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Un Charpentier nommé Jésus

par Vincent R. Lardé
Charpente du château d’Azay le Rideau
Charpente du château d’Azay le Rideau

La Bible désigne Jésus-Christ comme étant notre Berger, notre Guérisseur, Celui qui nous nourrit et nous donne chaque jour notre pain physique et spirituel. Pourtant, lors de Sa courte vie terrestre, Jésus ne fut ni berger, ni médecin, ni enseignant, ni épicier, ni boulanger, ni agriculteur. Il fut charpentier (Marc 6 :3) comme l’était Joseph, son père nourricier ! Quelles leçons pouvons-nous apprendre de la profession du Christ ?

Un charpentier est avant tout un professionnel de la construction, qui utilise principalement le bois comme matière première. Autrefois, le charpentier était en même temps bûcheron, charpentier de bâtiment, menuisier, constructeur d’échafaudages et même de machines de guerre en bois. Il fabriquait également des chars comme l’indique le mot latin carpentum, qui a donné le mot « charpente » en français. Il existe aussi les charpentiers de marine qui construisent des coques de navire.

Au fil du temps, les différents métiers du bois se sont peu à peu divisés en spécialités. De nos jours, lorsque nous parlons d’un charpentier, nous avons l’image d’un professionnel qui s’occupe exclusivement de la charpente du toit, et nous l’associons souvent à tort à un couvreur ». Mais à l’époque du Christ, ce métier était beaucoup plus général – comme M. Winnail l’a écrit dans l’un de ses articles : « Jésus a probablement travaillé aussi la pierre » (“Marchez-vous sur les traces du Christ ?”, Le Monde de Demain, avril-juin 2001).

Le choix des matériaux

Comme pour beaucoup de choses, l’habileté manuelle, la technique et le génie ne suffisent pas à eux seuls pour créer une belle réalisation. Encore faut-il disposer de bons matériaux.

C’est ainsi que les arbres destinés aux charpentes étaient spécialement sélectionnés pour cet usage. Ensuite, la coupe devait se faire à la bonne saison, lorsque la sève descend. Puis commençait l’opération de séchage qui pouvait durer plusieurs mois, voire des années entières.

Il est intéressant de noter ici une chose très significative. Certains bois de charpente (dont quelques variétés de chênes) étaient immergés dans l’eau d’une rivière ou d’un lac, après avoir été coupés pour que la sève s’évacue plus vite. Pendant tout le temps qu’il restait dans l’eau (plusieurs mois), le bois se chargeait d’une grande quantité de minéraux, au point de devenir aussi dur que de la pierre.

Du point de vue spirituel, Dieu applique ce même principe dans Son Église. Lorsque le moment est venu, Il choisit de retirer des hommes et des femmes dans le monde et de les mettre à part pour une raison sainte. Il les destine à un usage spécial en tant que prémices pour bâtir un édifice spirituel. Dieu choisit certains individus, comme vous et moi à notre époque, pour remplir une mission. Nous rendons-nous compte que l’Être le plus puissant de l’univers nous a personnellement choisi parmi les habitants de notre ville et de notre nation, pour faire partie de l’élite du Monde de Demain ? C’est absolument ahurissant !

Le bois qui évacue la sève ne vous fait-il pas songer à l’élimination du levain spirituel ? Bibliquement parlant, l’eau n’est-elle pas une représentation du Saint-Esprit (Jean 7 :38-39) ? Et les minéraux qui remplissent le vide laissé par la sève ne vous font-ils pas penser à l’édification progressive du caractère par les épreuves ?

Aujourd’hui encore, certains bois de charpente vieux de 500 ans supportent des toitures de plusieurs dizaines de tonnes sans faiblir ! D’autres bois, comme à Venise, sont immergés depuis des centaines d’années et continuent de soutenir des édifices de plusieurs centaines de tonnes !

Tout comme les anciens charpentiers devaient s’assurer de la qualité des matériaux qu’ils allaient utiliser, Dieu nous choisit et nous éprouve pour nous transformer et nous rendre capables de supporter des épreuves difficiles. Dieu ne nous a pas choisi car Il n’aime pas les autres êtres humains, mais parce qu’Il a une tâche à accomplir à travers nous, avant les autres – les prémices destinées à former une charpente. Les autres seront aussi choisis par Dieu, mais à un autre moment et pour un autre travail. Lorsque Dieu nous sélectionne, Il sait d’avance qu’Il ne pourra pas nous employer tel quel ; nous avons besoin d’un traitement spécial ; cela fait partie du processus spirituel normal de croissance et d’affermissement – souvent douloureux, mais toujours positif. Comme l’a écrit l’apôtre Paul : « Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8 :28).

Par définition, un charpentier est celui qui exécute des charpentes. Mais qu’est-ce qu’une charpente ? Selon le dictionnaire encyclopédique Larousse universel, c’est un « assemblage de pièces de bois ou de métal, servant aux constructions […] Ces matériaux, assemblés suivant certaines règles, constituent un tout capable de supporter d’autres matériaux » (“charpente”, édition 1922, volume 1, page 413). Chaque mot ici a son importance et, dans un sens spirituel, ils définissent étonnamment ce qu’est l’Église de Dieu et sa mission. Retenez bien cette définition !

En effet, l’Église est un « assemblage » d’individus unis par le Saint-Esprit (Éphésiens 4 :16) et choisis par Dieu. Les épreuves nous vident de notre « sève » charnelle et Dieu la remplace par des « minéraux » spirituels qui nous rendent solides et imputrescibles. La Bible contient toutes les « règles » à respecter – Ses commandements, Ses lois et Ses directives – qui devraient être gravées dans notre cœur. L’Église de Dieu forme « un tout », elle forme un seul corps (1 Corinthiens 12 :12) « capable » – non par la force humaine de chacun des membres, mais grâce au Saint-Esprit de Dieu qui est en nous – de remplir sa double mission principale : proclamer la bonne nouvelle en tant que témoignage et édifier les membres de l’Église. Au retour du Christ, Son épouse – l’Église – devra en quelque sorte porter l’humanité entière pour la guider dans le droit chemin et l’aider à devenir des fils et des filles de Dieu. Ce sera notre tâche et nous devrons être des dirigeants serviteurs au service de tous ces gens.

Une structure solide

Dans Matthieu 16 :18, le Christ déclare : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur ce roc je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » Oui, le Charpentier de Nazareth est venu construire un édifice spirituel qui est Son Église. Jésus connaissait bien les techniques de construction d’un bâtiment. Pour être solide et durable, celui-ci doit obéir à des règles bien précises.

Le dictionnaire encyclopédique ajoute quelques détails : « Il existe, pour l’établissement d’une charpente, des principes essentiels : reporter les charges sur les points d’appui » (ibid.).

C’est exactement ce que dit la Bible !

Premièrement, il faut un sol stable. Nous venons de lire que c’est le Roc, c’est-à-dire Jésus-Christ en personne. Deuxièmement, il faut des fondements solides sur lesquels est reporté le poids de tout l’édifice. Ces fondements solides sont les prophètes et les apôtres (Éphésiens 2 :20).

C’est sur ce roc et sur cette fondation que le Christ commença à bâtir Son Église, en l’an 31 de notre ère. Comme lorsqu’Il construisait des maisons dans la région de Nazareth, Jésus bâtit la charpente de Son Église selon des règles bien précises : la loi divine et le gouvernement divin. Cette partie importante de la construction doit constituer « un tout capable de supporter les autres matériaux ».

Aucune Église, aucune organisation, ne résistera à l’épreuve du temps ou à la persécution, à moins que Jésus-Christ n’en soit l’Architecte et le Constructeur, comme nous le révèle le Psaume 127 :1 : « Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. » Ce principe est valable pour l’Église en général, comme pour chaque chrétien en particulier. Lisez Luc 6 :47-48 pour vous en convaincre et pour comprendre qu’il ne sert à rien de faire semblant d’être religieux, sans posséder une assise solide sur le Roc – Jésus-Christ – et sur la pratique de la loi divine. Souvenez-vous que les prophètes et les apôtres eux-mêmes – qui sont le fondement de l’Église – reposaient sur ce Roc, l’Éternel de l’Ancien Testament (Deutéronome 32 :4) qui devint le Christ du Nouveau Testament (1 Corinthiens 10 :4).

L’autre principe essentiel de construction mentionné par le dictionnaire encyclopédique est de « contreventer avec soin, de façon à assurer l’invariabilité du système et éviter toute déformation » (ibid.). Le verbe « contreventer » est formé des mots « contre » et « vent », qui veulent dire « agir contre l’action du vent » ou « agir contre la force du vent ». Pour monter une charpente en bois, il ne suffit pas de fixer des poutres entre elles afin qu’elles puissent supporter d’autres matériaux ! Encore faut-il penser à consolider l’assemblage avec des pièces de bois, en position oblique, afin de permettre à l’ossature de résister à la pression des vents.

Transposé à l’Église de Dieu, ce principe nous rappelle que les membres de l’Église, individuellement et collectivement, doivent faire face à toutes sortes d’agressions et de pressionsextérieures. Pour nous, il s’agit principalement de résister à Satan et à la société qu’il dirige, mais Dieu a mis en place des techniques spirituelles nous permettant de résister à la pression des vents, des tempêtes et au poids de la neige – spirituellement parlant. Ce sont les « armes spirituelles du chrétien » détaillées par l’apôtre Paul dans Éphésiens 6 :11-17. Sans ces « armes » nous sommes vulnérables, mais avec ces « armes » Dieu nous rend forts et capables de résister à tous les assauts. Si chaque membre, individuellement, agit ainsi pour résister aux assauts du vent et aux agressions extérieures influencées par Satan le diable, l’Église entière en sera consolidée.

D’autres problèmes peuvent fragiliser une charpente. Si elle est en métal, c’est la rouille. Si elle est en bois, ce sont les insectes, les champignons et la pourriture. Ces agents l’attaquent sans bruit et de l’intérieur. Ce sont les mauvais ministres et les mauvais membres animés par la nature charnelle ; ce sont l’amertume, la soif du pouvoir, l’orgueil, la jalousie, la paresse, la cupidité, la convoitise et tout ce qui pourrait ronger de l’intérieur les membres et l’Église.

Les fidèles ministres de Dieu ont la responsabilité et le devoir de prendre certaines décisions pénibles, mais nécessaires, lorsqu’ils constatent un début de contamination dans l’Église – ou chez certains individus – qui menace la solidité de l’édifice. Tout en confirmant l’autorité que le ministère reçoit de Dieu, l’apôtre Paul met clairement en garde les ministres d’accomplir avec soin leur responsabilité personnelle : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église de Dieu » (Actes 20 :28). Le mot « évêque » peut aussi être traduit par « ancien » et vient du grec episkopos qui signifie « surveillant ». Chaque membre doit être un « évêque » sur lui-même et ne jamais se laisser entraîner par de tels individus. Il doit constamment éliminer tout levain spirituel – pas seulement lors de la Fête des Pains sans Levain !

Cette nécessité de « contreventer » une charpente nous montre que nous devons constamment rester en éveil et être prêts à réagir à toutes sortes d’attaques : les assauts extérieurs, comme les dangers venants de l’intérieur. Une Église, ou une congrégation locale, ne doit pas permettre la contamination venant de l’intérieur. Chacun d’entre nous a la responsabilité de se surveiller lui-même – tous les jours – et de s’assurer qu’il n’est pas un agent de désordre et de contamination dans l’Église. Le Charpentier Jésus savait que la structure qu’Il avait édifiée, et qu’Il continue de construire, serait attaquée de toutes parts jusqu’à Son retour mais Il veille sur elle, soit en intervenant directement, soit par l’action de Son fidèle ministère.

Des pierres vivantes

À quoi ressemblerait un édifice composé uniquement d’une fondation solide, surmontée d’une ossature indéformable et résistante à toute épreuve, mais sans murs pour la fermer et sans toiture pour la couvrir ? Ce ne serait qu’un bâtiment inachevé, une sorte de chantier abandonné aux courants d’air !

Selon un principe de dualité qui revient souvent dans la Bible, nous savons que Jésus Lui-même est à la fois le Souverain Sacrificateur et le Sacrifice vivant. Il est également Celui qui édifia Son Église et Celui qui en constitue un élément essentiel, puisqu’Il est une pierre vivante dans Son édifice – la pierre angulaire, c’est-à-dire la pierre principale à l’angle d’un édifice. Selon le même principe, les membres baptisés de l’Église de Dieu sont à la fois les co-ouvriers de l’œuvre de Dieu et les pierres vivantes qui ont pour vocation d’édifier Sa Maison spirituelle, comme le confirme 1 Pierre 2 :4-5 : « Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ. »

Il revient à chacun de nous de nous humilier sous la puissante main de Dieu, afin que « tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Éphésiens 2 :21-22). Dieu nous a appelés pour accomplir une ou plusieurs tâches dans Son Église. Nous avons tous reçu des talents à faire fructifier et si nous pensons ne pas en avoir reçu, nous avons tort ! Car en recevant le Saint-Esprit, nous avons reçu « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi » (Galates 5 :22). Tous ces attributs de l’Esprit sont un don à développer et cela demande du travail, des prières, des jeûnes et des efforts.

Il faut apprendre à construire sous le Christ et avec le Christ, en restant fidèle au poste qui nous a été confié, sans jalouser personne et sans se comparer aux autres, sauf à Jésus-Christ Lui-même.

La Maison du Christ n’est pas une Église du monde, bâtie n’importe comment et avec des matériaux médiocres. Si le Christ n’était pas le Constructeur et le Propriétaire de cette Église, il y a longtemps qu’elle aurait chancelé ou se serait écroulée, comme nous l’avons lu au Psaume 127.

Pourquoi Jésus tient-Il autant à Son édifice spirituel ?

Tout simplement parce que cette Église, ou ce bâtiment spirituel, est une école. Une école indispensable à Son plan de salut pour l’humanité. Chacun d’entre nous est enseigné, guidé et édifié dans l’Église pour devenir à notre tour un enseignant et un dirigeant pendant le Millénium. Nous ne pouvons pas vivre délibérément en marge de l’Église et prétendre obéir à Dieu. Si nous raisonnons ainsi, nous nous séduisons nous-mêmes et nous devenons des serviteurs inutiles.

Il fallait toute la science et le savoir-faire de Dieu pour édifier une telle Église. Pour commencer, il fallait lui donner un support solide comme le roc (le Christ Lui-même) ; puis des fondations capables d’être des points d’appui fiables (les prophètes et les apôtres) ; ensuite une ossature (le gouvernement de Dieu et ceux qu’Il a mis en place pour l’exercer) capable à la fois de supporter les autres matériaux et de résister aux attaques externes ou internes ; et enfin, pour que la maison soit complète, il était nécessaire qu’elle soit édifiée avec des pierres vivantes. Ces pierres, ce sont vous et moi. Ce sont tous ceux qui nous ont précédés et tous ceux que Dieu appellera encore avant le retour du Christ. Cette Église n’est pas une fin en soi ; c’est une équipe qui se prépare à gouverner la Terre, sous le Christ et avec le Christ, pour servir et non pour être servie.

Cette équipe doit également soutenir l’Œuvre de Dieu qui annonce le retour du Christ au monde entier. Nous le faisons d’une manière organisée, en participant à cette mission avec nos prières, nos dîmes, nos offrandes et en utilisant les talents que Dieu a distribués à chacun, selon Sa volonté.

Méditons sur la façon dont Dieu peut nous utiliser dans Son Église, selon les talents que nous avons reçus en tant que pierre vivante. Qui dit « pierre vivante » dit « pierre active qui se développe et qui se transforme ». Ce n’est ni une « pierre inerte » ou un « boulet », lourd à traîner par les autres, ni une « pierre remuante qui écrase les autres ».

Comme le Christ, nous sommes appelés à construire. Et comme Lui, nous devons le faire en toute humilité. Avec Dieu, tâchons de faire le point sur nous-mêmes et mettons-nous à Son service, à la place qu’Il nous indiquera dans Son Église. En un mot : faisons tous notre part pour devenir un solide assemblage.