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Les prophéties sont-elles abolies ?

par Dexter Wakefield

Lorsque nous lisons la Bible, nous rencontrons parfois un verset qui semble en contredire un autre. Par exemple, l’apôtre Paul écrivit à l’Église de Corinthe : « L’amour ne périt jamais. Les prophéties seront abolies » (1 Corinthiens 13 :8). Paul semble dire que certaines prophéties ne s’accompliront pas comme elles avaient été annoncées. Cependant, Matthieu rapporta cette déclaration de Jésus : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé » (Matthieu 5 :17-18). Jésus déclara que tout ce que Dieu a annoncé s’accomplira, jusque dans les moindres détails. Il ajouta encore : « Ô hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! » (Luc 24 :25). Jésus attend clairement de notre part que nous croyions à tout ce que les prophètes ont annoncé.

Effacer les prophéties

Qui a raison, Paul ou Jésus ?

Paul lui-même déclara qu’il croyait à tout ce que les prophètes ont écrit : « Je t’avoue bien que je sers le Dieu de mes pères selon la voie qu’ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes » (Actes 24 :14).

Mais l’apôtre Paul n’a-t-il pas écrit que les prophéties pouvaient être abolies ? Comment pouvait-il alors croire à toutes les prophéties ? Se contredit-il lui-même ? S’agit-il d’une contradiction dans la Bible ?

Les sceptiques pensent que de tels versets sont une preuve que la Bible n’est rien d’autre qu’un livre écrit par des hommes et non la parole infaillible d’une « divinité ». Pour eux, un homme a écrit une chose et un autre homme a écrit autre chose. Les détracteurs affirment que ces individus ont différents points de vue, notamment s’ils ont vécu et écrit à des époques différentes, et que les contradictions sont donc inévitables – en reniant de fait l’inspiration divine de la Bible. Pourriez-vous expliquer ces versets si quelqu’un vous disait qu’ils représentent une contradiction dans la parole de Dieu ?

Nous avons l’assurance qu’il n’y a aucune contradiction dans la Bible. Mais il serait utile de comprendre ce que Paul a voulu dire, car nous devons être « prêts à [nous] défendre » (1 Pierre 3 :15) et nous devons toujours avoir confiance dans la véracité de la parole de Dieu.

Une réponse simple

En réalité, l’explication est assez simple. Ces versets semblent se contredire à cause d’un problème de traduction dans les versions Ostervald ou dans la NEG (Nouvelle Édition de Genève 1975 ou 1979) de Louis Segond. Beaucoup de versions plus anciennes traduisent mieux ces versets en français, en ne donnant pas cette impression de contradiction. Ces versets ne se contredisent pas dans le texte original en grec. Il est important de se souvenir que la syntaxe d’une phrase peut sembler contradictoire en français, mais pas dans la langue originale.

Les livres du Nouveau Testament ont été écrits en grec ancien, car c’était la langue véhiculaire de l’époque. De nombreux mots grecs n’ont pas d’équivalent exact dans les langues occidentales modernes, dont le français. C’est pourquoi certaines phrases qui ne sont pas contradictoires en grec (ou en hébreu pour l’Ancien Testament) peuvent sembler l’être en français, selon la façon dont elles ont été traduites. C’est le cas avec ce commentaire de Paul (1 Corinthiens 13 :8) dans les versions Ostervald et NEG.

Dieu ne se trompe jamais, mais aucun traducteur n’est infaillible. C’est la raison pour laquelle certains pensent qu’il y a des contradictions dans la Bible. Pour que la Bible contienne une contradiction logique et irréfutable, il faudrait qu’il y ait des déclarations contradictoires dans le texte original qui soient irréconciliables – mais les sceptiques n’arrivent pas à en trouver.

Revenons au verbe « abolir » dans 1 Corinthiens 13 :8-13. Au verset 8, ce mot est traduit du grec katargeo (Strong n°2673) qui est utilisé quatre fois dans ce passage, mais il n’est pas toujours traduit de la même manière. Les traductions du mot katargeo ont été mises en gras dans le paragraphe suivant :

« L’amour ne périt jamais. Les prophéties seront abolies, les langues cesseront, la connaissance sera abolie. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu. Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour » (1 Corinthiens 13 :8-13, NEG).

La version Parole de Vie (PDV) en français courant traduit même le mot katargeo de quatre manières différentes :

« L’amour ne disparaît jamais. Les paroles dites au nom de Dieu s’arrêteront […] la connaissance finira […] Mais quand tout deviendra parfait, ce qui n’est pas complet disparaîtra. Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant. Maintenant, je suis un homme et je n’agis plus comme un enfant… » (1 Corinthiens 13 :8-11, PDV).

Voici la définition de katargeo dans le Lexique Grec Strong en français (éditions Clé). Ce mot peut avoir deux significations selon le contexte :

  1. rendre vain, inemployé, inactif, inopérant
  2. faire cesser, amener à une fin, annuler, abolir

D’autres versions traduisent le mot katargeo (“abolir” dans la NEG) par « cesser » ou « prendre fin ». C’est par exemple le cas de la version Louis Segond publiée en 1910 (LSG) qui traduit 1 Corinthiens 13 :8 de la manière suivante : « Les prophéties prendront fin… » Dans le Nouveau Testament, katargeo signifie parfois « prendre fin », parfois « abolir ». Bien que « prendre fin » et « abolir » soient similaires, ils ont des applications différentes. Par exemple, lorsqu’un gouvernement annule ou abolit une loi, celle-ci cesse d’exister. Mais lorsque le discours d’un homme prend fin, il ne perd pas la parole, sa voix n’est pas abolie – il a simplement terminé ce qu’il avait à dire.

Que voulait vraiment dire l’apôtre Paul ?

Dans l’original grec du Nouveau Testament, le verset dit clairement que les prophéties prendront fin, de la même manière que la connaissance et d’autres choses qui sont immatures et partielles (que nous connaissons “en partie”) disparaîtront pour laisser place à des choses plus matures et accomplies. À chaque fois que le mot grec katargeo est employé dans ces versets, il signifie la même chose. Voici comment la version Louis Segond 1910 (LSG) restitue ce passage. Les traductions de katargeo sont à nouveau mises en gras :

« La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant » (1 Corinthiens 13 :8-11, LSG).

Nous devrions aussi noter que certaines prophéties sont conditionnelles : « Si vous faites [ou ne faites pas] ceci, alors il arrivera cela. » Ainsi, une prophétie conditionnelle peut ne pas se réaliser lorsque les conditions ne sont pas remplies. Souvenez-vous de Jonas qui prophétisa la destruction de Ninive si le peuple ne se repentait pas, mais le peuple s’est repenti et la ville fut épargnée (Jonas 3).

Une leçon plus importante

Paul débuta cette section de l’épître adressée à l’Église de Corinthe par une déclaration inspirante et profonde au sujet de l’amour : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » (1 Corinthiens 13 :1-2).

L’amour décrit par Paul dans ces versets est l’amour de Dieu, du grec agapeo qui est utilisé dans le reste du chapitre. L’amour agape est désintéressé, il est tourné vers les autres sans aucune arrière-pensée et il s’exprime généralement par des actions. Le sujet abordé par Paul est l’amour, pas la prophétie. Il est important de nous en souvenir lorsque nous lisons le reste du chapitre, notamment les versets qui mentionnent les prophéties.

Paul termina cette leçon en écrivant : « Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu. Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour » (1 Corinthiens 13 :12-13).

Quand une prophétie cesse-t-elle d’être une prophétie ? Lorsqu’elle a été accomplie ou qu’elle s’est réalisée. Elle prend fin, de la même manière que l’enfance prend fin lorsque l’enfant arrive à l’âge adulte. Lorsque les choses imparfaites deviennent parfaites, elles cessent d’être imparfaites et elles sont accomplies – leur imperfection prend fin. Paul expliqua cette logique afin de souligner un aspect beaucoup plus profond. Notez qu’il débuta et qu’il termina 1 Corinthiens 13 :8-13 en opposant des aspects de l’expérience humaine avec l’amour agape : « L’amour ne périt jamais […] mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour. »

Beaucoup de choses peuvent jouer un rôle important dans notre vie. Notre adolescence est une expérience considérable alors que nous effectuons la transition de l’enfance vers l’âge adulte, mais toutes ces phases de la vie ont un début et une fin. Les plus grands événements historiques, même ceux prophétisés par Dieu, ont un début et une fin. Nos épreuves ont un début et une fin. Paul souligna que, pour l’instant, nous voyons seulement « au moyen d’un miroir, d’une manière obscure », mais que cela prendra fin lorsque viendra l’époque où nous connaîtrons comme nous avons été connus (verset 12) ! Le jour viendra où notre foi et notre espoir seront accomplis et achevés dans l’amour éternel et la gloire du Royaume de Dieu.

Paul voulait nous faire comprendre que la foi et l’espoir sont essentiels dans notre vie, mais que Dieu est amour, agape, et Son « amour ne périt jamais ». L’amour est la plus grande de ces choses, car Dieu et Son amour ne prendront jamais fin. Dieu et Son amour ne seront jamais abolis !