Année 2022   Mai-Juin Afficher en grands caractères

Une fille d’Abraham

par Ken Frank

Saviez-vous que Jésus prit en exemple la guérison d’une femme handicapée pour illustrer le comportement juste à tenir pendant le sabbat ? En fait, il utilisa le terme très spécifique de « fille d’Abraham » pour la nommer. Seul l’Évangile de Luc relate cette guérison. En effet, nous pouvons remarquer que Luc fit particulièrement attention aux récits impliquant des femmes dans le ministère de Jésus. Dans cet article, nous allons examiner ensemble le récit de cette « fille d’Abraham », dans Luc 13 :10-17, qui fournit une leçon essentielle sur la bonne façon d’observer le sabbat divin.

Un miracle pendant le sabbat

Le récit commence en nous apprenant que « Jésus enseignait dans une des synagogues, le jour du sabbat » (verset 10), car c’était la coutume d’inviter les enseignants de passage à prononcer le sermon après avoir lu la parole de Dieu dans les rouleaux bibliques. Alors que Jésus prêchait, Il remarqua « une femme possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était courbée, et ne pouvait pas du tout se redresser » (verset 11). Luc était médecin (Colossiens 4 :14) et, comme nous pourrions nous y attendre, le mot grec traduit par « courbé » est un terme médical indiquant une courbure de la colonne vertébrale, comme si cette femme était pliée en deux sous la charge d’un fardeau pesant.

En la voyant, Jésus la libéra immédiatement de cette infirmité en lui imposant les mains afin de la guérir et qu’elle puisse se redresser (Luc 13 :12-13). L’imposition des mains du Maître lui donna l’aide et l’encouragement dont elle avait besoin pour se tenir bien droite. Dès qu’elle se redressa, elle glorifia Dieu (verset 13).

Au lieu de se réjouir avec elle, le chef de la synagogue critiqua Jésus pour l’avoir guérie pendant le sabbat. « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat » (verset 14).

Ce responsable considérait clairement que la guérison était une forme de travail interdite pendant le sabbat, mais Jésus rétorqua en lui disant que la loi permettait de détacher les animaux pendant le sabbat pour les abreuver (verset 15). Il posa donc la question suivante : « Et cette femme, qui est une fille d’Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat ? » (verset 16).

Le verset 17 montre des réponses très contrastées suite à cette guérison : « Tandis qu’il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient confus, et la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il faisait. » Le chef de la synagogue essaya de blâmer publiquement Jésus et cette femme, mais Jésus renversa la situation en défendant Son miracle impressionnant devant tout le monde. Au vu et au su de toute la congrégation, la honte s’abattit sur ceux qui critiquaient la guérison de la fille d’Abraham, car leurs règles pour observer le sabbat se révélèrent être impies.

Une leçon pour alléger les fardeaux

Comme nous l’avons vu, Jésus désigna cette femme comme une « fille d’Abraham ». C’était délibéré de Sa part, car le terme « fils d’Abraham » était communément utilisé pour mettre l’accent sur l’importance des hommes en tant que membres de la communauté de l’alliance. Cependant, le titre « fille d’Abraham » était inconnu, car les femmes n’étaient pas considérées comme des citoyennes de la nation, mais plutôt comme des membres individuels de leur famille. Beaucoup considéraient que les femmes étaient moins importantes que les hommes.

En revanche, Jésus utilisa ce titre élogieux pour insister sur le fait que cette femme faisait partie de la communauté de l’alliance – du peuple élu et choisi par Dieu. Elle aussi était une descendante du grand patriarche Abraham. Le fait qu’elle assistait aux réunions de sabbat, en dépit de ses 18 années de souffrance, montre qu’elle croyait fermement dans le Dieu d’Abraham qui fit une alliance avec le peuple auquel elle appartenait. Le Messie considéra qu’elle était digne de recevoir Sa bénédiction.

Jésus partit du plus petit vers le plus grand – Il montra à quel point il était bien plus important d’aider une femme souffrante plutôt qu’un animal. Aider les animaux comme les êtres humains est permis pendant le sabbat divin, en tant qu’actes de miséricorde. Puisqu’Il est le Maître du sabbat (Marc 2 :28), Jésus savait comment ce jour devait être observé. Mais Ses détracteurs ne L’acceptaient pas comme étant le Dieu des Écritures hébraïques, Celui par qui le sabbat avait été créé.

À l’époque de Jésus, les juifs croyaient que les souffrances étaient toujours le résultat du péché. Cependant, aucun péché n’était directement lié à la souffrance de cette fille d’Abraham. Au contraire, Jésus déclara que Satan avait rendu infirme cette femme avec un handicap physique. Il ne donna pas de raison expliquant pourquoi Satan fit cela ni pourquoi Dieu le permit, tout comme Il permit que Satan afflige le patriarche Job. Mais pour Jésus, les handicaps étaient des occasions de montrer la puissance de Dieu. Il montra une autorité totale sur les démons, sur les maladies et sur les infirmités pendant Son ministère.

Quel meilleur jour que le sabbat divin pour effectuer ce miracle ? L’observance du sabbat n’est pas destinée à être un fardeau rituel, mais plutôt une bénédiction, comme Jésus l’a expliqué : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Marc 2 :27). Certains de ceux qui observent le sabbat deviennent tellement légalistes dans leur approche qu’ils en oublient l’objectif initial de ce jour : procurer du repos, de la joie et pouvoir se ressourcer pendant cette période sainte.

Le sabbat devrait être apprécié pour le but dans lequel il a été créé. En nous efforçant d’obéir aux commandements divins, nous devrions faire très attention à ne pas y ajouter des commandements de notre propre cru. Si le sabbat ressemble plus à un fardeau qu’à une bénédiction, nous devrions examiner non seulement notre attitude à son égard, mais aussi la façon dont nous l’observons. Si nous n’y prenons pas garde, il est possible que nous suivions davantage nos règles plutôt que les règles établies par Dieu !