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Une liberté de contrefaçon

par Mark Sandor

Les États-Unis sont régulièrement appelés le pays de la liberté. Cette expression est inspirée des paroles contenues dans la Déclaration d’Indépendance des États-Unis, publiée le 4 juillet 1776. La deuxième phrase déclare : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »[1] Depuis la création des États-Unis, cette phrase a été enseignée aux écoliers américains et elle a été exportée dans une grande partie du monde, au travers des normes culturelles américaines.

À la même époque, en 1790, Robespierre proposa que « Liberté, Égalité, Fraternité » devienne la devise de la République française. Après avoir existé sous différentes variantes, elle commença à être officiellement inscrite sur le fronton des édifices publics environ un siècle plus tard, à partir du 14 juillet 1880.

Mais qu’est-ce que la liberté ? Est-ce toujours une bonne chose ? Au sein de l’Église de Dieu, nous devrions nous demander ce que la Bible déclare à ce sujet.

La liberté est-elle l’absence de loi ?

La liberté est souvent définie comme le pouvoir d’agir comme bon nous semble. Par conséquent, les gouvernements doivent impérativement apporter des réponses à ces questions essentielles : quelles décisions les individus sont-ils libres de prendre par eux-mêmes, et quelles décisions incombent au gouvernement, pour le bien de tous ? L’humanité a longtemps débattu de ces questions. Différentes formes de gouvernement ont été expérimentées, présentant divers équilibres entre libertés individuelles et restrictions imposées par les autorités civiles.

Saviez-vous que Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’Indépendance des États-Unis, possédait lui-même des esclaves ? C’est une des grandes ironies de l’histoire : l’individu qui écrivit que tous les hommes sont créés égaux et ont droit à la liberté était lui-même responsable de l’oppression de centaines de ses semblables !

Cependant, tous les gouvernements mondiaux, y compris celui des États-Unis, sont tombés dans le même piège : ils ont rejeté la loi divine. Comme vous l’avez probablement anticipé, la seule autorité qui peut légitimement faire la distinction entre les libertés personnelles et les responsabilités gouvernementales est Dieu Lui-même. Il enseigne cette différence dans Sa loi.

Certains s’exclameront peut-être : « Mais la liberté n’est-elle pas toujours une bonne chose ? » C’est ce que la plupart des gens ont appris à l’école et ce précepte est renforcé de nos jours. Beaucoup de gens pensent que la liberté absolue est toujours bénéfique, mais ils pourraient être surpris de constater que la Bible déclare le contraire.

Pour être clair, la Bible enseigne les libertés et les responsabilités individuelles, mais elle recommande d’en faire un usage prudent. Dans l’ancien Israël, l’année du jubilé était une période où la liberté était proclamée pour tout le peuple (Lévitique 25 :10) et Jésus-Christ proclamera la liberté à Son retour (Ésaïe 61 :1). L’apôtre Paul écrivit que les chrétiens sont libérés de la mentalité pharisienne qui consistait à essayer vainement de mériter notre salut. Il mentionna cela dans Galates 5 :1, notamment avec l’exemple de la circoncision. Dans Jacques 1 :25 et 2 :12, cet apôtre décrivit les Dix Commandements comme étant « la loi de la liberté ». Le contexte de Jacques 2 montre que les chrétiens sont libérés des conséquences du péché lorsqu’ils apprennent, grâce à la loi, à ne plus commettre le péché et à s’en repentir !

Cependant, ce ne sont pas les seules fois où le mot « liberté » est utilisé dans la Bible. L’apôtre Pierre mit fortement en garde contre l’utilisation abusive de la liberté, en décrivant par exemple l’histoire des rébellions contre Dieu et Sa loi libératrice (2 Pierre 2). Il mentionna brièvement la rébellion des anges, la société sans retenue avant le déluge à l’époque de Noé, la perversion de Sodome et la méchanceté de Balaam. Quel est le point commun entre ces rébellions ? Elles promettaient toutes une liberté de contrefaçon : « Avec des discours enflés de vanité, ils amorcent par les convoitises de la chair, par les dérèglements, ceux qui viennent à peine d’échapper aux hommes qui vivent dans l’égarement ; ils leur promettent la liberté, quand ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption, car chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui » (2 Pierre 2 :18-19).

Pierre décrivit un des problèmes majeurs de l’histoire de l’humanité : il est possible de convaincre les êtres humains qu’ils doivent être libérés de Dieu et de Sa loi morale ! Au lieu de nous appuyer sur la loi divine pour prendre des décisions importantes et guider notre vie, nous écoutons trop souvent le mensonge de Satan suggérant que nous savons mieux que notre Créateur. Satan a connu un succès étonnant dans ce domaine. Ses premières victimes humaines furent Adam et Ève, à qui il promit la liberté avec des « discours ronflants », prononcés « avec grandiloquence » (voir Jude 1 :16, versions PDV et Colombe). Puis il laissa nos ancêtres subir l’esclavage du péché et les conséquences de la rébellion contre Dieu.

De nombreuses personnes se disant chrétiennes acceptent un faux Évangile, croyant qu’elles sont « libérées » de la loi divine par la mort du Christ. La preuve de cette conviction est visible dans la façon dont les gens traitent la loi de Dieu et les Dix Commandements en particulier. La plupart des habitants de cette planète transgressent le sabbat, soit en célébrant un autre jour, soit en n’en célébrant aucun. La « liberté » sexuelle s’est répandue dans le monde, en particulier dans le monde occidental, alors que les gens commettent l’adultère, en transgressant le septième commandement ainsi que les lois interdisant la fornication, l’homosexualité, la bestialité, l’inceste et d’autres pratiques. Notre société souffre de la transgression généralisée des commandements divins, alors même que ceux qui les transgressent célèbrent fréquemment la « liberté » de faire ce que l’on veut !

Qui leur en donne le droit ?

Cette situation ne devrait pas être trop surprenante, car la Bible avertit que la « liberté » peut souvent être un voile couvrant la méchanceté (1 Pierre 2 :16). Pierre fut inspiré à écrire cet avertissement tout en nous rappelant de respecter les dirigeants civils. Par son intermédiaire, Dieu ordonna à Ses disciples de se soumettre « à toute autorité établie parmi les hommes, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs… » (1 Pierre 2 :13-14). Après avoir mis en garde contre la fausse liberté, Pierre poursuivit en nous exhortant : « Honorez tout le monde ; aimez les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi » (1 Pierre 2 :17). Il est clair qu’un autre avertissement contre la liberté de contrefaçon concerne la manière dont les chrétiens se comportent à l’égard de leurs dirigeants civils.

Malheureusement, beaucoup de ceux qui sont en désaccord avec leurs dirigeants civils ignorent ces paroles de l’apôtre Pierre. Ils préfèrent citer Actes 5 :29, disant que nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes lorsqu’il est impossible de faire les deux à la fois. Cependant, 1 Pierre 2 et Romains 13 indiquent clairement que nous devons nous efforcer d’obéir à ces deux formes d’autorité lorsque nous le pouvons. Nous devrions avoir premièrement un état d’esprit d’obéissance et de soumission, en rejetant uniquement l’autorité humaine légitime lorsqu’elle contredit la Bible.

Le Covid-19 mit ce sujet sur le devant de la scène. Beaucoup de citoyens eurent l’impression que leur liberté individuelle était bafouée par divers mandats civils. Il est possible que ce fut le cas d’un point de vue civil et séculier, mais que dit la Bible à ce sujet ? Nous avons publié plusieurs études bibliques et articles à ce propos, disponibles sur notre site Internet EgliseDieuVivant.org (voir par exemple Le Journal de septembre-octobre 2020). Le plus grand défi pour l’Église est de maintenir une attitude d’obéissance à l’égard du maximum d’ordonnances civiles possibles. Bien qu’il n’y ait généralement rien de mal à profiter des droits qui nous sont accordés par les gouvernements civils (voir Actes 22 :25-29), Pierre nous rappela qu’un état d’esprit d’obéissance nous aide à « [réduire] au silence les hommes ignorants et insensés », en nous soumettant aux autorités civiles lorsque cela est possible dans le cadre de la loi divine.

Imaginez un gouvernement civil qui commencerait à instituer des lois vraiment loufoques, nous privant de certaines libertés civiles, mais n’impliquant pas la transgression d’une instruction biblique. Par exemple : « Tout le monde doit porter un vêtement violet au moins une fois par semaine. » Ce serait une loi ridicule, sans aucun avantage pratique, mais désobéiriez-vous à la Bible en vous y soumettant ? Et si une autorité civile déclarait que le bœuf bourguignon doit obligatoirement contenir des cornichons, sous peine de conséquences effroyables. Désobéiriez-vous, proclamant votre liberté de manger un bœuf bourguignon sans cornichons ? Quel verset biblique utiliseriez-vous pour résister à cette ordonnance ?

Bien entendu ce sont des exemples farfelus, mais songez un instant à une application plus sérieuse ? Par exemple, l’interdiction d’utiliser votre voiture un jour par semaine ou une autre décision qui empièterait sur vos libertés personnelles.

Comment utiliser la liberté ?

Un avertissement essentiel concernant l’usage que nous faisons de la liberté se trouve dans 1 Corinthiens 8. Ce chapitre traite de la consommation, par les chrétiens, de viandes offertes aux idoles. Paul souligna que beaucoup considéraient que ce n’était pas un péché de manger de telles viandes, car ils comprenaient « qu’il n’y a point d’idole dans le monde » (1 Corinthiens 8 :4). Il ne contesta pas leur liberté de manger de telles viandes, mais il se préoccupait des membres qui « envisagent encore l’idole » et dont la conscience est encore faible (verset 7). Les membres les plus « forts » devraient-ils ignorer la conscience des frères et sœurs les plus faibles (voir Romains 15 :1) ?

Voyez l’exhortation de Paul : « Prenez garde, toutefois, que votre liberté ne devienne une pierre d’achoppement pour les faibles » (1 Corinthiens 8 :9). Même si vous êtes à l’aise dans certaines situations, cela ne veut pas dire que vous devez faire étalage de votre comportement devant les autres. Paul conclut le chapitre en disant qu’il ne mangerait plus jamais de viande si cela pouvait permettre à un frère ou une sœur de ne pas trébucher !

Je suis heureux que nous ne discutions pas de la viande sacrifiée aux idoles à notre époque ! J’aime la viande et Paul expliqua clairement que j’ai la liberté de le faire ! Pour moi, aucun repas n’est complet sans un plat de viande. Pour autant que je sache, ma consommation de viande n’a jamais fait trébucher un frère ou une sœur, mais que se passerait-il si c’était le cas ? Bien que je raffole du poulet frit, des hamburgers, du steak et du poulet frit (oui, cela mérite de figurer deux fois dans la liste), suivrais-je l’avertissement de Paul et éviterais-je ces aliments en présence d’un membre qui est faible dans la foi ? Ou bien me cacherais-je derrière ma « liberté » pendant qu’un frère ou une sœur trébuche ?

Essayons d’appliquer 1 Corinthiens 8 à notre propre vie. Y a-t-il des choses que vous avez la liberté de pratiquer (qu’il s’agisse de la liberté biblique ou nationale) mais qui ne valent pas la peine d’être faites parce qu’elles feraient trébucher les autres ? Il est difficile d’entrer dans les détails à ce sujet, car nos situations individuelles diffèrent beaucoup les unes des autres. Même à propos des viandes pures offertes aux idoles, Paul essaya d’instruire les membres faibles plutôt que d’obliger tout le monde à renoncer définitivement à ces aliments. Il montra comment le ministère est censé aider les frères et sœurs à comprendre quand ils peuvent exercer ou non leur liberté – et comment maintenir l’harmonie en cas de désaccord. Ceux qui ne comprenaient pas totalement les enseignements de Paul à propos de ces viandes ne furent pas mis hors de l’Église, mais ils ne devaient pas semer la discorde à ce sujet. Au lieu de revendiquer le droit à la « liberté », Paul essaya de faire évoluer les comportements. De la même manière, dans l’Église de Dieu, de nos jours, nous devons accepter d’être en désaccord sur certains sujets secondaires, sans que cela ne diminue l’unité dans le Saint-Esprit.

Un aspect essentiel de la liberté

La véritable liberté ne s’épanouit que sous la direction de Jésus-Christ. La loi divine interdit certaines choses, tout en exigeant que nous prenions nos propres décisions dans d’autres domaines. Dans Sa parole, Dieu nous donne de nombreux conseils pour nous aider à prendre de sages décisions. Cependant, connaître la loi divine n’est pas suffisant. Il faut aussi que cette loi soit activement appliquée si nous voulons bénéficier de la véritable liberté.

Lorsque l’ancien Israël avait un gouvernement central faible, ses habitants avaient tendance à abuser de leur liberté, car « chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges 21 :25). Les Israélites connaissaient la loi divine, mais ils ne la mettaient pas en pratique, si bien que le peuple tombait sans cesse dans l’idolâtrie, l’immoralité sexuelle et d’autres péchés. Dieu punit leurs péchés en permettant à des nations étrangères de les opprimer. Lorsque les temps devenaient durs, le peuple se tournait alors vers Dieu et cherchait Ses voies conduisant à la véritable liberté.

Au lieu de se concentrer sur la repentance nationale et individuelle, les Israélites cherchaient généralement une solution civile et mondaine, comme un roi humain qui pourrait superviser la nation et la diriger dans la lutte contre les menaces étrangères (1 Samuel 8 :4-5, 19-20). Samuel essaya de les avertir qu’un roi piétinerait leurs libertés et les accablerait de ses exigences (versets 10-18). Son avertissement est tombé dans l’oreille d’un sourd, mais il était tragiquement exact : dans 1 et 2 Rois, les Écritures rapportent qu’Israël et Juda, au cours de leur histoire, furent gouvernés par bien plus de rois méchants et oppressifs que de rois justes. Même s’ils connaissaient la loi de Dieu, les rois étaient des êtres humains et ne pouvaient pas garantir parfaitement la liberté voulue par Dieu.

Vous voyez peut-être où je veux en venir : pour bénéficier d’une véritable liberté, nous devons avoir un Roi parfait. Seul le Fils de Dieu, Jésus-Christ, peut administrer parfaitement la loi divine de la liberté. Certes, nous pouvons essayer de nos jours d’avoir un avant-goût de la liberté divine, mais la société environnante montre à quel point les mises en garde de Pierre et de Paul contre la liberté de contrefaçon sont nécessaires – et ce sera le cas jusqu’à ce que Jésus revienne pour régner sur la Terre. Il détiendra le pouvoir, l’autorité et l’amour nécessaires pour enseigner correctement et faire respecter les lois de Dieu afin que le monde entier connaisse la liberté (Ésaïe 11 :1-5 ; 61 :1-3).

La vraie liberté sous Dieu

La liberté est un sujet complexe. Alors que le monde la présente souvent comme un bien universel dans toutes les situations, la Bible offre une approche plus nuancée. Bien sûr, M. Herbert Armstrong aurait probablement simplifié la discussion en soulignant, une fois de plus, que ce n’est pas nécessairement la chose en elle-même qui est un péché, parfois c’est seulement le mauvais usage de la chose en question. Lorsque nous laissons le monde définir la liberté, cela conduit au rejet de l’autorité et de la loi, ainsi qu’à l’adoration de soi – des comportements contre lesquels l’apôtre Pierre nous a mis en garde. L’apôtre Paul montra aussi que les véritables disciples doivent être prêts à promouvoir davantage l’unité que la liberté.

Heureusement, Dieu nous montre qu’Il comprend parfaitement la véritable liberté ! Sa loi est une loi de la liberté qui permet de prendre des décisions personnelles. Non seulement cette loi nous accorde la liberté, mais elle nous protège aussi des conséquences des décisions dont Il sait qu’elles nous seront néfastes. Rejetons la liberté de contrefaçon de ce monde. Concentrons-nous plutôt sur la façon dont la voie divine nous accorde la véritable liberté aujourd’hui et comment elle apportera cette liberté au monde entier sous le Royaume de Dieu !



1. Déclaration d’Indépendance des États-Unis, U.S. Department of State, 4 juillet 1776, traduction Thomas Jefferson