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Êtes-vous vraiment un ambassadeur ?

par Mark Sandor

Les élections se suivent et se ressemblent. Il est intéressant, voire tragique, de voir combien les réseaux sociaux et les médias déterminent désormais le processus électoral. Bien qu’il soit aisé de se plaindre de ce que nous entendons tous les jours aux actualités, chaque changement de gouvernement est l’occasion pour les véritables chrétiens de se demander : Suis-je vraiment un ambassadeur, ou une ambassadrice ?

Beaucoup d’entre nous sont familiers avec l’exhortation d’être des « ambassadeurs pour Christ » (2 Corinthiens 5 :20). Mais nous détachons-nous vraiment de la scène politique ? Ou sommes-nous trop attachés émotionnellement à la politique de notre nation ? Nous détournons-nous de ce que la Bible déclare au sujet de notre nation et de ce que devrait être notre attitude envers nos dirigeants politiques ?

Le Nouveau Testament contient quelques passages montrant comment les disciples du Christ devraient se comporter à l’égard de leur gouvernement séculier. Dans cet article, nous examinerons les écrits de Paul aux Romains, notamment Romains 13 :1-8. Cependant, il serait utile de rappeler en premier lieu le contexte des écrits de Paul. La rédaction de l’épître aux Romains est traditionnellement datée vers l’an 56 apr. J.-C., lorsque Néron régnait sur le vaste Empire romain.

La vie sous Néron

Vous avez probablement entendu parler de Néron, et même si vous ne connaissez pas d’informations spécifiques à son sujet, vous savez que ce nom n’est pas associé à un individu particulièrement plaisant. Il n’entrerait pas dans le « Top 10 » des dirigeants à imiter ou pour ses caractéristiques positives en général. Au contraire, Néron était un dirigeant cruel et futile qui aliéna presque tous ses sujets pendant son règne. Néron était un spécialiste des assassinats (il hérita probablement cela de sa mère qui fut suspectée d’avoir assassiné l’empereur précédent) et il en commit de nombreux contre sa propre famille (y compris sa mère) et contre des individus considérés comme des menaces politiques. Il fut largement accusé d’avoir provoqué un grand incendie à Rome et sa mauvaise réaction augmenta son impopularité. Néron demandait à être adoré comme un « dieu » – ses sujets païens s’y plièrent de mauvaise grâce, mais cela provoqua une révolte parmi les Juifs. Comme il fallait s’y attendre, la coupe finit par déborder pour les Romains et les gardes du corps de Néron l’abandonnèrent. Il décida alors de se suicider plutôt que d’être assassiné à son tour. Tragiquement pour les Juifs, sa mort ne mit pas fin aux hostilités et Jérusalem finit par être capturée et le temple détruit en 70 apr. J.-C.

Cette information historique est intéressante car Dieu inspira Paul à l’écrire sous le règne de Néron. Considérez un autre cas de figure : imaginez si l’épître aux Romains avait fait partie des Psaumes. Ou si elle avait été écrite à une époque où Moïse, Josué ou Néhémie dirigeaient Israël. Si elle avait été rédigée pendant une de ces époques, nous ne verrions peut-être pas le véritable défi que Paul nous dit d’accomplir. Nous pourrions nous dire : « Eh bien, c’est la façon dont les chrétiens devraient se comporter lorsqu’ils ont de bons dirigeants. » Nous pourrions dire que si notre président était davantage comme Moïse, nous serions plus respectueux ; ou si notre Premier ministre était davantage comme David, nous serions tout à fait capables de faire ce que Paul dit. Mais ce n’est pas ainsi que Dieu a inspiré les paroles de Paul. Dieu a attendu que Ses serviteurs vivent sous l’un des pires dirigeants séculiers que le monde ait jamais vu pour inspirer Romains 13. Nous ne pouvons pas prétendre que notre situation est plus difficile à cause du manque de caractère de nos dirigeants actuels – Néron lui-même n’avait pas de caractère !

En gardant cela à l’esprit, examinons à présent cinq leçons que nous pouvons tirer de Romains 13 afin d’être de véritables ambassadeurs du Christ.

1. En fin de compte, toute autorité vient de Dieu

Romains 13 commence en nous rappelant qu’il « n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu » (verset 1). Il est facile d’oublier cela dans les démocraties, lorsque les citoyens votent pour choisir leurs dirigeants. Lorsque j’enseignais l’éducation civique, j’avais noté une faille dans les manuels scolaires et tous les systèmes d’éducation laïque tombent dans le même piège : ils se focalisent uniquement sur les hommes – les êtres humains. Cela ne semble peut-être pas faire une grande différence, mais cette approche restrictive devient particulièrement notable lorsque les manuels parlent des manières de résoudre les problèmes dans la société : ils ne mentionnent jamais le besoin de se repentir devant Dieu, seulement le « besoin » d’élire les bonnes personnes ! Malgré toute la sagesse et l’éducation des fondateurs de nos nations respectives, ils n’étaient que des êtres humains. Dans chaque pays, la constitution qu’ils ont rédigée est un document imaginé par des hommes, destiné à aider des êtres humains à résoudre leurs problèmes selon la sagesse des hommes. Malgré toute la sagesse qu’elle puisse contenir, aucune constitution ne résoudra les problèmes d’un pays. L’humanité se focalise sur sa propre approche pour résoudre ses problèmes sans impliquer Dieu et, par conséquent, ses problèmes se poursuivent !

Être un ambassadeur ou une ambassadrice

Cette approche peut aussi contaminer les véritables chrétiens. Nous louons ou nous blâmons trop souvent des hommes, en oubliant la vérité essentielle que « le Très-Haut domine sur le règne des hommes, qu’il le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes » (Daniel 4 :17). Cela ne signifie pas que tous les dirigeants séculiers soient « les plus vils des hommes » (songez par exemple à Charles de Gaulle, Winston Churchill ou George Washington). Cependant, ce passage montre que Dieu est entièrement libre de choisir qui Il souhaite voir à la tête d’une nation. Les dirigeants nationaux sont choisis par Dieu, pas par nous. Voyez les élections récentes. Combien de personnalités inconnues du grand public et ne sortant pas du sérail politique ont été élues au poste de président ou de Premier ministre ces dernières années ? Mon objectif n’est pas de dire que ces dirigeants soient « les plus vils des hommes », mais que Dieu est en mesure de donner le pouvoir à qui Il le souhaite, en dépit des prévisions qui semblent évidentes pour les spécialistes humains. Nous devons garder en tête cette vérité biblique fondamentale pour que les autres leçons de Romains puissent s’appliquer.

2. Lorsque vous n’êtes pas d’accord, assurez-vous de ne pas manquer de respect

Ce point est absent de la politique actuelle. Il est rare de voir des politiciens, de quelque parti que ce soit, montrer du respect envers ses opposants politiques. Néanmoins, les chrétiens sont appelés à rendre « l’honneur à qui vous devez l’honneur » (Romains 13 :7). Cela ne signifie pas que nous devons toujours être d’accord avec nos dirigeants politiques ! Les honorer ne signifie pas être d’accord. Je doute sérieusement que Paul fut d’accord avec tout ce que fit Néron ! Les chrétiens doivent souvent être en désaccord avec beaucoup de choses émanant des différents partis politiques. Mais Pierre nous ordonne : « Honorez tout le monde ; aimez les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi » (1 Pierre 2 :17). Sa lettre, tout comme l’épître aux Romains, fut écrite alors que Néron était « roi ».

Une façon de vérifier si nous honorons nos dirigeants est d’examiner la façon dont nous parlons d’eux. Parler d’eux en disant M. Untel ou Mme Unetelle montre souvent une marque de respect. Parlons-nous de la même façon de nos dirigeants selon qu’ils soient d’un parti politique ou d’un autre ? Exode 22 :28 nous avertit de ne pas maudire le dirigeant de notre peuple et dans Actes 23 :5, Paul montra qu’il considérait toujours cet enseignement comme étant en vigueur. Nous pouvons parfois nous sentir offensés si une personne maudit un candidat ou un dirigeant politique que nous aimons bien, mais cela ne nous dérange pas si l’attaque vise un politicien dont nous n’aimons pas la personnalité ou les actions. Cependant, bien que nous ne devrions jamais accepter, être d’accord ou cautionner un comportement impie, nous ne devrions pas devenir hypocrites en raison d’un dirigeant ou d’un parti politique. La politique n’est pas une excuse pour ignorer les lois divines concernant le respect dû aux dirigeants.

N’importe quel dirigeant de n’importe quelle nation sur Terre est un être humain qui a des défauts. Ces dirigeants prendront des décisions avec lesquelles nous ne serons pas d’accord – et nous devrions être en désaccord avec leurs actions et leurs mesures lorsque celles-ci s’opposent aux Écritures. Cela ne nous donne pas une excuse pour manquer de respect envers nos dirigeants dans nos discussions, nos commentaires et nos déclarations.

3. Obéir à toutes les lois que nous pouvons respecter

Certaines personnes utilisent parfois la déclaration puissante de Pierre dans Actes 5 :29 disant qu’il « faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » comme une excuse pour désobéir aux lois qu’ils n’aiment pas. Cependant, la plupart du temps, notre gouvernement nous demande d’obéir à des lois qui ne contredisent pas la loi divine. Généralement, nous pouvons obéir à Dieu et aux hommes en même temps ! De plus, nous pouvons servir Dieu en servant les hommes. Le même Pierre, qui fit la déclaration précédente dans le livre des Actes, a aussi écrit : « Soyez soumis, à cause du Seigneur » (1 Pierre 2 :13). Le fait que nous n’aimions pas une loi ne nous autorise pas à la transgresser. La seule raison de ne pas respecter une loi humaine survient lorsque celle-ci implique de transgresser un des commandements de Dieu !

Le code de la route est un exemple de loi humaine qui ne s’oppose pas aux lois divines. Suivons-nous les directives de notre gouvernement lorsque nous conduisons ? Selon une étude, le nombre de morts dans des accidents de la route baisserait de 96% si les gens respectaient simplement la loi ! Environ 30.000 Américains meurent chaque année sur la route. Les trois causes principales de décès sont l’inattention (principalement à cause des textos), l’alcool au volant et la vitesse. Rien qu’aux États-Unis, il serait possible de sauver 29.000 vies par an si les conducteurs respectaient les lois interdisant ces comportements ! Faisons-nous notre part ? Ou bien trouvons-nous des excuses pour faire des excès de vitesse, boire et conduire, ou envoyer des textos en conduisant ? Notre lecture d’Actes 5 :29 ne devrait pas nous servir de « voile qui couvre la méchanceté » (1 Pierre 2 :16).

Dieu aime ceux qui ont un cœur obéissant. Nous avons l’occasion de Lui montrer notre volonté d’obéir, non seulement à Ses lois spirituelles et éternelles, mais aussi à la vaste majorité des lois humaines en vigueur dans nos nations – même si celles-ci ne sont que temporaires, lorsque nous considérons la vue d’ensemble.

4. Ne nous inquiétons pas de l’usage fait de nos impôts

Ce point est particulièrement délicat. Nos politiciens dépensent une grande partie de l’argent de nos taxes et de nos impôts pour des choses que les véritables chrétiens ne devraient jamais soutenir ! Mais c’était déjà le cas à l’époque des Romains. Les Juifs détestaient les taxes de Rome qui finançaient des temples païens et des comportements licencieux. C’est la raison pour laquelle les pharisiens essayèrent de piéger le Christ avec leur question au sujet du paiement des impôts (Matthieu 22 :16-22). Jésus donna la célèbre réponse disant que nous devrions davantage nous préoccuper de ce que nous rendons à Dieu plutôt que ce que nous rendons à César. Autrement dit, nous ne sommes pas responsables de l’usage que le gouvernement fait de l’argent de nos impôts et de nos taxes.

Bien que nous nous focalisions souvent sur le mauvais usage de l’argent des impôts, nous devrions essayer de nous focaliser sur le positif. Romains 13 :6 nous ordonne également de « payer les impôts » afin que les dirigeants séculiers puissent servir en tant que « ministres de Dieu ». Avez-vous remarqué comment Paul fut inspiré à qualifier nos dirigeants séculiers ? Vous avez bien lu, ils sont appelés « ministres de Dieu » à trois reprises dans Romains 13 ! Après tout, ce mot signifie simplement « serviteur ». Bien que les pasteurs nous servent spirituellement, ces gens dont le salaire est payé par nos impôts fournissent également un service. Nous ne voulons pas toujours de leurs services, mais nous pouvons nous focaliser sur ceux que nous apprécions (forces de police, pompiers, etc.). Il est facile de tomber dans le piège de critiquer la façon dont notre gouvernement utilise l’argent des impôts, mais en fin de compte, nous devons nous focaliser sur le positif et nous souvenir que nous ne sommes pas responsables pour le négatif. Un jour, Dieu leur demandera des comptes sur la façon dont ils ont dépensé l’argent collecté – c’est Sa prérogative, pas la nôtre.

5. Priez pour toutes les autorités

Puisque Romains 13 nous rappelle que les véritables chrétiens devraient considérer les dirigeants séculiers comme des « ministres de Dieu », devrions-nous prier pour eux ? Dans 1 Timothée 2 :1-3, Paul nous exhorte de prier pour « tous les hommes », en particulier « pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité ». C’est parfois difficile à faire, surtout lorsque nos dirigeants prennent des décisions contraires à la morale. Cependant, comme nous venons de le lire, Paul dit aux chrétiens du premier siècle de prier pour Néron et pour les dirigeants romains ! De tout temps, les chrétiens ont reçu l’ordre de prier pour leurs dirigeants séculiers.

Il est parfois difficile de savoir à quel sujet prier, mais il suffit de nous en tenir à la parole de Dieu. Paul donna une raison spécifique pour laquelle nous devrions prier pour nos dirigeants : « … afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté » (1 Timothée 2 :2). Si nous pouvons observer en paix les commandements de Dieu et Son mode de vie, ainsi que prêcher l’Évangile, nous devrions prier pour que nos dirigeants continuent de nous le permettre ! Notre mécontentement à l’égard des dirigeants séculiers vient du fait que nous ayons des attentes très élevées et que nous sachions que leurs décisions auront un impact réel dans notre vie. Nous nous inquiétons qu’ils puissent nous enlever des droits – et c’est une crainte de plus en plus justifiée. Dans le même temps, de nombreux pays nous permettent de pratiquer le mode de vie divin avec plus de liberté que la plupart des chrétiens au fil de l’Histoire l’auraient même imaginé ! Nous devrions utiliser à plus forte raison cette liberté pour obéir aux instructions de Paul et prier pour nos dirigeants.

Combien de fois avez-vous prié pour votre président, votre Premier ministre ou votre monarque au cours de l’année écoulée ? Nous disposons de 365 jours par an pour prier pour ces individus ! Je sais que je n’ai pas prié chaque jour, ni même chaque semaine, pour notre président sortant. Et je dois désormais prier pour le nouveau président élu ! Si je me focalise sur leurs défauts et leur nature charnelle apparente, je n’aurais aucune envie de prier ni pour l’un ni pour l’autre. Mais si je veux vivre « de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4 :4), j’ai intérêt à commencer à prier pour eux !

Être un ambassadeur chrétien n’a jamais été simple. Pour ceux d’entre nous qui vivent dans des démocraties, encourageant la participation civique dans le gouvernement, il est particulièrement difficile de nous distancier du mensonge qui est très facile à accepter : que les hommes seraient la solution à nos problèmes. L’espérance en l’avenir ne repose pas sur l’élection de la bonne personne à la tête de notre nation. Notre espérance est que les êtres humains seront finalement « réconciliés avec Dieu » (2 Corinthiens 5 :20) après le retour de Jésus-Christ. En tant que citoyens du Royaume qu’Il apportera (Philippiens 3 :20), mettons l’accent là où nous devrions le mettre – sur le fait d’être des ambassadeurs du Monde de Demain.