Il leur faisait tout simplement des remarques (versets 23-25) de temps en temps.

Une nuit, une voix appela Samuel alors qu’il était couché. Immédiatement, il se leva et alla vers Eli pour répondre à cet appel, mais celui-ci lui dit de se recoucher, car il ne l’avait pas appelé. Le scénario se répéta trois fois. Eli comprit alors que c’était Dieu qui appelait le jeune Samuel. Il lui dit que, si la voix l’appelait à nouveau, il devait répondre : « Parle, Eternel, car ton serviteur écoute. » C’est ce qu’il fit, et Dieu lui donna un message concernant le jugement de la maison d’Eli. Le lendemain matin, à la demande d’Eli, Samuel lui répéta toutes les paroles de l’Eternel.

Pendant les années de l’adolescence de Samuel, les gens qui venaient à Silo pour adorer faisait de plus en plus attention à lui. Il était fort respecté pour son dévouement sincère à Dieu (1 Samuel 3 :19-21).

A peu près au même moment où Samson entra dans ses fonctions de juge, une guerre éclata entre les Israélites et les armées des Philistins ; elle eut des effets désastreux pour Israël. Après une première défaite, les enfants d’Israël demandèrent à Hophni et à Phinées d’amener sur le champ de bataille l’Arche de l’Alliance qui était dans le Tabernacle. Malgré les objections de leur père âgé, ses fils corrompus emportèrent l’Arche. La bataille se solda par une défaite totale d’Israël, la capture de l’Arche par les Philistins, et la mort de Hophni et de Phinées. Lorsque Eli entendit les nouvelles, il eut une attaque, tomba de son siège à la renverse et mourut.

Dieu prit soin de reprendre l’Arche aux Philistins en leur envoyant des plaies. Pendant les vingt années suivantes, l’Arche resta dans la ville israélite de Kirjath-Jearim. A la fin de ces vingt années, Samuel réunit tout le peuple et l’exhorta à la repentance et au renouvellement de son alliance avec Dieu. Ce fut la défaite totale des Philistins, qui venaient tout juste de perdre un grand nombre de leurs chefs dans l’effondrement du temple de Dagon, causé par Samson.

Pendant les trente-quatre années suivantes, Samuel fit chaque année un circuit régulier en Israël, pour juger le peuple. Puis, il établit ses fils juges, alors qu’il avait un peu plus de soixante-dix ans, mais ces derniers ne se conduisirent pas selon l’intégrité de leur père. Le peuple saisit cette occasion pour demander un roi afin de ressembler aux autres nations. Samuel se sentit blessé et rejeté par ce peuple qu’il avait fidèlement servi pendant toute sa vie. Mais Dieu lui expliqua : « Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent » (1 Samuel 8 :7), et Il lui demanda d’oindre un roi pour la nation.

Samuel continua fidèlement à servir Dieu et Son peuple. Il oignit Saül comme premier roi d’Israël. Il chercha à conseiller Saül et l’aida à réussir. Saül, cependant, n’était pas véritablement engagé pour obéir à Dieu, et il se disqualifia de son poste de roi. Lorsque Dieu rejeta finalement Saül comme roi, Il utilisa Samuel pour oindre celui qui deviendrait le prochain roi d’Israël, David, un homme selon le cœur de l’Eternel. Durant la longue vie de Samuel, qui dura presque une centaine d’années, il resta fidèle et loyal à Dieu, sans se soucier des circonstances environnantes.

Il y a une grande différence entre la vie de Samuel et celle de Samson. Le premier était très réceptif à Dieu ; il avait les yeux fixés sur l’œuvre pour laquelle il avait été appelé par Dieu, alors que le second était indulgent envers lui-même et égocentrique. Tous les deux ont reçu un appel spécial de Dieu dès leur naissance ; l’un a développé, dès le début, une relation profonde et personnelle avec Dieu, tandis que l’autre a attendu que sa vie soit brisée pour le faire.

Aujourd’hui, ceux que Dieu appelle font, par le baptême, un vœu de consécration spéciale à Dieu. Certains sont comme Samuel et prennent leur vœu au sérieux. D’autres, comme Samson, prennent leur vœu à la légère. Vous et moi, en étudiant l’histoire de ces deux naziréens, nous devons être capables de répondre à la question suivante : « Quel exemple suivons-nous ? » Choisirons-nous d’apprendre nos leçons de la vie de la façon facile, en cherchant la volonté de Dieu et en répondant volontairement à l’appel comme Samuel ? Ou préfèrerons-nous vivre avec l’entêtement du monde, en nous étonnant que Dieu ne nous bénit pas ?

A partir de maintenant et dans les années à venir, notre approche pour accomplir l’Œuvre de Dieu et la façon dont nous menons notre vie personnelle montrera quel naziréen nous avons choisi comme modèle. Quant à vous, avez-vous choisi Samuel ou Samson ?