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Un guide biblique pour les réseaux sociaux

par John Robinson

Je ne me suis jamais inscrit sur Facebook. Ce n’est pas pour des raisons morales, mais en tant que procrastinateur, je n’ai jamais pris le temps de le faire. Je pense que j’ai peut-être évité d’énormes problèmes en n’étant pas présent sur cette plateforme, mais j’aime bien l’idée de Facebook : pouvoir garder le contact avec la famille éloignée, partager des photos et des récits, reprendre contact avec d’anciens amis d’école ou d’université.

Au fil des ans, les réseaux sociaux sont devenus la première forme de communication pour beaucoup de gens. En bien comme en mal, ils dominent désormais la façon dont nous nous connectons avec le reste du monde. Nous y trouvons des actualités, des prises de position politique, des vidéos amusantes et du divertissement en général.

Logos de différents réseaux sociaux

La technologie disponible à notre époque est vraiment sans précédent et il est parfois difficile de suivre le rythme car elle est en constante évolution. Les plateformes sociales viennent et s’en vont comme les saisons.

Vine a été remplacé par TikTok. Au début des années 2000, MySpace était si populaire qu’il fut même mentionné dans le premier film d’Iron Man. Qui aurait pu prévoir qu’il deviendrait synonyme d’obsolescence quelques années plus tard, lorsqu’il serait écrasé par le rouleau compresseur de Facebook ?

En comparaison, les passages les plus récents de la Bible ont près de 2000 ans et nous pourrions raisonnablement nous demander comment ils pourraient être utiles dans une société moderne qui avance si rapidement. Comment la Bible pourrait-elle nous guider dans l’utilisation des réseaux sociaux, alors que Twitter et Facebook n’ont vu le jour qu’en 2006 et Instagram en 2010 ? La Bible peut-elle dire quelque chose de pertinent concernant nos moyens de communication, car ses auteurs n’avaient aucune idée de l’apparition même de ces plateformes ?

En un mot, la réponse est « oui ». Non seulement la Bible peut encore nous guider, mais ses instructions sont plus importantes que jamais. En parlant de la capacité des réseaux sociaux, l’auteur Jordan Peterson a déclaré que « nous sommes plus que jamais reliés les uns aux autres […] Les choix que nous faisons sont amplifiés et ils se propagent plus rapidement que jamais auparavant, mais aussi avec un impact bien plus grand » (“Les nouveaux médias : mon expérience et bien plus”, YouTube.com, 7 novembre 2017). En raison de notre capacité à atteindre beaucoup plus de gens, beaucoup plus rapidement, faire attention aux instructions bibliques sur la façon de nous exprimer et sur les relations interpersonnelles est devenu encore plus crucial.

Un parangon, ou un archétype, illustre une sorte de caractère représentant un groupe plus large. Dans cet article, j’aimerais vous présenter quatre parangons que vous rencontrerez inévitablement sur Internet : l’insensé, le prof, l’indiscret et le calomniateur. Vous ne devrez pas attendre longtemps avant de rencontrer ces parangons, car vous constaterez qu’ils sont nombreux sur les réseaux sociaux.

L’insensé

Commençons par l’insensé, car il représente probablement le groupe le plus large. En fait, la plupart des êtres humains rentrent dans cette catégorie d’une manière ou d’une autre. Cela étant, nous trouverons des comportements insensés à tous les niveaux du spectre.

La Bible utilise le mot « insensé » pour décrire celui qui manque de sagesse ou de jugement. Ce mot est en lien direct avec la morale de l’individu, pas avec ses capacités intellectuelles.

Lorsque nous laissons les émotions nous contrôler, nous entrons dans le domaine des comportements insensés. De la même manière, si nous commentons des messages que nous ferions mieux d’ignorer, ou si nous écrivons des commentaires polémiques en réponse à un sujet intéressant, nous commençons à ressembler à un insensé. Autrement dit, nous agissons de manière insensée. Cela ne signifie pas que nous sommes des insensés, mais que nous prenons des décisions insensées, comme cela arrive à tout le monde de temps à autre.

Comment savoir si vous avez rencontré un insensé en ligne ? Proverbes 10 :8-10 montre clairement que « celui qui est insensé des lèvres court à sa perte ». Être « insensé des lèvres » consiste à parler « à tort et à travers » de quelque chose et de s’attarder sur le sujet. Cela vous rappelle peut-être le concept du « troll » sur Internet. Le Robert illustré définit un « troll » comme une « personne qui cherche à créer la polémique sur un forum de discussion ou sur les réseaux sociaux » (édition 2019).

Bien que certains insensés tombent dans la catégorie des « trolls », le livre des Proverbes montre que beaucoup d’insensés sont seulement aigris et rancuniers. Nous lisons que « l’insensé laisse voir à l’instant sa colère » (Proverbes 12 :16). Combien de fois avez-vous lu un post quelconque, avant de parcourir les commentaires par curiosité et de constater qu’après seulement deux réponses quelqu’un explosait de colère suite à une injustice légère ou perçue ? De telles personnes expriment instantanément leur colère. « Le sage a de la retenue et se détourne du mal, mais l’insensé est arrogant et plein de sécurité » (Proverbes 14 :16). Encore une fois, l’insensé peut se trouver dans n’importe quel fil de discussion ou section de commentaires lorsque la conversation tourne au vinaigre et qu’elle commence à diaboliser un individu ou un groupe de personnes. Il est conseillé aux sages de s’éloigner de ce type de conversation.

Lorsque nous utilisons les réseaux sociaux, une des questions que nous devrions nous poser est : « Avec qui suis-je en train de passer du temps dans cette communauté ? » Est-il sage de passer du temps avec une communauté qui comprend un grand nombre d’insensés ? Proverbes 13 :20 fait remarquer que celui qui fréquente des insensés « sera accablé » (Martin) et « va au-devant du malheur » (Semeur).

Certes, nous devons parfois corriger une parole insensée, particulièrement lorsque des personnes vulnérables sont influencées par un discours insensé, mais en général il est plutôt sage de rester à l’écart de ce type de discussions. Proverbes 1 :7 et 23 :9 montrent que l’insensé méprise la sagesse et se complaît dans la folie. Il ne sera pas convaincu par une remontrance sage et rationnelle, au contraire, il s’enfoncera encore davantage dans sa folie.

En fait, la Bible met en garde que reprendre un insensé conduit souvent à une polémique encore plus grande : « Tout insensé se livre à l’emportement », si un sage conteste avec un insensé « il aura beau se fâcher ou rire, la paix n’aura pas lieu » et « l’insensé met en dehors toute sa passion, mais le sage la contient » (Proverbes 20 :3 ; 29 :9, 11). C’est dû en partie au fait que l’insensé ne se préoccupe pas de savoir ce qu’est le bien et le mal, mais seulement de ses impressions et de ses opinions, car à ses yeux il est juste et il a toujours raison (Proverbes 12 :15-16).

Le prof

Vu la portée des réseaux sociaux, il n’a jamais été aussi facile de partager notre « savoir » avec les autres, mais devrions-nous le faire ? Nous lisons dans Jacques 3 :1 : « Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. » Ce verset met surtout l’accent sur le fait que les enseignants dans l’Église de Dieu ont reçu la mission importante de transmettre la doctrine et qu’ils feront donc l’objet d’un examen plus rigoureux.

Mais ce verset met aussi en garde l’ensemble du peuple de Dieu de ne pas se comporter hâtivement comme des spécialistes en matière de santé, de régime, de vaccination, d’éducation à la maison, de psychologie et d’autres domaines pour lesquels nous pensons être compétents. Il n’y a rien de mal à discuter de ces sujets, mais il est facile de commencer à nous prendre pour un « prof ». Cela génère alors un grand niveau de responsabilité et de risque. Jacques délivra ensuite un avertissement sévère contre les dangers de la parole :

« De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voyez comme un petit feu peut embraser une grande forêt ! La langue aussi est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. Toutes les espèces de bêtes, d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, sont domptés et ont été domptés par l’homme ; mais la langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi » (Jacques 3 :5-10).

Ce sont des paroles très réprobatrices, mais cela nous fournit une ligne de conduite à suivre dans nos relations avec les autres. Lorsque nous endossons le rôle d’enseignant, même si nous avons les meilleures intentions du monde, nous pouvons potentiellement provoquer un affrontement de convictions passionnées pouvant engendrer des effets dévastateurs, à la fois en ligne et hors ligne. Ce que nous publions sur les réseaux sociaux peut se propager encore plus rapidement qu’un feu de forêt. Les paroles inadéquates peuvent causer des dommages spirituels catastrophiques, qu’elles soient adressées à une seule personne, à un groupe de gens ou à tout le monde sur les réseaux sociaux.

L’indiscret

« Que personne d’entre vous, en effet, ne souffre comme meurtrier, ou voleur, ou malfaiteur, ou pour s’être ingéré dans les affaires d’autrui » (1 Pierre 4 :15).

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi un parangon apparemment aussi insignifiant qu’un indiscret était mentionné aux côtés d’un meurtrier, d’un voleur et d’un malfaiteur ? S’ingérer dans les affaires d’autrui implique souvent de « juger les autres au lieu de s’évaluer soi-même » et de « dépasser les limites ».

En s’adressant à Timothée, Paul s’exprima sans ambages à ce sujet : « Avec cela, étant oisives, elles apprennent à aller de maison en maison ; et non seulement elles sont oisives, mais encore causeuses et intrigantes, disant ce qu’il ne faut pas dire » (1 Timothée 5 :13). Dans ce passage, il parlait spécifiquement des veuves, mais cet avertissement s’adresse à chacun d’entre nous.

L’indiscret est présomptueux, il ne respecte pas les limites à ne pas franchir et il se met à juger la vie des autres, consciemment ou inconsciemment. Beaucoup d’amitiés et de relations familiales se sont brisées sur les réseaux sociaux à cause de ce trait de caractère. Le danger de l’indiscrétion ne doit pas être pris à la légère, car ces personnes causent beaucoup de tort. La place de l’indiscret parmi les meurtriers, les voleurs et les malfaiteurs devrait nous aider à comprendre l’ampleur de son pouvoir de destruction.

Le calomniateur

Lévitique 19 :16 nous présente le parangon biblique du calomniateur : « Tu ne répandras point de calomnies parmi ton peuple. Tu ne t’élèveras point contre le sang de ton prochain. Je suis l’Éternel. »

Grâce, ou à cause, des réseaux sociaux, il n’a jamais été aussi facile de s’exprimer. Une étude du mot hébreu rakil, traduit par « calomnie », dépeint le portrait détestable d’une personne qui essaie de réunir des informations diffamatoires sur les autres. Ce mot est associé à une personne qui raffole de calomnie, de délation et de scandale.

Rakil est dérivé d’une racine primitive hébraïque décrivant un commerçant ambulant (un colporteur). Comme un individu qui serait en chemin, cherchant des informations scandaleuses et diffamatoires qu’il pourrait utiliser à son profit contre d’autres personnes. Le calomniateur cherche à échanger des ragots avec les autres, il prend plaisir à collecter et à révéler des informations préjudiciables ou d’ordre privé.

Ce comportement est aussi partagé par les insensés, comme le rapporte Proverbes 10 :18 : « Celui qui répand la calomnie est un insensé. » Tout comme le « prof » présomptueux, le calomniateur est tellement destructeur dans une communauté qu’il est comparé à un combustible alimentant un feu (Proverbes 26 :20).

Le sage

La Bible nous enseigne également comment se comporter à l’égard de l’insensé, du prof, de l’indiscret et du calomniateur : « Celui qui répand la calomnie dévoile les secrets ; ne te mêle pas avec celui qui ouvre ses lèvres […] Ne fréquente pas l’homme colérique, ne va pas avec l’homme violent, de peur que tu ne t’habitues à ses sentiers, et qu’ils ne deviennent un piège pour ton âme » (Proverbes 20 :19 ; 22 :24-25).

Les Écritures nous montrent que la meilleure chose à faire souvent est de garder le silence et de nous mettre à l’écart des personnes ou des situations contentieuses. Autrement dit, si nous ne pouvons pas utiliser Twitter, Facebook ou Instagram sans être entourés de personnes conflictuelles qui veulent polémiquer de façon insensée, voire révéler des secrets, le mieux est de ne pas utiliser du tout ces plateformes.

Que devrions-nous plutôt faire ? La parole de Dieu nous révèle également la réponse. « Celui qui méprise son prochain est dépourvu de sens, mais l’homme qui a de l’intelligence se tait. Celui qui répand la calomnie dévoile les secrets, mais celui qui a l’esprit fidèle les garde » (Proverbes 11 :12-13).

Le sage est discret. Il comprend que tout le monde fait des erreurs. Ne pas révéler une situation n’est pas une tentative malhonnête de dissimulation ; cela signifie seulement que si votre prochain trébuche, vous n’allez pas l’ébruiter sur les toits (sur les réseaux sociaux ou ailleurs) pour que tout le monde le sache.

Les Proverbes nous donnent une ligne de conduite relativement simple à tenir pour nous comporter avec sagesse : ne dites rien. « L’insensé même, quand il se tait, passe pour sage ; celui qui ferme ses lèvres est un homme intelligent » (Proverbes 17 :28).

Ce que nous disons en notre cœur

Il est parfois difficile de suivre le rythme des innovations dans notre monde moderne. Mais la nature humaine ne change pas. Quelle que soit la plateforme, nous pouvons blesser avec des mots et ceux-ci peuvent aussi nous blesser. Nous disons tous des choses que nous ne devrions pas mentionner, particulièrement lorsque nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissants, ce qui est souvent le cas. Nous voulons tous faire partie d’une communauté, mais l’ironie des réseaux sociaux est que les différentes études à ce sujet montrent que de telles plateformes nous rendent plus solitaires que jamais.

Selon Dieu, le monde est rempli d’insensés qui sont occupés à diffuser leur message. Si nous passons beaucoup de temps à commenter et à polémiquer en ligne, il est très probable que nous perdions notre temps. Si nous sommes sages, nous devrions nous refreiner, faire preuve de discernement et commenter avec parcimonie.

David a écrit que « l’insensé dit en son cœur : Il n’y a point de Dieu ! Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables ; il n’en est aucun qui fasse le bien » (Psaume 14 :1). Le point important dans ce passage n’est pas que l’insensé renie ouvertement ou non l’existence de Dieu. Ce verset est intéressant car il montre qu’il renie dans son cœur la pertinence de Dieu pour le monde physique. Et ce déni transparaît dans son comportement et ses actions.

Environ 1000 ans après que le Psaume 14 fut écrit, l’apôtre Paul le cita dans Romains 3 :10-18 en le considérant toujours comme pertinent. Il conclut ce passage en écrivant que « la crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux ». Encore une fois, le point important n’est pas que les gens disent que Dieu n’existe pas. Ils pourraient spéculer : « Peut-être existe-t-Il, peut-être pas ? » Le cœur de leur raisonnement est de dire : « Dieu ne se préoccupe pas de ce que je fais. » Ils ne craignent pas les conséquences de la part d’un Être divin et ils pensent donc pouvoir faire tout ce qu’ils veulent. L’insensé, si souvent mentionné dans les Proverbes, est simplement un individu dont les paroles et les actions, en ligne ou hors ligne, ne sont pas assujetties à Dieu.

Les lois spirituelles de Dieu, qui régissent notre vie et nos communautés, sont toujours véritables et justes, peu importe les changements dans la façon d’interagir avec les autres. La Bible est toujours aussi pertinente que jadis dans notre monde. Soyons des pacificateurs, tenons notre langue en bride, donnons aux gens le bénéfice du doute et évitons d’avoir un comportement insensé.